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60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

lundi 27 avril 2009

Le premier Polaroid du nouveau siècle

Un appareil que j'ai retrouvé au fond d'un placard : le Polaroid que j'avais reçu enfant, marche toujours. Il n'a sans doute plus pris de photo depuis 1988, et vingt ans, un siècle et un millénaire après, il marche toujours à la perfection. Les films sont encore fabriqués, dix-huit euros le boîtier de dix.

En même temps que la purée à l'huile d'olive, les travers de veau et le saint-joseph, on s'amuse à charger l'appareil et je prends le premier cliché instantané. C'est aussi magique et fascinant qu'en 1985. Trois minutes face retournée sous la table (en fait on regarde au bout de vingt secondes, le développement n'est pas achevé, les couleurs encore trop rouges, on repose...). Le premier Pola du XXIe siècle est une photo d'elle en enfant enjouée, aux yeux espiègles ! Elle fait un geste avec ses mains, comme si elle se protégeait du petit-oiseau-qui-va-sortir, ou faisait un spectacle de marionnettes (les paumes vers l'avant, comme pour Ainsi font, font, font), ou se préparait à recevoir un ballon, de basket-ball par exemple, comme dans l'horrible comédie romantique d'hier soir, qui confirme l'infériorité complète et définitive de la pom-pom girl par rapport à, au hasard, Françoise Chandernagor.

Sur les autres photos, sa beauté naturelle rayonne. Exit l'enfant, voici la femme.

Mais le premier Polaroid du XXIe siècle, daté au stylo-bille du 25 avril 2009, a bien capturé l'enfant en elle, la fillette qui apparaît lorsqu'elle se pince les lèvres ou fait rouler ses yeux vers les coins du haut, comme deux billes aimantées par son cerveau polarisé.

Nikita Calvus-Mons à 17 h 05 dans Artistique-traître - Lien permanent - 8 commentaires

jeudi 19 juin 2008

Ah que c'est laid (de se moquer) !

Toujours aussi bon, xkcd. (Oui, je repasse les plats, et alors ?)

Nikita Calvus-Mons à 12 h 23 dans Artistique-traître - Lien permanent - 0 commentaires

lundi 02 juin 2008

Another Politburo

Il est bien, lui. (Aucun rapport avec votre serviteur.) Très drôles, ses planches sur le joli mois de mai.

Nikita Calvus-Mons à 19 h 44 dans Artistique-traître - Lien permanent - 0 commentaires

mardi 19 février 2008

Sirote son océan

Comment se sent-on après avoir écrit la plus belle chanson d'amour (d'amour impossible) de tous les temps ?
Non, pas Still Loving You.

Wicked Game, évidemment. De Chris « Blue Hotel » Isaak : un mec à qui on ne la fait pas. Qui connaît son crooning et sa reverb sur le bout des doigts, et s'en sert pour peindre des tableaux saisissants.

Comment se sent-il, donc, depuis vingt ans qu'il sait ? Qu'il a touché de ses doigts d'artiste l'essence du sentiment, et en a imbibé une chanson pop — pas si pop, pas pop du tout en réalité ?

Et comment a-t-il reçu la reprise déchirante de son chef-d'œuvre par Pipilotti Rist ? Autre chef-d'œuvre que cette interprétation nue, sans falbalas, à la lisière de la psychose, qui était partie intégrante de son installation Sip My Ocean. Je l'avais vu, m'y étais immergé, dans son océan, au Centre culturel suisse, il y a sans doute huit ans. Et sa version de Wicked Game, que Rist avait renommée pour l'occasion I'm a Victim of This Song, m'avait bouleversé. Physiquement.

L'estimable webzine musical w-h-y ? commençait son podcast de la semaine dernière par cette version décharnée de la plus belle chanson d'amour de tous les temps. L'amour qui y est illustré est l'amour évident, fulgurant, passionnel, dont on sait dès le premier instant qu'on va y laisser beaucoup de soi, peut-être sa peau, qu'on est, oui, destiné à être sa victime. On pleure de trouille, littéralement, devant un tel amour. On se demande : pourquoi moi ? pourquoi maintenant ? On chiale, oui. On sent clairement que ça va être l'enfer. Mais de cet enfer-là on ne pourra bientôt plus se passer.

Et l'érotomanie, la vraie, guettera, tapie entre les circonvolutions cérébrales :

What a wicked thing to do
To make me dream of you

Cette érotomanie qui fait aussi trembloter l'âme du Benjamin Tremblay à peine convalescent de l'album de Pigalle :

Et je t'aimerai encore, te traitant de putain
Avec tous les copains, le soir au bar du coin

Amateurs de CocoRosie (dont j'aimerais à ce stade dire du mal, sans, et c'est étonnant, y arriver), jetez-vous sur I'm a Victim of This Song, de Pipilotti Rist, chanson stupéfiante. Bien sûr, il serait de meilleur goût de s'offrir le voyage à New York pour s'immerger physiquement dans l'océan ristien : l'installation fait partie de la collection permanente du musée Guggenheim.

