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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Sirote son océan

Comment se sent-on après avoir écrit la plus belle chanson d'amour (d'amour impossible) de tous les temps ?
Non, pas Still Loving You.

Wicked Game, évidemment. De Chris « Blue Hotel » Isaak : un mec à qui on ne la fait pas. Qui connaît son crooning et sa reverb sur le bout des doigts, et s'en sert pour peindre des tableaux saisissants.

Comment se sent-il, donc, depuis vingt ans qu'il sait ? Qu'il a touché de ses doigts d'artiste l'essence du sentiment, et en a imbibé une chanson pop — pas si pop, pas pop du tout en réalité ?

Et comment a-t-il reçu la reprise déchirante de son chef-d'œuvre par Pipilotti Rist ? Autre chef-d'œuvre que cette interprétation nue, sans falbalas, à la lisière de la psychose, qui était partie intégrante de son installation Sip My Ocean. Je l'avais vu, m'y étais immergé, dans son océan, au Centre culturel suisse, il y a sans doute huit ans. Et sa version de Wicked Game, que Rist avait renommée pour l'occasion I'm a Victim of This Song, m'avait bouleversé. Physiquement.

L'estimable webzine musical w-h-y ? commençait son podcast de la semaine dernière par cette version décharnée de la plus belle chanson d'amour de tous les temps. L'amour qui y est illustré est l'amour évident, fulgurant, passionnel, dont on sait dès le premier instant qu'on va y laisser beaucoup de soi, peut-être sa peau, qu'on est, oui, destiné à être sa victime. On pleure de trouille, littéralement, devant un tel amour. On se demande : pourquoi moi ? pourquoi maintenant ? On chiale, oui. On sent clairement que ça va être l'enfer. Mais de cet enfer-là on ne pourra bientôt plus se passer.

Et l'érotomanie, la vraie, guettera, tapie entre les circonvolutions cérébrales :

What a wicked thing to do
To make me dream of you

Cette érotomanie qui fait aussi trembloter l'âme du Benjamin Tremblay à peine convalescent de l'album de Pigalle :

Et je t'aimerai encore, te traitant de putain
Avec tous les copains, le soir au bar du coin

Amateurs de CocoRosie (dont j'aimerais à ce stade dire du mal, sans, et c'est étonnant, y arriver), jetez-vous sur I'm a Victim of This Song, de Pipilotti Rist, chanson stupéfiante. Bien sûr, il serait de meilleur goût de s'offrir le voyage à New York pour s'immerger physiquement dans l'océan ristien : l'installation fait partie de la collection permanente du musée Guggenheim.

Mais quoi que vous fassiez en écoutant cette chanson, il faut que ce soit lent et hypnotique.

Avoir été passionnément amoureux et en avoir souffert comme un chien est un plus.

Nikita Calvus-Mons le 19/02/08 à 15 h 44 dans Artistique-traître
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Commentaires

Tss tss, c'est My funny valentine la plus belle. Ou Summertime de Janis?

De toute façon on se shoote pas à la même... j'arrive pas à rester sous hypnose avec des hurlements. Merci beaucoup pour ce lien ceci étant.

C. - 19.02.08 à 23:13 - # - Répondre -

Re:

Ah mais ces hurlements pour être stridants, et ils le sont, sont selon moi une image très fidèle du vrai pétage de plombs. Il y entre quelque chose du clown triste, de l'ultra clown triste, qui tente de t'amuser pendant qu'il a envie de se pendre.

Bien. Si je peux me permettre, dans ton texte rafraîchissant sur cet imbécile attardé de Sarkozy, il y a une petite faute aux grands effets :

« C'est-à-dire qu'il ne sait pas du tout qu'elle est la fonction de la fiction »

Mais qui, bordel, ou quoi, est la fonction de la fiction, hein ? Je me suis interrogé quelques secondes avant de rectifier de moi-même.

Bien à toi, C.

60millions - 20.02.08 à 00:35 - # - Répondre -

Re:

Bien le merci Nikita, je rectifie dès que possible (à savoir pas tout de suite). J'ai quelques lacunes en grammaire et en orthographe, et ça peut paraître fou mais c'est grâce au blog que j'ai progressé. C'est bien l'un des grand intérêt de la chose d'ailleurs. 

C. - 20.02.08 à 09:42 - # - Répondre -

Re:

Tiens et je te laisse deux belles fautes pour la route.

C. - 20.02.08 à 09:44 - # - Répondre -

Re:

Ouais mais celles-là on s'en cogne, elles gênent pas la compréhension.

Je ne suis pas un ayatollah non plus.

Bisous.

60millions - 20.02.08 à 12:59 - # - Répondre -

L'information c'est le pouvoir

Je vois, je vois, je te file un bon tuyau (w-h-y?) et tu le refiles à la terre entière, ts, ts. 
(Je suis entièrement d'accord pour The wicked game, ce sont les amours impossibles qui font les plus belles chansons. Et les cris de la demoiselle font grincer les dents comme il correspond.) (Mais je ne te filerai plus de tuyaux, après il y a plus de places pour les concerts.) (Le podcast de cette semaine est pas mal non plus.) (Ok, j'arrête.)

gc - 20.02.08 à 11:15 - # - Répondre -

Re: L'information c'est le pouvoir

Pfff, quelle mentalité, vraiment...

(Figure-toi, ô toi, que tu n'es pas la première à m'avoir causé de w-h-y ?, webzine quand même assez connu : le fameux Jésus dont j'ai parlé il y a quelques semaines m'avait branché sur ce zine à l'époque où je battais. En revanche je ne savais pas que leur mailing list valait le détour, donc OUI, C'EST TOI qui m'a envoyé cette fameuse mailing list et j'ai failli le dire mais je suis dit, comme ça, que nous allions soûler les gens à force de nous congratuler réciproquement en permanence. Pouet.)

60millions - 20.02.08 à 12:57 - # - Répondre -

Re: L'information c'est le pouvoir

Je ne revendiquais pas genre "que je suis top trop cool" de connaître les meilleurs trucs du monde pour que tu me congratulasses publiquement sur ta page oueb, non, non, c'est vraiment ça, j'ai une mentalité de merde, je suis égoïste, jalouse et possessive et je n'aime que très peu partager les bonnes choses avec la foule. 

Dans un accès de générosité je confirme malgré tout: le type qui fait cette fameuse lettre a bon goût et et en effet, on peut lui faire confiance. D'ailleurs il m'envoie voir Massacre à Créteil vendredi. (Et hop, à Créteil!)

 

gc - 20.02.08 à 16:17 - # - Répondre -

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