60 millions de social-traîtres

(a + b) (a - b)

Les mecs, les meufs, je me sens plus. Je viens d'apprendre l'excellente, la jouissive nouvelle suivante : « On a eu A+ merci Einstein !! » (sic)

Il m'aura donc fallu attendre plus de quinze ans pour choper une note aussi classieuse à un contrôle de maths (de terminale scientifique, je précise, car j'affectionne méchamment l'auto-flagornerie). Certes, sans pomper la recette de la première question à mon petit frère (réintroduire dans la soupe une pincée de ces petites identités proprement remarquables), je n'aurais pas été bien loin, mais après tout, c'est bien pour l'aider à faire ses maths à lui que je me suis farci le devoir entier, soit, en gros, l'étude d'une suite et de sa limite. Une suite minorée... avec des démonstrations par récurrence... un théorème dit
des gendarmes... Tout ce jargon a repris son sens en quelques minutes d'intense concentration, et puis, hop, la balade. Avec le recul dû au temps et la prodigieuse intelligence qu'il m'a procurée, je comprenais enfin pourquoi il fallait factoriser, je veux dire la stratégie que ça impliquait, et pas besoin de prof de maths dans mon dos pour piger que c'est la façon la plus commode de trouver le signe d'une expression trop compliquée tant qu'elle n'est pas exprimée sous la forme d'un produit de facteurs, facteurs dont on connaît pour chacun le signe, par hypothèse ou par la réponse à la question précédente. Cette stratégie qui fait les grands joueurs d'échecs, bien sûr, et les grands queutards : toujours voir un coup plus loin.

Bon, eh bien j'ai explosé une suite (U_n), et même si je n'ai pas tout compris, ensuite, du cours sur la fameuse fonction exponentielle — ce préambule angoissant aux maudites équations différentielles, qui m'avaient vu abandonner plus ou moins lâchement, à l'époque —, j'ai quand même su faire preuve d'une immense maîtrise devant des calculs compliqués impliquant ce petit salaud de e (défini, comme chacun sait, par exp x = e^x, et ln e = 1, enfin, ce genre de choses). Quand j'ai remplacé e par 2 pour expliquer à cette jeune blonde des amies de mon frangin qu'il s'agissait ni plus ni moins d'une fonction puissance comme une autre, et que j'ai aperçu son sourire de soulagement quand elle comprit enfin que calculer e^3x × e^4x-1 ne présentait pas plus d'embûches fondamentales que 2⁵× 2³, eh bien, vous me croirez si vous voulez mais j'ai vu une sorte de lumière, en 75 watts, que j'ai immédiatement décomposée en facteurs premiers, comme sous l'effet d'une drogue psychédélique : (5² x 3) watts, quel choc.

Lumière qui, en revanche et ironiquement, pour le cours de physique, de la foutue optique avec des λ partout, m'avait fui. Le devoir de physique n'étant pas pour tout de suite, lui, et mon frère ayant apparemment autre chose à foutre, j'ai pu m'en tirer par le célèbre « Mais t'inquiète, c'est que du cours, la physique... », la sueur aux tempes.

Bordel, un A+, en terminale ! Quinze ans que j'attendais ça. Ce soir, champagne (oui, à l'Olympic, et dans une soirée afro-punk : mais champagne quand même, et dans une consommation dont la fonction dérivée ne sera autre que la fonction consommation elle-même, ceci précisé pour les connaisseurs).

Nikita Calvus-Mons le 19/10/06 à 16 h 05 dans Scientifique-traître
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