Mais quoi que vous fassiez en écoutant cette chanson, il faut que ce soit lent et hypnotique.

Avoir été passionnément amoureux et en avoir souffert comme un chien est un plus.

Nikita Calvus-Mons à 15 h 44 dans Artistique-traître - Lien permanent - 8 commentaires

lundi 12 novembre 2007

L'exact inverse du travail

C'est la fin du long quart d'heure nerd, voire même, n'ayons pas peur des mots, geek. Un quart d'heure qui dure des jours entiers, le temps s'étirant comme après avoir absorbé du 2CI. Le crépuscule des esprits solitaires, indépendants... Le triomphe du grégarisme.

Et, alors que j'avais dit que j'allais passer à autre chose, on m'envoie ce Martine cover generator, très dans l'air du temps. Et moi qui me suis fait une règle, par exemple, de ne jamais répondre à aucun de ces foutus questionnaires tournants qui font les posts de blog pas chers, eh ben, j'ai joué à ce jeu-là, j'ai intégré la communauté. En deux secondes et trois clics j'ai fait moi aussi ma petite couverture potache de Martine, et je n'ai pas vraiment honte, après tout, vous êtes en train de lire un blog, qu'est-ce que vous pensiez ? Voilà :

Nikita Calvus-Mons à 19 h 14 dans Artistique-traître - Lien permanent - 0 commentaires

samedi 10 novembre 2007

Schoolkids commit suicide over and over again


Grâce à Maurice Biraud l'énervé, je suis tombé sur un site assez drôle (surtout le comic) : Penny Arcade. Je me suis lu quelques strips, c'est très potache, jargonnant, il ne faut pas être trop ignorant des choses du jeu vidéo (ou du jeu de rôles et de tous ses dérivés) pour comprendre, ce qui fait que je n'ai pas tout compris (mais j'ai compris ce que je n'ai pas compris — vous suivez ?). Celle-là de bande m'a fait suffisamment rire pour que j'aie envie de la traduire. Contrainte d'espace oblige, c'est loin d'être parfait : vite fait, mal fait, et sans la bonne police, etc. Mais l'esprit est à peu près là. Et voici l'original, bien meilleur évidemment pour les ceusses qui lisent l'anglais, et bon point de départ pour lire le reste. Merci M. Biraud.

Nikita Calvus-Mons à 01 h 05 dans Artistique-traître - Lien permanent - 4 commentaires

jeudi 08 novembre 2007

Le piège de la justification

Du9 est un très beau webzine de bande dessinée. J'aimerais n'en dire que du bien tant le travail est respectable, mais il me semble que Sébastien Soleille, le rédacteur de l'article intitulé Milan Kundera et l'art de la bande, tombe dans le piège trop prévisible de la justification. J'ai envie, pour le provoquer, de répéter la bonne vieille provocation [oh, comme c'est élégant, ducon — tu t'es relu quand t'as bu ?] : « La BD est un art mineur. »  Phrase stupide, mais qui marche à tous les coups avec les obsédés d'un genre, d'un courant, d'un artiste. Et a fortiori avec les fous de bande dessinée, souvent peu lecteurs de romans (pour ne pas dire complètement incultes en littérature) et qui en conçoivent suffisamment de complexes pour tenter en permanence de se justifier, de justifier leur art chéri.

Que nous dit, donc, cet article ? Il récupère simplement la définition du roman qu'effectue Kundera dans son fameux essai, L'Art du roman. Et, erreur grossière, tente de l'appliquer à la bande dessinée, pour lui donner la légitimité de l'art véritable — alors que personne n'en demande autant. La bande dessinée est pratiquée par des artistes géniaux et des imposteurs, tout comme la musique est l'affaire de Schubert et d'Amel Bent. Il est symptomatique de cet art neuf (le numéro 9, d'ailleurs, selon la classification fantoche en vogue chez les plumitifs) de tenter par tous les moyens, rarement pertinents, de s'inventer un génie propre. L'article de Du9 (dont je viens de comprendre, après avoir utilisé moi-même le numéro 9, le titre, après toutes ces années !) explique sur quelques lignes que la bande dessinée sait très bien, elle aussi, s'emparer de thèmes défrichés par le roman — sait, en quelque sorte, comme le formule K., explorer « une portion jusqu'alors inconnue de l'existence ». En fait, c'est la grille d'analyse de Kundera, paraphrasée. Et l'article ne se risque jamais à réfléchir sur ce qui distingue la BD de son grand frère où-y-a-pas-d'images. Il l'avoue d'ailleurs :

Bien sûr il ne s'agit que d'une grille d'analyse parmi d'autres. Elle approfondit peu la spécificité visuelle de la bande dessinée.

