Page principale - Session - Contact

60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

À portée

L'objet du texte de ce soir n'est pas le mannequin femelle dont j'évoquai il y a six mois — avec ce qui se voulait de la férocité, j'imagine — la prestation devant la caméra de Paris Dernière. Une certaine Géraldine ayant ajouté un compliment tardif à son endroit (et donc un reproche, corollaire, à mon envers) dans l'article que je consacrai à cet épisode de la vie nocturne des sniffeurs de coke, ledit article est réapparu en première page de 60 millions ; après sa relecture, une question s'impose au premier plan de mes préoccupations actuelles (ce bourbier existentiel) : est-ce qu'il ne serait pas un peu temps de me débarrasser de ma violente mauvaise foi ?

La réponse tombe sans attendre. (Une réponse attend-elle jamais ?) Et c'est : non.

Il semble que la mauvaise foi est le carburant qui me permet de transcender l'acte vulgaire de tenir un blog (appelons un chat un chat, foin du journal de bord ou pire : intime ; aux chiottes, le carnet de notes...) et d'en tirer une expérience littéraire, aussi laborieuse que les gammes du pianiste acharné ou les incessants roulements patauds du batteur solitaire. Mais tout autant nécessaire, en cet âge d'impudeur électroniquement assistée, à l'élaboration de quelque chose d'envergure plus respectable...

Sans mauvaise foi, sans exagération — en l'occurrence, de mon mépris pour cette jolie jeune femme qui semble, en plus, savoir tenir une plume1 —, sans mensonge permanent, ces articles successifs ne seraient qu'un compte-rendu insipide de ma vie quotidienne. Ce serait méprisable. Et il est bien plus drôle de vous imaginer parfois lire certains textes en proie à l'irritation croissante du voyeur. Mais il n'est pas né le jour qui me verra déballer mes branlettes dans des pots de mayonnaise Bénédicta chauffés au four à micro-ondes.

Grosse mauvaise foi, colères magnifiées, chasse aux bons sentiments, fiction dosée. Terreau de mes gammes.


1 cf. le début de son texte paru dans la revue Bordel. Vous trouverez ça en cherchant bien sur le Net.

Nikita Calvus-Mons le 11/06/06 à 01 h 30 dans Littéraire-traître
Article précédent - Commenter - Article suivant -