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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Des goûts et des couleurs

Spielberg a dit, en 2004 : « Le jeu vidéo aura atteint sa majorité lorsque quelqu'un confessera avoir pleuré au niveau 17. »

En 1991, je confesse que j'ai versé une larme et frissonné d'une blanche émotion en achevant de terraformer la Terre, « cette bonne vieille Terre » — dans le magnifique Millennium 2.2. Du silence pitch black dans lequel le jeu m'avait plongé pendant des jours et des nuits, j'étais enfin en guise d'épilogue transporté, fondu-enchaîné, déposé devant un champ de blé dorant sous le depuis longtemps oublié ciel bleu ciel (oui, a sky-blue sky, comme dans la chanson des Pogues Thousands Are Sailing). Fini les alertes rouges lors d'attaques martiennes repoussées, en tremblant, grâce à trois ou quatre missiles sol-air dans leurs sales gueules. Fini les attaques de virus inconnus sur les colonies méthanoïdes de je ne sais plus quel satellite de j'ai oublié quelle planète du système solaire... Fini les voyages d'un an et demi pour aller chercher trente pauvres tonnes d'uranium sur Uranus, je suppose, j'ai oublié aussi... Ce jeu fut le plus poétique qu'il m'ait été donné de voir. J'y ai même rejoué l'année dernière, quelques jours, sur un émulateur, rien que pour entendre à nouveau la Ve de Mahler en version bip-bip (Yamaha YM-2149, pour les connaisseurs : le processeur sonore de l'Atari ST et de l'Amstrad CPC). C'est sublime. Bref.

Les gens de Yahoo! eux-mêmes ont probablement oublié cette relique, que Google sort en première page lors d'une requête « Millenium 2.2 » (avec la faute, oui...). Beau joueur, ce Google. Relique qui prouve que je ne mens pas : oui, j'ai pleuré en jouant à ce jeu, la preuve, je le disais déjà il y a plus de six ans.

Donc Steven Spielberg est un con.

Nikita Calvus-Mons le 28/05/07 à 17 h 51 dans Artistique-traître
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