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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Aude et on

Le bar du coin fait des marges intéressantes sur la bière, comme la plupart de ses collègues : à cinq euros le demi, et vu la largeur de sa terrasse, il a largement de quoi payer — au lance-pierres — ses deux employés, forcément débordés (c'est du understaffing : c'est pas sexuel, c'est capitaliste) et aimables comme les portes du pénitencier.

Je me venge sur le wi-fi. Ils mettent un code d’accès à leur réseau ouvert, à demi ouvert donc. Un mot de passe qu'on te donne quand tu raques. C'est comme les chiottes dans les brasseries du Sébasto : vous n'êtes pas client ? Chiez dans votre culotte, monsieur ! Et qu'est-ce que vous voulez que ça me fasse, que vous l'avez au guichet, la taupe, moi ? Je travaille, monsieur ! Allez, dehors... Ici, on consomme, et on renouvelle, Jean Poubelle ! Kir-mûre ! Cinq euros dix. Et le mot de passe, pour le wi-fi, aimable gargotier ? « C'est bandol. — Ah, c'est drôle, pour un bar. Merci ! »

Après deux-trois jours, apparemment ils le changent leur mot de passe.

Me voilà attablé chez le voisin, traiteur chinois de son état, dix puissance douze fois plus sympathique, bien qu'il ne mette jamais sa tournée de nems. Bandol, ça ne fonctionne plus. Flûte alors ! Voyons... Le vin voisin, le cassis ? Nenni ! Bergerac ? Mon cul. Bordeaux ? Cause toujours. Gamay ? Et puis quoi encore ? Bon, brouilly alors ? Bingo ! Un brouilly pour la sept !

Bon… Pendant quelques jours, le mot de passe sera ainsi brouilly. En plus d’être antipathiques, incompétents et radins, ces gens-là ont l'imagination plus aride qu'un rio andalou.

C'est rue de l'Ancienne-Comédie, à l'angle de la rue de Buci et de la rue Saint-André-des-Arts, vous savez, ce carrefour-là, quoi. Celui avec les cagoles et les Texans.

Toujours bon à savoir. Allez dans le coin lire vos mails, munis d'un glossaire du jaja. Pour boire un coup, préférez quand même les voisins, pas beaucoup moins voleurs, mais qui sourient plus.

Nikita Calvus-Mons le 07/08/06 à 00 h 17 dans Social-traître
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