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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

À Bénicassim, pour ne pas mentionner le reste

J'ai vu nettement le vieux poivrot en costard, une jambe ruinée par la polynévrite, monter dans le van des Babyshambles, le regard dans un autre espace-temps ; je n'ai ressenti aucune tristesse — dans les années 80, ses dents pourries annonçaient la donne, à quoi s'attendre d'autre comme destin, pour le type qui éraillait A Pair of Brown Eyes (« I looked at him/He looked at me/All I could do was hate him ») à la tête des Pogues ?

Et puis du name-dropping, encore et toujours, au bar VIP. Ça s'y pressait pour obtenir les faveurs de la très jolie serveuse, à la peau incomparablement mate, qui bossait déjà ici il y a deux ans : Alex Kapranos, le trop gentil chanteur des fadasses Franz Ferdinand, qui présentait sa sœur aux suceurs de hype ; Shane MacGowan, donc, égaré, affublé d'un rictus d'une immense tristesse, comme le regard d'un chien malade à piquer d'urgence ; Joey Santiago, Black Francis, Kim Deal, David Lovering, oui, les Pixies au complet, sobrement assis autour d'une table, comme en villégiature, mais sans pizza ni bouteille de rosé ; l'éclairagiste de Dominique A... Bref, on le voit, du beau monde.

Et puis des visites aux toilettes, rituelles, fréquentes... Et puis de la dépression nerveuse âprement combattue — pas à ma place, ici. Et puis... de mauvais concerts. Et deux très bons : le vieux beau Morrissey, une découverte tardive, incarnation stupéfiante du mot charisme (notamment pendant un How Soon Is Now? trois fois blindé à la classe pure), et puis les Pixies évidemment, qui auront déclenché malgré eux, par la seule grâce de leur génie, un mini-Altamont interrompant leur show impeccable pendant vingt bonnes minutes — ce qui me permit d'en voir la plus grande partie, et leur apprendra à nous piquer les deux tiers de notre public pendant notre dernier morceau. Programmation à la con qui fait se chevaucher les concerts...

Sinon, rien. Des groupes à guitares débiles sur des beats crypto-disco, tous les mêmes, avec Franz Ferdinand en division 1 et les autres en division 2, et le sentiment troublant d'entendre en permanence les échos du même concert pendant deux jours.

Les hamburgers de la plèbe étaient froids, ou tièdes. La bouffe des stars était indigne de celle qu'on sert dans les hostos de l'Assistance publique. Sauf le gâteau à la crème, et le jambon, dont j'ai abusé.

J'ai envie de faire de la musique et c'est tout. Ce cirque me répugne, à présent. Le timing est donc excellent, puisque ce sera fini dans un mois, avec Pukkelpop, autre grande messe rock à la con.

Nikita Calvus-Mons le 25/07/06 à 03 h 59 dans Musical-traître
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Commentaires

Il est vivant

J'étais persuadée que Shane Mc Gowan était mort. Sinon, je n'ai pas de mal à comprendre la lassitude qu'on peut éprouver dans ce grand cirque, cette chaleur, cette foule, cette défonce et ces vieux people.

monierza - 25.07.06 à 09:42 - # - Répondre -

Re: Il est vivant

Il serait plus heureux mort que vivant... Un zombie, un vrai de vrai.

60millions - 25.07.06 à 15:19 - # - Répondre -

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