60 millions de social-traîtres II
« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)
Journal intime, les gars
Je voulais l'inviter à dîner depuis quelques jours, mais elle était fuyante, tout en m'assurant qu'elle tenait beaucoup à me parler... J'y croyais de moins en moins, je me disais que cette soirée serait la dernière chance, pour elle, pour moi. Que si elle fuyait encore une fois, je la quitterais. Je savais qu'il y avait neuf chances sur dix pour qu'elle ait une raison de ne pas « pouvoir » sortir avec moi ce soir. Pouvoir et vouloir, l'éternelle dialectique... La raison, c'était qu'elle devait dîner avec son père. Elle habitait chez ses parents. C'était insoluble, d'ailleurs. Un tas de ses problèmes venait de là, apparemment. Mais elle ne voulait pas les quitter, ses parents, très vieux, qu'elle avait peur de perdre trop tôt...
J'avais prévu de l'emmener à la Madonnina, pour manger des pâtes aux fruits de mer, boire du vin sarde et de l'amaretto. C'est mon seul « plan drague », mais il marche bien. Et je voulais qu'on s'aime, rien d'autre. Qu'on parle mais après s'être enlacés, pas avant. Lui donner le goût, le manque de moi. Hantise qu'elle puisse m'oublier, sans doute.
Quand je l'ai appelée, et que je lui ai demandé comment elle allait, elle m'a dit pas très bien, je suis malade, à cause des fruits de mer que j'ai mangés hier.
J'ai tout de suite su. L'ironie à ce point n'est pas une bonne nouvelle. Tout mon plan tombait à l'eau. Elle m'a dit qu'elle ne pourrait pas ce soir, alors que c'est elle, trois jours avant, qui m'avait proposé cette date. Et je lui ai alors dit, avec une force de caractère déplorable, on arrête, et on arrête vraiment cette fois, on ne se voit plus du tout. Elle n'a pas protesté. Plutôt muette. « Pas de souci... » Sans doute était-elle à la fois blessée et soulagée. Je voulais tout sauf la blesser.
Ensuite, je lui ai écrit, quelques lignes, pour lui dire à ma façon (celle du jour) que je l'aimais. Littéralement, je concluais par « Au revoir, je t'aime, petite conne. » J'ai des regrets pour la première fois depuis des années. Des regrets ! Le mot que j'utilisais le moins...
Il ne faudrait surtout pas que j'écoute le finale de Fernand, de Brel. Quand il dit : maintenant, je vais pleurer. Effectivement, il y a de quoi chialer comme une madeleine, et j'ai les larmes aux yeux. Mais... Boys Don't Cry, comme dit une autre chanson, qui n'a pas tort. N'empêche, je me ferai peut-être quelques larmes un de ces quatre.
Nikita Calvus-Mons le 10/10/08 à 17 h 20 dans Social-traître
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Commentaires
iii
Ca fait une drôle d'impression, tu ne postes presque plus, du coup les deux derniers billets ressortent beaucoup, ça a un effet agrandissant. Madame Irma que je viens d'avoir au téléphone en in avait un tas de conseils super judicieux à te donner, mais je lui ai dit de se la fermer. Donc courage juste, et si tu préfères ne pas pleurer, rigole, c'est pareil au fond.
nina - 10.10.08 à 17:50 - # - Répondre -
← Re: iii
Oui, ça faisait tellement longtemps que je n'étais pas tombé amoureux que je suis très déçu, mais ça va s'estomper assez vite. (Je suis tombé amoureux en quelques minutes, après tout...) On est davantage amoureux du sentiment que d'une personne, dans ce genre de cas, je le sais trop bien. Le problème c'est que chez moi ce genre de shot est vraiment rare.
J'aime les filles (très) perdues, forcément c'est risqué. Quand elles sont très jeunes et jolies en prime, on y perd son latin. Heureusement cette histoire a en fait été rapidement foireuse, ça aide à ne pas être trop abattu. Il y a un peu de soulagement (mais aussi la crainte qu'elle vienne quand même me titiller dans mon antre ; c'est une voisine du Polit, un peu collante en général, mais là j'imagine qu'elle a compris, j'espère).
Bon, ça va aller, merci Nina ! (Je pense qu'hier soir je devais avoir le même regard que toi il y a quelques mois, le ressort optique explosé. J'étais à un concert de piano et hélas la musique, bonne pourtant, ne m'a pas aidé du tout. J'avais les yeux fixés sur le reflet des cordes dans la laque, et une vague envie de m'endormir et de me soûler à mort -- ce que j'ai fait !)
60millions - 10.10.08 à 18:55 - # - Répondre -
mot interdit ?
Il y a un truc qui a sauté dans mon commentaire précédent, je disais téléphone en i.n.t.r.a.v.e.i.n.e.u.s.e, je ne vois pas où est le mal d'ailleurs, bizarre.
nina - 10.10.08 à 17:53 - # - Répondre -
← Re: mot interdit ?
intraveineuse
60millions - 10.10.08 à 18:45 - # - Répondre -
j'ai pas de commentaire à faire...
...je viens juste te demander de m'appeler (j'ai plus ton numéro et tu reçois pas mes mails)
je t'embrasse
M
Mah-Yu - 11.10.08 à 09:52 - # - Répondre -
Sur le fond c'est Love will tear us apart qui gagne sur Boys don't cry (comme dans ciseau-caillou-puits-feuille). Alors Boys must cry un bon coup, peut-être. Et même si tu étais plus amoureux de l'amour que d'elle-même, quelle importance, c'est déjà bien.
Ceci étant, j'aimerais pas être à ta place, alors porte-toi bien et courage facile à dire...).
memapa - 11.10.08 à 15:35 - # - Répondre -
← Re:
Je me remets à une vitesse surprenante... Et presque décevante, certes. Bref je redécouvre que l'objet du désir est moins signifiant que le désir lui-même. En d'autres termes j'ai envie d'être amoureux, et la première jolie fille qui passe et qui me joue un peu de violon, je me lance. C'est une psychologie... Ensuite vient l'attachement (l'addiction ?), mais je n'ai même pas eu le temps, cette fois. Donc, doigts dans le nez.
(Elle lisait Elle, au fait ! Elle disait "le Elle", comme "la Bible"... Ce qui est marrant c'est que j'avais à une époque courtisé une fille au profil très similaire, qui disait elle aussi "le Elle". Toutes les deux y ayant fait un stage ("au Elle"), je suppose que c'est du jargon interne...)
60millions - 11.10.08 à 16:13 - # - Répondre -
Quand c'est mal parti comme ça, on gagne en effet à ne pas insister. Courage et mes amitiés.
Anonyme - 12.10.08 à 11:32 - # - Répondre -
← Re:
merci, anonyme.
60millions - 13.10.08 à 00:34 - # - Répondre -