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60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Deux carbone, six hydrogène, un oxygène : la vérité en bouteille

S'attaquer à la psychiatrie, celle d'après la psychanalyse, c'est-à-dire à la psychiatrie d'après l'asile de fous (qui met tout le monde d'accord : « Ah que c'était vilain l'asile, et qu'on est contents d'être passés à autre chose ! »), c'est comparable à s'attaquer à l'Église d'il y a quelques petits siècles : ça ne se fait pas. Car le dogme de la science « humaine », qui n'est la plupart du temps, en réalité, qu'une fumisterie assénée avec plus ou moins de talent et de persévérance, est trop puissant. Nous vivons dans la société de la psychanalyse, de la sociologie, de ces théories si bancales, si peu avérées qu'elles en deviennent des armes de destruction massive dans les mains des fous et des folles qui nous gouvernent.

(Qu'est-ce qui gouverne davantage un enfant que sa mère ? Rien. L'enfant en question sera conditionné toute sa vie par sa génitrice. Faites de votre génitrice une psychiatre aveugle, et constatez les dégâts. Et venez si vous l'osez me contredire.)

À vingt ans et à peine pubères, nous étions tous « à fond » pour les sciences humaines, ou sociales — cela sonnait de gauche, humaniste, progressiste, anti-raciste — l'anti-racisme, dogme indépassable et intellectuellement inane des sordides années 80. Nous sortions pourtant de bacs scientifiques, bons élèves de l'époque, allemand première langue, maths et physique à quinze ans, Polytechnique en ligne de mire, le souhait de nos grand-pères largués, et comment leur en vouloir, à ces rescapés des camps de concentration. Nous cherchions la rupture avec l' « avant ». Petits-enfants de Mai 68, qui nous insufflait, en terminale, un intérêt inoublié pour l'Histoire, nous ne jurions que communisme, anarchisme, anti-fascisme. Par extension, et par ignorance bien sûr : psychanalyse, sociologie — malgré les quolibets, déjà, qui nous soufflaient que les étudiants en socio n'étaient que des branleurs, les plus gros que la ville puisse abriter —, pire encore : psychologie. La psychologie formait la chair à tribunal, les futurs experts totalitaires qui condamneraient en dix minutes des pères jugés incestueux parce qu'ils osaient laver les culottes de leurs filles de dix ans avec leurs propres slips d'adultes ; les salopes stipendiées par l'État, avec dans leurs bibliothèques Ikéa tous les livres de Daniel Pennac et les disques de Dire Straits et Starmania, paroxystiquement incultes, méprisant l'art par tous les pores de leur peau trop jaune, qui se permettraient de condamner, de ruiner des familles par dizaines, avec leurs grilles de lecture — que ce bon vieux Rorschach lui-même eût jugé infantiles...

Mais nous n'avions que vingt ans. Les étudiantes en psychologie étaient baisables. (Le sont-elles toujours ? Sans doute.) Elles étaient d'une stupidité presque totale, qui nous laissait coi, mais n'empêchait jamais l'érection. Alors nous leur collions des doigts, des queues, nous les torturions mentalement, inconsciemment nous les détestions déjà comme les ennemies de classe qu'elles deviendraient, qu'elles étaient ontologiquement, irrémédiablement. Enfants débiles de Freud. Mal digérés.

*

Quelques années plus tard, l'évidence nous frappe que ces sciences ne sont pas « molles » par hasard, qu'elles sont avant tout le refuge des subjectivités les moins rigoureuses, le théâtre d'opérations de la grande guerre des idéologies. Aucune vérité vérifiable, honnête, humble. De la politique, de bas étage. Là où les mathématiques, imparables, proclament que dix pour cent sont égals à un dixième, là où la physique sait qu'il faut deux volumes d'hydrogène pour fabriquer deux volumes d'eau, la sociologie ne sait rien, mais le déclare haut et fort ; la psychologie condamne, alliée effective de la justice policière ; la psychiatrie enferme toujours — après comme avant Freud — ceux qui dérangent la société sous des prétextes honteux.

Les sciences humaines, molles comme ma queue après deux litres de vodka, souffrent et souffriront toujours de ne pouvoir prouver leurs conjectures. Ce ne serait pourtant rien, juste l'ordre des choses, si en plus elles ne désiraient pas si violemment se doter du noble nom de science, qu'elles ne méritent pas une seconde.

J'encule les psychiatres, ces fascistes que je connais trop bien. J'encule les sociologues, ces fumistes. J'encule les psychologues, ces débiles mentaux ultra conformistes, auxiliaires de justice, sinon de police.

Vous ne valez rien, et vous le savez. Science et littérature seules nous sauveront. Vous êtes les alliés de l'époque, c'est-à-dire de la décadence. Oh, comme je vous hais !

