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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Pixérécourt

In da street.Souvenir ancien de la rue Pixérécourt : un chansonnier ambulant, le genre avec le cahier de chansons qu'il brame un peu à la demande, et là le type précisément bramait Le Gorille dans un petit troquet du début de la rue, en fait la fin, numériquement parlant, son bout occidental, et vous le savez sans doute, les rues plus ou moins parallèles à la Seine sont numérotées dans le sens du courant du fleuve, d'est en ouest c'est-à-dire ; je me rappelle plus si c'était de la bière ou du rhum que je m'enfilais, mais c'était en litres. La bonne vieille unité de volume. Simple. Efficace. Le litre. G. venait de démissionner, J. était dans sa phase célibat, agitée. J'avais encore plein d'argent. C'est l'époque où je dansais nu dans les mariages tropéziens, insouciant.

En vélo la rue Pixérécourt est haut perchée. Le moins qu'on puisse dire c'est qu'elle se fait désirer. En plus, je ne sais pas exactement par où la prendre, côté oriental. Je sais bien qu'elle part de la place des Fêtes mais justement, je crois avoir été clair, je cherche son bout à l'est, il est hors de question que je grimpe la rue de Belleville ; non, moi, je fais encore dans le timoré, pour monter dans ce coin-là : j'enquille la rue de Charonne puis Bagnolet, vu que les pentes y sont courtes et que des petits bouts de plat reposent le palpitant à intervalles étudiés pour. N'empêche, il faut quand même se taper Pelleport. Ça monte encore, et je ne l'avais pas prévu. Oublié la vicieuse inclinaison derrière Tenon. L'hôpital Tenon : souvenir de lavage d'estomac, pas le mien, celui de N., qui m'avait appelé au secours après avoir avalé la boîte de comprimés. Tactique étonnante, j'ai toujours trouvé. On peut y passer. Se vomir dessus. C'est le risque majeur en cas de raptus médicamenteux — on avait appris à cette occasion ce drôle de nom technique, en s'en amusant. Moi j'apprenais aussi qu'on peut encore rire après avoir essayé de se buter. Rassérénant, comme écrivent les cons. Enfin, j'avais accouru, aussi vite que possible : en métro, vu qu'à l'époque j'étais fauché. Bir-Hakeim — Colonel Fabien ; je me souviens que j'étais en train d'arriver dans le métro aérien, et j'entendais la sirène de l'ambulance, on se tirait la bourre en quelque sorte elle et moi, ambulance qui avait donc mis pas loin de trois quarts d'heure après mon appel pour sauver mon amie. Il y avait l'hôpital Saint-Louis à deux minutes, pourtant. Salauds. Ils auraient voulu me prouver que c'était du chiqué ? Possible. Crevures quand même. L'hôpital Saint-Louis, lui, où N. avait convalescé, n'a pas bougé. Les deux ou trois visites que j'y ai effectuées cette année pour aller voir mon frère ne me l'ont pas rendu plus agréable.

Adoncques Pixérécourt, la rue qui m'évoque toujours, c'est prévisible la phonétique, les Pixies. La rue des lutins, quoi. Elle est très haut. Très très haut. Mais j'arrive enfin.

Comment peut-on habiter rue Pixérécourt ?

Nikita Calvus-Mons le 04/06/07 à 22 h 00 dans Littéraire-traître
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Commentaires

    Vu! 

Catherine - 07.06.07 à 01:46 - # - Répondre -

Re:

Et merde, moi qui me cachais...

60millions - 08.06.07 à 01:17 - # - Répondre -

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