60 millions de social-traîtres II

La bigoterie n'a pas de limites. « Une des pires agressions à ce jour contre la sensibilité des chrétiens », il faut pouvoir le dire sans pouffer, quand même ! Un pauvre Jésus en chocolat déclenche les foudres des ensoutanés de Manhattan...

Je suis en train de lire un noir de chez Baleine, l'éditeur bien connu du Poulpe, et pour cette raison, je me méfiais : ledit poulpe n'était pas très regardant sur la qualité de ses auteurs. Pour un Pouy ou un Delcour (auteur par ailleurs et surtout de l'immense Pourquoi nous sommes morts, absolument introuvable, et d'une Série noire superbe et conspirationniste sur la mort de Debord : Blocus Solus¹), combien de gauchos lourdauds du genre Daeninckx qui a — en plus de voir des antisémites partout et de les dénoncer publiquement avec un acharnement suspect — un nom à coucher dehors ?

Mais je dois dire qu'avec ce bouquin de Jean-Jacques Reboux (fondateur de Canaille, la petite maison d'édition qui publia le mythique Spinoza encule Hegel de J.-B. Pouy avant d'être absorbée par Baleine et d'y devenir la collection Canaille/Revolver), je suis loin d'être déçu, et même plutôt conquis. Cinq cents pages² touffues que n'aurait peut-être pas reniées Manchette (mazette, en voilà du tutélaire !), sans une once de manichéisme alors que le sujet s'y prête quand même un tantinet si laissé entre les mains de fâcheux.

J'ai acheté mon exemplaire chez Boulinier, soldeur en gros du Boul'Mich. La dédicace est cocasse puisqu'elle est signée de... « Jean-Jacques ». Je laisserai Reboux dans l'ignorance du nom des destinataires, ce qui lui évitera peut-être de rompre une amitié de trente ans. Quelques enculés revendent les livres que tu leur offres, J.-J. !