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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Journal de traduction (3)

La traduction peut être un labeur épuisant dont on ne voit pas le bout. Je suis toujours dans les adjectifs composés (« a side-project-turned-full-time venture », « guitar-worshipping colour schemes », ou encore « flea-infested serape »), décrivant des chansons que je ne connais que trop rarement (en effet, pour un Siouxsie and the Banshees, combien de Billy Joel ?). Le vocabulaire employé est vraiment varié, ce qui me ralentit. J'estime à présent très précisément ma vitesse de croisière pour ces textes : du 500 mots à l'heure, ce qui est assez lent, en fait. Sur des textes mieux écrits et au vocabulaire plus classique, la vitesse peut presque tripler, et la concentration est plus forte puisqu'on ne se disperse presque plus en recherches « documentaires ». Évidemment c'est le taux de consultation du dictionnaire qui conditionne en grande partie la vitesse du traducteur. Et il me faut aussi constamment aller chercher, par exemple, les titres français des films mentionnés — ce sont des textes sur la musique, oui, mais celui sur Morricone parle aussi de cinéma, ce qui est d'une logique qui n'échappera qu'à peu d'entre vous. Par exemple, L'Ultimo Treno della notte, même moi qui ne suis pas très italophone, je vois bien le coup que ça voudrait dire, par exemple, Le Dernier Train de la nuit. Mais évidemment, les traductions françaises des titres de films, on l'a assez vu ici, ne sont presque jamais littérales. Ici, c'est La bête tue de sang froid. Bon, eh bien c'est autant de temps perdu sur l'IMDB, ça. Autre motif fréquent de recherche documentaire : une formulation imprécise comme celle-ci, à propos de Nancy Sinatra, dont je ne connais presque rien, à part qu'elle a chanté des bijoux de Lee Hazlewood, comme Summer Wine :

« You get a different vibe from her jazzy version of "California Girls" — her original band (L.A.'s highly regarded Wrecking Crew) also worked sessions with the Beach Boys. »

Le Wrecking Crew, ce n'est pas du tout le premier groupe de Nancy Sinatra. En cas de doute, recherches, parfois un peu longues. Et souvent, devant l'évidence, obligation de réécrire un peu, donc. Un problème similaire s'était produit la semaine dernière à propos des Foo Fighters. Selon le texte source, foo fighters était le nom d'un programme de recherche américaine sur les ovnis pendant la Seconde Guerre, programme duquel le groupe de Dave Grohl avait tiré son nom. Bullshit. Heureusement que je veillais au grain. Mais perte de temps. D'où vitesse lente.

Mais je ne me plains pas. De temps en temps pour le fun je traduis du Jim Goad : ça va très vite. Ma version française de son texte déviant sera bientôt en ligne ici.

Nikita Calvus-Mons le 10/10/07 à 19 h 36 dans Traduc-traître
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