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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Spécificité

La Flèche du temps de Martin Amis est un roman fantastique, glaçant et vertigineux. On parlait de uncanny valley récemment chez un voisin : j'y suis tombé dans cette vallée de l'étrange effroi, en quelques occasions. Amis raconte la vie d'un « médecin » nazi, à l'envers. De la mort à la vie. Sans jamais savoir ce qui l'attend, il revient vers le vagin de sa mère, la pénétration finale qui précède le néant (il a bien compris que les bébés disparaissaient tous au bout d'un moment, après avoir suffisamment rapetissé). Il « naît » vieillard, entre les mains de docteurs canadiens, qui lui administrent, à peine est-il venu à la vie, quelques électrochocs. Perte de conscience. Puis réveil au-dessus du rosier, qu'il est en train de tailler, seul, insouciant. Après quelques pérégrinations à New York, puis au Portugal, et quelques changements d'identité, il découvrira que sa mission, à Auschwitz, est de créer une race à partir des cendres extraites de ce qui ressemble à des fours. « Aujourd'hui, nous avons fait les Juifs hongrois... » La voilà la vallée. C'est sidérant, fascinant. Je lisais ces passages, pendant une nuit récente, le souffle court, m'arrêtant toutes les cinq pages pour réfléchir quelques longues secondes — au bord de l'abîme. La puissance d'évocation du roman pour moi est sans pareille.

Nikita Calvus-Mons le 15/12/07 à 20 h 19 dans Littéraire-traître
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Commentaires

Oui la flèche du temps est vertigineuse. A un moment, dans le livre, le narrateur qui suit sa chronologie idiosyncratique explique que là-bas il "fabrique des juifs". Et que sa plus grande honte, sa plus grande souffrance, il la ressent quand il va aux chiottes.

Je n'ai pas trop aimé ses autres romans, mais "Einstein's monsters" et "Visiting Mrs Nabokov", des recueils d'articles, valent le détour.

Ah, sinon, Martin Amis s'est fait très récemment remarquer par une tribune libre qui ferait passer Finkie et Bruckner pour des droidelhommistes. La vieillesse, ce naufrage...

Aboli Maurice Biraud - 15.12.07 à 20:59 - # - Répondre -

Re:

Ah bon ? Merde alors. Moi j'ai beaucoup aimé London Fields, entre autres. Et Poupées crevées, et Money. Même son mineur Train de nuit. En revanche, Le Dossier Rachel était un peu chiant et immature.

60millions - 16.12.07 à 06:25 - # - Répondre -

J'ai même tenté de le relire à l'envers, cherchant l'incohérence, je n'ai pas trouvé. C'est un livre que j'aime bien offrir.
J'ai aussi aimé London Fields, Money, Poupées crévées, Réussir et je me souviens que le Dossier Rachel m'avait faite rire.
(mais c'était il y a au moins dix ans, alors je ne sais pas maintenant)
J'aime les noms de ses personnages, aussi.
Par contre je ne suis jamais parvenue au bout des monstres d'Einstein, de Train de nuit et de l'information. Je m'y suis ennuyée dès le départ, peut-être trop sérieux pour moi...

zita - 19.12.07 à 20:10 - # - Répondre -

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