60 millions de social-traîtres
« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)
Men and women
Vu ce soir Showgirls de Verhoeven. Verhoeven, le réalisateur hollandais, plus ou moins heureux, de Robocop, Total Recall (enfin, c'est K. Dick...), Basic Instinct et surtout Starship Troopers.La subversion planquée dans le grand spectacle. Les clichés enveloppant le discours.
Dans Showgirls, les filles sont outrageusement bonnes, pas au sens chrétien du terme. Quelques scènes de lesbiannisme pas assumées font bander un peu plus que mollement.
Mais ce qui m'y a intéressé, c'est la scène où l'héroïne vient venger sa copine noire — forcément, une nana se fait violer dans le scénario, Verhoeven ou pas, les studios ont toujours raison, ce sera la négresse — ; elle se rend chez le méchant chanteur de variétés et les types qui jouent les vigiles dudit chanteur la laissent passer comme dans du beurre, en la gratifiant de saillies philosophico-humanistes inoubliables du style « t'as mis le
paquet, chérie, t'en jettes grave ».
C'est là que je tique et que je me dis qu'on est en présence d'un élément indispensable à la compréhension, pour les générations très futures, de notre société hétérosexuelle. Les mecs, même
pas méchants, les mecs normaux (dont je ne suis, visiblement, pas), ceux qui ne doutent de rien, émettent du compliment à tire-larigot et devant tout ce qui bouge. Preuve en est que l'héroïne est flattée d'entendre de la bouche de vigiles débiles qu'elle en jette grave.
Pas féministe pour deux ronds, elle se satisfait amplement de ce genre de compliment. La condition humaine, en cette fin de vingtième siècle, c'était ça. Les hommes draguaient lourdement
les femmes.
Et c'était au cinéma qu'on pouvait le comprendre, dans des films racoleurs, certes, mais s'enorgueillissant d'un hypothétique
second degré. Ça ne tenait pas la route, évidemment. Le second degré n'a jamais existé, il n'a jamais été que l'excuse des plus coincés de nos auteurs que le lyrisme et les sentiments faisaient flipper comme ces pisseuses en proie à leurs premiers émois érotiques.
Il en fallait du courage en 2005 pour relever le défi du lyrisme.
Nikita Calvus-Mons le 27/09/05 à 02 h 31 dans Social-traître
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