Nikita Calvus-Mons le 15/12/07 à 06 h 26 dans Social-traître
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Commentaires

C'est bien ici pour la parthouse pluridisciplinaire ?

Moi je veux bien que tu m'encules, mais dans ton orgie, je ne peux me trouver avec la psychiatrie, qui est elle une spécialité médicale. Et la médecine n'est pas une science humaine. Alors chacun chez soi, et les veaux seront mieux gardés, car je ne fraye qu'avec les artistes, Môssieur. D'ailleurs, le psychiatre reste bien l'allié du chimiste, non ?
NB : quand on m'encule je me multiplie.
TH.

Anonyme - 15.12.07 à 14:03 - # - Répondre -

Deux anti-oedipes, un mille-plateaux, deux revues Chimères, un numéro de Social Text pré-sokal et tout ira mieux !
La France môssieur est un des rares pays à avoir préparé des contre-remèdes. Tout ce que l'on essaie de mettre au feu de nos jours.  Ca s'appelle l'esprit 68. Reversez m'en un peu. de l'esprit d'nos-aïeuxeuhh, oui ren-versez moi un peu d'l'esprit d'nos aieu-euuux (Douglas Adams ou à peu près pour ceux qui sont VRAIMENT cultivés, longue vie à Arthur Accroc)
Hips !

G - 15.12.07 à 14:20 - # - Répondre -

Re:

Très sympa, cet extrait de ton prochain roman. Toute cette mauvaise foi intellectuelle, on jubile !

Catherine - 15.12.07 à 14:55 - # - Répondre -

Faut dire aussi que tu fournis les verges pour te faire battre. Même si sur le fond tu as raison (la sociologie est effectivement la gardienne du statu quo, la psychologie, n'en parlons même pas, la prétention à la scientificité des sciences humaines est pathétique quand la physique à changé 2 ou 3 fois de paradigme en moins d'un siècle, etc).
Mais, dieu du ciel, faut argumenter de façon un peu plus ... argumentée.
Hein ?
Les chercheurs et étudiants en sciences sociales seraient bien en peine de suivre l'argumentation ?
Ouais, t'as raison. Laisse tomber ...

memapa - 15.12.07 à 15:05 - # - Répondre -

Re:

D'autant que placer les Sciences Dures au-dessus de tout, comme si elles ne mentaient pas, c'est oublier un peu vite, oh, 90% de l'histoire des sciences, de la méthode scientifique inventée après coup par Popper contre la méchante théorie marxiste, l'adoption par vote de la doxa physique (cf. interprétation de Copenhague pour la mécanique quantique), ou les changements de paradigmes illustrés par Kühn (ou Feyerabend si on aime les imprécateurs un peu délirants). Et je ne sais pas ce que je préfère entre les jolies petites histoires freudiennes ou l'essentialisme génétique cher à Notre Président (et quand je dis je ne sais pas ce que je préfère, ce n'est pas une figure rhétorique hein).

Ce qui me gave surtout, moi, ce sont les scientistes pas très au courant, du type Dantec ou - désolé - Houellebecq.

Aboli Maurice Biraud - 15.12.07 à 15:33 - # - Répondre -

soupe de sémantique ?

Pas mal, le coup de l'étudiante en psycho, "ennemi de classe". Pour faire le parallèle, pourquoi pas des sociologues "hystrionique", tiens ! Alors, littérature à la mode foucaldienne ? J'attends avec impatience le "meurtre du père"... Parce qu'on ne peut s'arrêter là, hein ? Il FAUT un passage à l'acte dans cette histoire ! La fin de l'homme le nécessite.
TH

Anonyme - 15.12.07 à 15:58 - # - Répondre -

Oh là là, quel sourire un brin débile est le mien à lire toutes ces réactions à ce qui ne sont au fond qu'imprécations d'alcoolique (vous aviez remarqué l'heure ?), un alcoolique « mondain » rentrant de festivités, en colère contre sa môman psychiatre (eh oui, au fond, la solution était toute simple).

On ne peut pas argumenter bourré. D'ailleurs je ne sais pas argumenter. On le savait déjà. Ça ne m'ennuie pas pour rien, tout ce verbiage scolaire. Au fond c'est Catherine qui a raison : la mauvaise foi intellectuelle, messieurs ! Bien sûr. Je m'endormais cette nuit en me disant bon dieu, j'ai fait fort dans le grossier et le simpliste. Mais je ne peux pas faire autrement. L'esprit de sérieux m'ennuie, mais m'ennuie. Les gens qui se prennent au sérieux, quel malheur, quelle engeance. Remettez-moi un whisky pour noyer tout ça... Fuyons mes preux !

