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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

De la course du piston dans le cylindre

Ne tournons pas autour du pot. Ne tapons point autour du buisson, comme disent nos voisins d'across the Channel. Leur expression sexual intercourse est l'une des moins poétiques possibles pour désigner l'acte de pénétration vaginale.

Ce qui en fait pour moi l'une des plus poétiques. Je ne sais plus où dans l'œuvre des Monty Python (à plusieurs endroits, sans doute) John Cleese ou tout autre hilarant de la bande, Terry Jones déguisé en middle class wife, par exemple, prononce dans une phrase quotidienne, les lèvres pincées, les mots choquants : sexual intercourse, soit les rapports sexuels, tout simplement. Or ce course absent du français évoque plus nettement que dans la langue d'Obispo celle du piston dans le cylindre, illustration magnifique de la transformation du mouvement rectiligne en mouvement rotatif qui permet au moteur à explosion de ravir le fan de tuning puisqu'une fois remétamorphosé en mouvement rectiligne par le contact des roues sur le sol, il arrache sa Peugeot 106 kittée zonzon du bitume de son parking de supermarché préféré.

Piston, cylindre. Le piston est caractérisé par deux cotes d'importance significative : l'alésage et la course. La course est, bien sûr, la distance parcourue par ledit piston dans le cylindre pendant un cycle. L'alésage est, grosso modo et toutes choses égales par ailleurs, le diamètre du piston, c'est-à-dire le diamètre intérieur du cylindre (en fait c'est le diamètre ouvert par l'opération d'alésage, mais on ne va pas chipoter, on n'est pas chez Michel Chevalet). Ici, le lubrifiant n'est pas produit de façon endogène : l'huile moteur, en effet, est prélevée à chaque trempette de la bielle (le pied du piston) dans le carter, qu'elle baigne.

Le volume que remplit le piston par sa course à l'intérieur du cylindre est calculé par une bête formule mathématique : le volume d'un cylindre, bien sûr, de hauteur c (la course) et de diamètre a (l'alésage). Ici intervient ce bon vieux π : on obtient en effet un volume de (πa2c)/4 qui, multiplié par le nombre de cylindres, nous renseigne sur la cylindrée d'un moteur de 106, de mobylette ou de Chevrolet Corvette, voyez ce côté démocratique des maths, qui ne font pas d'exception. Généralement, chez le tuneur de base, la cylindrée n'atteint guère plus de 1200 centimètres cube, alors que la décoration de sa tondeuse laisse présager à des observateurs non avertis — par la taille ridicule des pneumatiques, par exemple — un six-cylindres de trois litres (3000 centimètres cube). Eh non. C'est un enfant qui n'a pas grandi, chez lequel le mot « sobriété » n'évoque rien, et qui n'a pas découvert les joies du cunnilingus. Alors il se venge sur son pot d'échappement, tournant autour comme un jack russel en rut autour d'une poubelle municipale où déposer, peut-être, quelques gouttes de son précieux liquide urinaire dans le but de marquer son territoire.

Pourquoi tout ceci ? Simples restes d'une culture de surface. Quand j'étais petit, j'adorais les voitures et surtout m'amuser à calculer leurs cylindrées avec mes outils mathématiques rudimentaires. Bref, j'étais un bon gros nerd, à ma manière. J'imaginais des gammes entières de véhicules portant mon nom, comme Peugeot, Renault (ou Ferrari, mais mon côté petit bourgeois me vouait plus à l'adoration secrète des gammes dites familiales, car elles étaient accessibles). Comme tous les enfants, j'étais assez con. Mais sympathique. Je crois. Et puis grâce à ce knowledge inutile je ne suis pas complètement largué dans une discussion avec un type obsédé par la mécanique. Bien sûr, je n'en ai qu'une connaissance théorique et imparfaite, mais enfin, c'est comme avec la peinture ou Shakespeare. Les dîners, bordel. Les dîners, dans lesquels surtout ne pas passer pour une buse ! Alors, oui, je sais ce qu'est un V6. Quand on me dit qu'un moteur a serré, je pige. (Que c'est foutu.) Un carburateur double corps, ça commence déjà à me perdre un brin, mais je vois l'idée, le concept. Je connais même des marques : Weber. C'est comme des titres d'albums à peine écoutés une fois : Remain in Light. Beggar's Banquet. The Head on the Door. Revolver.

D'ailleurs les moteurs communs, comme les hits de Cure, tournent selon des cycles de quatre temps.

Nikita Calvus-Mons le 12/10/06 à 15 h 07 dans Mécanique-traître
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