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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Don't mention Gong Li

Michael Mann est un virtuose, un artiste du blockbuster, le seul véritable, pour ce que j'en sais. Avec une ville pourrie jusqu'au noyau comme Miami et un scénario de film policier banal (mais redoutable, quand même), il crée un film superbe et au tempo sans cesse changeant — un film rythmé dans le meilleur sens du terme —, une vraie histoire d'amour impossible dont chaque plan est travaillé à l'extrême et certains sont beaux à couper le souffle, sans même parler du travail sur le son, extraordinaire. J'allais voir ce Mann-là à reculons, redoutant, sinon guettant, le faux pas : c'est son meilleur film, tout simplement. Oui, mieux que Heat.

Ça flirte de temps en temps (une ou deux fois) avec notre notion du mauvais goût, mais pas plus de cinq secondes, et c'est simplement parce que nous ne sommes plus habitués à voir du sens et de l'émotion enrobés avec des costards de frimeurs, des hors-bords et des coupés sports (fichtre ! quels moteurs !).

Vraiment, ce type est un génie. Pour le reste, je vous laisse avec les analystes habituels qui feront encore pire que moi, côté hagiographie.

Et pan pour ceux qui disent que je fais rien qu'à critiquer : voilà, je vous conseille un gros, un énorme film d'action américain. Mais encore une fois, on est dans le syndrome Belle du seigneur : les deux niveaux de lecture sont équivalents, et il ne faut pas les rater, sous peine de passer pour une truffe dans les dîners, et croyez-moi, personne ne vous souhaite une telle mésaventure.

À noter quelques sous-titres un peu traités par-dessus la jambe, et ça commence à devenir embêtant. Quand vous avez deux agents infiltrés qui débarquent dans un bidonville de Port-au-Prince pour y rencontrer le grand gourou de la coke par lequel ils désirent se faire embaucher, et que tous les petits malfrats du bled suivent de toit en toit du regard ces deux ricains en costards clinquants et lunettes de soleil, ce n'est pas très finaud de traduire quelque chose comme « Is it me or everybody knows we're here fifteen blocks out? » par « C'est moi ou nous sommes repérés ? » Le type qui ne pane rien à l'anglais s'attend alors à du rififi pour pas grand-chose, believe me. Et ça perturbe sa lecture du scénario. Très pénible.

Mais à part ça, tout va bien, c'est un chef-d'œuvre, et j'en reprendrai, comme de Heat ou de Révélations.

Nikita Calvus-Mons le 02/09/06 à 10 h 29 dans Cinématographique-traître
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