Parfois cela dit les gens sérieux disent des choses intelligentes, ils le font très mieux que moi, et c'est heureux pour eux, car le niveau n'est pas bien haut. Ça n'enlève rien cependant à mon ressenti et à ma méfiance automatique quand je vois arriver un sociologue (encore une fois, je le redis, c'est un mot-valise, sociologue, comme quand René Viénet l'emploie dans La Dialectique peut-elle casser des briques, ou Audiard dans Elle boit pas, elle fume pas... — dans la bouche de ce merveilleux polémiste qu'est Sim).

La psychiatrie est peut-être une branche de la médecine, mais justement celle qui touche le plus à l'inconnu et à l'insoluble, hein. Donc au charlatanisme, aussi. Un peu. On n'invente pas un herpès génital : il est là, devant nos yeux ébahis, suppurant. Une psychose, ça s'invente facilement. Un faux trouble bipolaire, un internement abusif, ça existe. Ça peut devenir politique. Pas un herpès. Il n'y a pas d'herpès politique. Alors bon, oui, hein.

Il y a bien quelques gynécos charlatans, pourquoi pas des psychiatres, vu que leur connaissance de l'ââââme est si dérisoire ? Aussi dérisoire que leur esprit de sérieux est hénaurme, et il l'est.
Bon, j'ai encore la nausée d'hier... Pardon pour ces sodomies à l'emporte-pièce qui me déshonorent quelque peu. Pour le reste, je trouve la colère plutôt saine (c'est le principal, me direz-vous). La mauvaise foi, la mauvaise foi !

(Catherine, one point !)

60millions - 15.12.07 à 16:22 - # - Répondre -

Re:

Et puis, merde, quand même : QUEL TITRE !

60millions - 15.12.07 à 16:25 - # - Répondre -

écrivain fumiste, va !

Tu as bien raison, la sociologie est un mot-valise - je dirais même mot-sac-poubelle, à cotoyer mes confrères et consoeurs (& consorts). Comme la psychiatrie de ta chère génitrice, d'ailleurs. Car entre le (la) psychiatre exerçant en Foyer d'Accueil Médicalisé, où végètent des débiles lourds - faut voir ça, j'te jure ! - encarapacés dans des fauteuils motorisés dignes des meilleures SF (on pourrait les envoyer dans l'espace, ce serait crédible... -, encapsulés dans des protocoles chimiques que la drogue de freeparty c'est du bonbon haribo à côté - "ça" bave, tête tombante sur le harnachement de mousse, jusqu'à ce que "ça" gémisse, et alors "ça" gobe, ad vitam -, et celui (celle) qui travaille en Centre Hospitalier Spécialisé, celui-là même que chacun pourrait rencontrer dans sa vie, parceque ça souffre, que ça angoisse ou que ça psychote pour parler comme les bidasses... que de différences !! Est-ce bien la même "science" dont nous parlons ?
Alors c'est bien vrai, tu mets de la vaseline et tu évites les coups de boutoirs ? tu ne nous hais pas tout à fait ? (rires gras)...
TH.

Anonyme - 15.12.07 à 17:16 - # - Répondre -

Re: écrivain fumiste, va !

Mais non... Un pochetron qui s'énerve, ça déteste tout le monde, c'est tout. Y a quand même un truc sur lequel je reviendrai : l'impossibilité de dire quoi que ce soit, même avec le champ lexical de la chronique pamphléto-vulgo-alcoolisée (« je vous encule, je vous hais, ennemis de classe, salopes stipendiées »), sans être pris au sérieux, au premier degré, et sans s'entendre assimiler à un... scientiste, par exemple. C'est quand même troublant. On ne peut vraiment plus déconner, hein.

Et au fait, G., Sokal, c'est pas bien ? Moi je pensais que c'était plutôt rigolo comme démarche. Un peu salutaire même. Non ?

Bon et l'esprit 68 moi je veux bien (je veux même très bien, si c'est libertaire et si on arrête de travailler), mais on a quand même le droit de dire que les dérives police-de-la-pensée sont pénibles, non ? Et la psychologie bras armé de la justice, ça ne dérange personne ? Vous savez comment c'est fait une expertise psychologique ? Et ce que ça détermine ? Et par qui c'est rédigé ? Bon... Si critiquer ça c'est remettre en cause 68 et se retrouver placé dans le camp de ce VRP de Sarkozy, hein, moi je n'y peux plus rien... Mais c'est un peu facile...

60millions - 15.12.07 à 17:38 - # - Répondre -

Re: écrivain fumiste, va !

T'as raison. Faut vraiment être bourré pour dire que c'est vachement mieux de faire C (ou S pour les mineurs qui nous lisent).

Aboli Maurice Biraud - 15.12.07 à 21:01 - # - Répondre -

Re: écrivain fumiste, va !

