60 millions de social-traîtres
« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)
Fèves au lard et gueuse lambic
Je partais faire du shopping et je lui ai dit comme ça. Son fanatisme s'est réveillé d'un coup. « Tabernacle ! m'a-t-elle assailli, toi qui te piques de bien causer la francophonie, tu t'es-tu pas rendu compte que tu utilises des tas de mots anglais, une fois ? »
(Oui, elle a dit « une fois », je le jure. C'est une tiers-mondiste de la langue, militante. Père canadien, mère belge. Et il paraît que ça se transmet par la mère, « une fois ».)
Mon sang, pendant ce temps, n'a fait qu'un tour ; j'ai usé de violence. « Ça ne t'a jamais effleuré l'esprit, bien au chaud sous ta moumoute, que shopping vient du français, comme d'ailleurs une majorité hallucinante du vocabulaire anglais, eh, pétasse ? » Elle ne mouftait pas. J'étais lancé, haineux. J'allais la perdre, après ça, sûr. « Tu me fais chier avec ton intégrisme inculte ! Votre magasinage, honteux artifice nationaliste que n'aurait pas renié notre académie de grabataires tant il suinte de bêtise bricolée, de fascisme langagier, me colle des chancres ! et le pire c'est que pendant que votre grammaire déjà bancale achève de se faire angliciser à tout crin, toi et tes congénères viennent nous culpabiliser sur nos emprunts au vocabulaire, ce qui a d'une part mille fois moins d'importance — en effet, tout le monde à part toi et Denise Bombardier s'en balance ! — et d'autre part est le signe de la vivacité des langues, bourrique ! » C'est surtout les insultes qu'elle n'avalait pas, elle avait déjà goûté de mon ire. J'en rajoutai une pincée. « Y en a marre de cette idée reçue stupide qui veut qu'on parle, écrit, digère, vomit mieux le français au Canada qu'en France. J'en peux plus de ton accent ! hostie de calice, mon cul ! et si je dis que je vais faire du shopping, du français échoppe, espèce d'outre de suffisance baragouineuse, bouffeuse de poutine à la petite semaine, je t'intime de clore ton clapoir séance tenante ! et de laisser tes approximations linguistico-totalitaires au placard ! »
Bordel... magasinage. Échoppe. Épine. Épice. Elle s'est trissée fissa.
Nikita Calvus-Mons le 26/04/06 à 12 h 36 dans Littéraire-traître
Article précédent - Commenter - Article suivant -
Commentaires
Il est minuit. Que faire d'autre, vraiment ?
Tss, tss. Repéré au moins un Godwin machin dans tout ça. Pauvres Agagadémiciens, tout de même.
Sinon, et puisque on est là pour ça, ça rime à quoi, ça :
Ça rime à dait, peut-être ?
Au fond, ce que tu n'aimes pas chez ces gens-là, ce ne serait pas leur
bigoterie, des fois ? Cette sourde et lente et terrassante certitude
que déversent sur tout et tous les religions déjà pétrifiées ? Pas tant
le côté risible de leurs automatismes, simplement leur comportement
finalement totalitaire, par lassitude, défaut de combat des paroissiens,
défaut d'idée même de combat, qui prend une telle proportion qu'à la
fin, mon Dieu, oui, on abandonne le tout à cette certitude qui
s'entretient elle-même, c'est-à-dire fige, c'est-à-dire tait. Et comment
mieux taire qu'en faisant jouer sur les mots, jouer et rejouer encore,
en abîmale spirale, tant et si bien que cela en devient sérieux et même
très sérieux et que, en effet, cela devient la fin de tout et tous.
À moins qu'il ne s'agisse de la prière ? La vraie. Celle qui t'oublie et te
transporte.
Tu aurais l'air fin, tout piqué d'orthofrancophonie que tu sois. Moquer
le magasinage, alors qu'il s'agi(rai)t de l'ultime manifestation de Dieu
en ce bas-monde. Et tu ne le vois pas. Et tu ne t'en persuades pas. C'est
du propre.
Lee Beria Jr - 28.04.06 à 00:30 - # - Répondre -
← Re: Il est minuit. Que faire d'autre, vraiment ?
En faisant jouer sur les mots... Dieu est donc québécois, et tire
les ficelles avec ses doigts brûlés par le froid ?
C'est beau comme du Diabologum, et je ne rigole pas du tout !
365 jours ouvrables :
60millions - 28.04.06 à 12:26 - # - Répondre -