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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

In progress

J’arrive tard au bureau, comme pratiquement tous les jours. Je traverse les quatre cents mètres carrés que nous occupons dans le Sentier sans hâte, en feignant la décontraction devant les filles du marketing alors qu’en réalité mon retard m’angoisse, comme pratiquement tous les jours. Il est onze heures, et je quitte rarement le bureau avant vingt heures, ce qui fait des journées suffisamment copieuses pour ne pas éveiller les soupçons. Néanmoins, je suis angoissé, et ce n’est qu’une fois assis à la table de la salle de réunion — que nous appelons tous, commerciaux et direction inclus, la « salle de ping-pong » car elle sert la moitié du temps à des matchs tendus et virils — que je me calme, car tout le monde a l’air décontracté et me sourit. De plus, Decazeville n’est pas encore arrivé, ce qui me fait regretter d’avoir quitté le lit — et Amandine — si tôt. Quand il arrive, il est onze heures et demie et nous avons fini la réunion, où il a été décidé que nous étions en train de changer le monde.

Tout ce qui reste de matinée est ponctué par le son d’un pistolet qui claque, émis par les ordinateurs, suivi en général de murmures d’approbation, plus ou moins bruyants. C’est le bruit du monde qui change. Jusqu’à treize heures, je réponds à des e-mails et je dialogue d’ordinateur à ordinateur avec Decazeville, Fonseca, Deschamps et Julie, que je parviens à rendre jalouse en ne répondant pas à son interrogatoire poussé. Elle veut savoir pourquoi je ne me suis pas changé depuis hier. Fonseca ne s’est toujours pas remis de ma démonstration implacable de la veille que péter dans le bain était de gauche, et il me le fait savoir. Decazeville me raconte ses soucis avec une fille qui s’appelle Corinne, qui ne veut pas faire l’amour avec lui mais désire dormir nue au-dessus de lui, ce qu’il a accepté jusqu’à présent « par amour ». J’essaye de comprendre pendant deux minutes — que je prétends occupées par du travail —, avant de lui conseiller de l’éjecter violemment. Quant à Deschamps, il me parle du dernier Massive Attack et de Florent Pagny, qu’il trouve sympathique, ce à quoi je n’ai pas grand-chose à répondre, comme souvent avec Deschamps. Il est convenu avec Decaze que nous allons nous bourrer la gueule rue Oberkampf, ce soir, « pour oublier ».

Nikita Calvus-Mons le 22/12/06 à 00 h 34 dans Littéraire-traître
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Commentaires

Andy Verol et Soral

C'est bon bondis pas! La droite est au pouvoir 100% depuis 2002 et tu es libre de vive...
http://andy.verol.blogg.org

andy verol - 22.12.06 à 02:54 - # - Répondre -

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