Ce faisant, elle manque doublement son but (si la BD n'est pas visuelle, qu'est-elle ?) et l'enfoiré de mauvaise foi qui sommeille en chaque social-traître (prenons moi, par exemple) serait assez tenté d'en conclure que la bande dessinée est bel et bien un sous-art, puisqu'elle est régulièrement aussi mal défendue (on repense ici à l'insupportable JC Menu). On se demande à quoi aura alors servi cette tentative de justification, la énième, et sans doute pas la dernière, ni la moins fatigante. Oui, bédéphiles ! vous êtes fatigants avec vos postures d'adolescents éternels ayant à « prouver quelque chose » et vos singeries de ce qui se fait de pire dans la cinéphilie — l'art numéro 7, lui aussi objet de tant de pédantes ratiocinations.

(En réalité, et je devance ici les cris d'orfraie que ne manqueront pas de pousser les intellos les plus réactifs du strip : les grandes BD sont prodigieuses. Et Du9 un webzine assez séduisant. Malgré ce bien petit article...)

 

Nikita Calvus-Mons à 03 h 14 dans Artistique-traître - Lien permanent - 1 commentaire

mercredi 03 octobre 2007

Délicatesse des fins de banquet

« Provocation ». Un commentaire sur ce mot rabâché : dans Control, le personnage de Ian Curtis valide le projet de pochette de Bernard Sumner pour leur premier EP (An Ideal for Living) par ces mots : « C'est bien, c'est provocateur. » Or le sous-titre est vague, parce que le vocable français englobe tout et n'importe quoi, et on ne sait plus vraiment quoi ce qu'il désigne peut bien « provoquer ». (À peu près tout, en fait : des érections, des éclats de rire, des envies de meurtre...) Le mot est galvaudé, n'a plus aucun sens. Un adjectif composé bien plus subtil — mais difficile à traduire efficacement pour le cinéma — est utilisé dans la version originale : thought-provoking. (C'est-à-dire : « déclencheur de réflexion(s) ».) La provocation n'est jamais gratuite. Si elle l' « est », c'est que c'est donc tout autre chose — qu'un imbécile juge provocant.

Les réactions outragées, dans un sens comme dans l'autre (dans le rejet et la haine comme dans l'idolâtrie et l'amour) n'ont absolument aucun intérêt. Aucun. Elles ne sont que bruit médiatique. Seules comptent — en amont — la liberté de l'artiste et — en aval — les réflexions qu'elle aura « déclenchées ». En fait de réflexions rationnelles, ce sont même plutôt des sentiments, des vibrations. Il s'agit de réagir à l'art, non pour ou contre l'artiste. De moins en moins de spectateurs semblent en être capables — cercle vicieux contemporain : l'interprétation socio-psychologique de l'art, c'est-à-dire, peu ou prou, la condamnation sous toutes ses formes de l'artiste lui-même, ne peut que pousser celui-ci à « aller plus loin » et à se mettre ses juges encore plus à dos, par légitime réaction de dégoût. Je suis de ceux qui en rient et en riront, plutôt satisfait de n'être jamais « choqué » par ce qui n'est que fiction ou théâtre.

Tiffany Anders et Boyd Rice, Absence Makes the Heart Grow Fonder.

Boyd Rice, Why Did the Feminist Cross the Road?

Nikita Calvus-Mons à 03 h 52 dans Artistique-traître - Lien permanent - 7 commentaires

vendredi 06 juillet 2007

Always Lost in the Sea

Quand j'entends cet harmonica pleurer sur ces « naufragés et leur peine qui jetaient l'ancre ici et arrêtaient d'écrire », je ne peux m'empêcher moi non plus de chialer, ne fût-ce qu'à l'intérieur de mon âme trop sèche, car revient alors à ma mémoire cette matinée de l'été caniculaire de 2003, quand tout, avant, allait bien, et tout, après, alla... moins bien.

Bertrand... toi qu'on aimait brocarder, prendre parfois pour un parolier à midinettes... as-tu jeté l'ancre et arrêté d'écrire ? Tu m'as accompagné, moi comme tant d'autres... et je l'ai avoué tard, comme tant d'autres, trop tard, après... après quoi ?

Tout le monde, au lendemain de la catastrophe, s'est avoué soudain que tu avais été en quelque sorte son grand frère spirituel. Musique ou pas, là n'était pas la question — et pourtant que c'est beau Lolita nie en bloc, et son clip impensable à la télévision et qui m'y sauva (je le dis) du trou à l'hôpital du Val-de-Grâce, il y a quatorze ans.

Mais là, non, n'était vraiment plus la question, plus tellement dans Noir Désir mais tout entière dans Bertrand Cantat.

Nikita Calvus-Mons à 04 h 54 dans Artistique-traître - Lien permanent - 7 commentaires

mardi 29 mai 2007

Bilder in Halbtrauer

J'irai voir les photos de Charles de Zohiloff entre le 1er et le 7 juin à la galerie Fin avril, 14, rue Deguerry, dans le XIe.

(Sourçons l'info.)

Nikita Calvus-Mons à 23 h 43 dans Artistique-traître - Lien permanent - 6 commentaires

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