Pfff. Je suis une nouvelle fois pété (ma vie sociale prend un tour inquiétant, non ?) mais je suis beaucoup plus zen qu'hier, alors je ne dirai que ceci : mais bordel où ai-je bien pu dire sérieusement qu'il valait mieux faire C (ou S), moi qui au fond aurais préféré, si j'avais su, faire A1 ? Je dis juste (à mots couverts) que j'ai fait C. C'est un fait. Je n'en tire aucune gloire. C'est juste à présent du matériau pour écrire des conneries, il ne faut pas voir plus loin...

Vous êtes pénibles mais je vous aime quand même, allez.

60millions - 16.12.07 à 06:21 - # - Répondre -

1000 plats d'eaux

je ne sais pas si les remarques sur 68 viennent de mon poste mais j'ai été alors mal compris (ou trop cryptique). Les anti-oedipe et autres manifestes 68 sont des livres anti-psychiatriques qui soulèvent exactement la question de la psychiatrie comme grosso-modo un auxiliaire du capital (du "pouvoir") tout comme le prêtre fût un auxiliaire d el'église.  bref ca reprend ce que tu dis, mais avec des mots un poil moins pochtronnés... tu sais des gros livres emmerdants à la fin. mais salutaire. quant à Sokal je ne sais pas. il est bon d'être iconoclaste, il n'est pas bon de vouloir que chacun reste chez soi non plus... bref je trouve la démarche marrante ET flirtant aussi avec la nauséabonderie...

bien le deleuzien de service vous rend l'antenne, à vous cognac-jay

G

GGG - 15.12.07 à 19:17 - # - Répondre -

Euh... la littérature, c'est une science humaine... Non ?

Sophie Bê Duc - 18.12.07 à 22:26 - # - Répondre -

C'est quoi le "dogme" de la science humaine ? Je ne crois pas que ce soit un dogme. Je veux pas créer de polémique, mais les sciences humaines, ça ne désigne pas que la psychanalyse ou la psycho, qui, quoi qu'on en dise, n'ont vraiment pas bonne réputation chez les intellectuels d'aujourd'hui (oui, on est en 2007), ça peut désigner un peu n'importe quoi, tout ce qui ne fait pas partie des Sciences exactes en fait ; là où je suis, je suis dans l'UFR LSH (Lettres et Sciences Humaines). Les Sciences Humaines ça désigne tout : littérature, philo, sociologie, même cinéma d'ailleurs. Oui, moi aussi je suis sceptique vis-à-vis de la psychanalyse, où il y a vraiment des imposteurs qui circulent, mais la socio ? Au contraire, je trouve ça vraiment vaste et riche au niveau de la théorie. Enfin, moi, ce que Jean dit ^^

Sophie Bê Duc - 18.12.07 à 22:40 - # - Répondre -

Re:

Il y a des charlatans partout, ce qui est déterminant c'est le bruit qu'ils font dans la société. En cela, la (mauvaise) socio est assez forte, puisqu'il n'est presque plus possible de dire quoi que ce soit de non conforme à la doxa, même pour rire (je dirais même surtout pour rire), sans voir débarquer un sociologue en moins d'une heure, prêt à nous taper sur les doigts... Et ça ne manque jamais. Essaye donc, dans un forum ou dans un bar, quand tu en identifies un : ça s'attrape encore plus facilement qu'une mouche avec du vinaigre balsamique.

Le pire étant que les sociologues que je connais s'estiment, très sérieusement, (plutôt) non conformistes. C'est peut-être de là que vient leur malaise, d'ailleurs : être, plus ou moins directement, payé par l'État, ça fait un peu tache pour un rebelle-qui-réfléchit-sur-la-société. Pour le moins contradictoire, non ?

Ah oui, j'oubliais... On vit dans un pays libre où l'État est neutre. Pardon.

60millions - 19.12.07 à 15:14 - # - Répondre -

Re:

Et entre nous, et pour pinailler éhontément, si ton UFR s'appelle "Lettres ET Sciences humaines", c'est probablement pour préciser que les lettres ne sont pas considérées comme une "science", fût-elle humaine (et encore moins sociale, évidemment). Non ? Elles y sont rattachées à la fac, faute de mieux — mais la fac n'est pas le monde.

Il y a le mot Humanities en anglais, qui est très bien. En France on disait aussi faire ses humanités dans le passé (et effectivement c'était l'étude des lettres). Pourquoi "sciences" humaines, tout d'un coup ? Ça en dit long, si si. Ce rengorgement du coq.

Mais en fait le problème est quand même qu'à la base j'étais ivre quand j'ai pondu ce texte (la forme me trahit) et qu'il aurait largement mieux valu parler de "sciences sociales". Mais bon.

60millions - 19.12.07 à 15:18 - # - Répondre -

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