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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

California über alles

Tu te retrouves dans un lieu de création : plein d'artistes partout, dans un ancien couvent, c'est-à-dire qu'à côté de ta chambre, qui est une ancienne cellule de bonne sœur, résident d'autres artistes dans d'autres anciennes cellules de bonnes sœurs.

Il y a cette très jolie danseuse de Tallinn, Estonie. Tu ne la courtises pas, mais tu essayes de faire de ton mieux. De toute façon, ta libido, comme souvent — et encore plus depuis ta récente castration thermonucléaire — est assez basse. Non, il s'agit juste ici de séduction, d'une paire d'yeux absolument magnifiques ; pas de sexe. Ça paraît improbable, en tout cas.

Il n'empêche que quand débarque cet Américain, pire, ce Californien, avec tout ce que cela comporte de coolitude, de talent, de détachement — something in the smile — tu te rends compte que tu es un peu jaloux. L'Estonienne a beau jeu de prétexter que «enfin, quelqu'un qui ne parle pas français est arrivé, [elle] ne [va] pas [se] sentir aussi seule», toi, tu arrivais jusqu'ici à communiquer avec elle en anglais, la lingua franca, plutôt convenablement, et tu ne peux pas t'empêcher de maudire en secret cet enculé de Friscain qui, non content d'arborer ce sex-appeal typique des gens de là-bas, a également fait une virée en vélo de Saint-Erme (Aisne) à Biarritz (Pyrénées-Atlantiques) en dormant à la belle étoile. Le mec ultime. Qui porte sa virilité (cette virilité qui obsédait tant ton ex féministe, et qui te faisait défaut) en bandoulière.

Toi qui te prétends grand cycliste, tu l'as un peu mauvaise.

Du coup, tu planifies aussi tôt que possible un Paris-Rennes sur ton Gitane rouge hémophile, histoire de perdre tes kilos en trop et de pouvoir aborder toutes les danseuses de l'univers avec l'aisance qui semble, en ce monde, n'appartenir qu'aux Californiens.

D., écrivain originaire de San Francisco, t'a à la fois séduit — homosexualité latente, quand tu nous tiens — et révolté. Car tu veux réellement, ce soir, te taper toutes les danseuses estoniennes du monde, et plus particulièrement celles qui habitent dans la chambre à côté de la tienne au PA-F.

Don Calvus le 18/02/13 à 01 h 08 dans Sportif-traître
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