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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Froissé aussi

Cassano, un commercial qui vient d’arriver dans la boîte, déjeune en compagnie de Deschamps, Lalanne, Fonseca, Julie, Decazeville, Chaumont, Jouandeau et moi. C’est une première ; d’ordinaire les commerciaux et nous ne mangeons guère ensemble. Cassano est le cinquième commercial de la boîte, le troisième embauché en un mois. Son boulot consiste à vendre l’espace publicitaire disponible sur les pages que nous créons. Lors d’une grande fête organisée par Morgane, notre responsable du marketing, pour les trois ans de la filiale française, il est venu s’asseoir à côté de moi, juste avant le dessert, et m’a hurlé dans les oreilles, pour couvrir Bittersweet Symphony, diffusé à un volume assourdissant : « Je me sens profondément de sensibilité de gauche ! » Cet aveu surprenant, maladroit, inopportun même, nous l’a rendu tout de suite sympathique, bien qu’il se dise chevènementiste. Ce midi, nous profitons de la première terrasse du printemps et Cassano et Jouandeau sont en grande discussion au sujet de l’arrivée, choquante pour nous tous, sauf Deschamps, qui s’en branle, d’une stagiaire.

— Une couleuvre de plus à avaler, une veste de plus à retourner... ironise Fonseca, ce qui irrite Jouandeau, qui est probablement le plus intègre d’entre nous, est arrivé depuis janvier dans la boîte et a refusé le plan de stock-options, ce que j’avais souhaité faire il y a deux ans avant de faire le calcul de ce que ça pouvait représenter, et de me prostituer en douceur, comme tout le monde avant et après moi.

— C’est ton problème, Fonseca. Moi je fais pas la pute.

Fonseca, sincèrement heurté, je le vois à son air subitement devenu idiot, ne réagit que par un étrange gloussement.

Cassano, qui est plus vieux que nous, environ trente-cinq ans, et vient d’une régie publicitaire de presse, tempère la discussion intelligemment et commence à raconter une blague un brin laborieuse, dont la chute est « L’amandier, parce qu’il croûle sous les amandes. » Je ne comprends rien, n’ayant pas entendu le début, occupé que j’étais à observer un vieux clochard à vélo montant et descendant la rue piétonne en zigzaguant périlleusement entre les poussettes.

— Une petite Goebbels bottée de cuir, en jupe plissée ! éructe soudain Lalanne, qui a fermé sa gueule depuis le début du repas. Il veut sans doute parler de la stagiaire, qui intègre le département communication. Lalanne est un érotomane pur jus.

Nikita Calvus-Mons le 14/11/07 à 02 h 53 dans Littéraire-traître
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Commentaires

choc option

moi je suis pressé d'avoir la suite des aventures de ces joyeux stat-uppers (de gauche si j'ai bien compris ?)

GG

G - 14.11.07 à 22:42 - # - Répondre -

Re: choc option

Ce sont deux chutes du truc que je ne finirai pas sur le sujet... Faire du sous-Brett Easton Ellis ça va cinq minutes !

60millions - 15.11.07 à 03:29 - # - Répondre -

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