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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

La tragédie grecque (non, pas l'élimination en 2004, l'autre, la Vraie) est dépassée

Après le concert à Corbetta, on avait fait un foot à trois contre trois. Un Italie-France. Déconcentrés pendant dix minutes cruciales, on avait perdu sur le score sans appel de 11-7. Pourtant, qu'est-ce qu'on dominait.

Les Italiens étaient les champions du monde de mon enfance. En 1986, la France, championne d'Europe en titre, avait sorti les coéquipiers d'Altobelli de la Coupe du monde sans forcer, dans une atmosphère encore plus chauvine qu'on en connaît aujourd'hui (le journal d'Antenne 2 s'ouvrit ce soir-là à vingt heures par ce titre débile : Venger Vercingétorix). Tous les matchs amicaux se soldaient par des leçons aux azzurri, généralement parachevées par Platini, Il Francese d'origine italienne qui jouait à la Juventus de Turin... Mine de rien, c'était à mes yeux la plus grande performance de ces années-là : que battre l'Italie facilement soit à ce point une habitude. Parce que j'ai toujours aimé, et respecté, parfois irrationnellement, la Squadra. J'étais un des seuls, dans le bar de banlieue où je suivais la finale de la World Cup américaine de 1994, à souhaiter ardemment que les Brésiliens perdent. Ceux de l'horrible Dunga, ce demi défensif coupé en brosse à côté duquel Didier Deschamps faisait figure de créateur. Déjà à l'époque le mythe brésilien, cette supercherie à l'usage des béotiens, faisait des ravages. Il fallait aimer le Brésil, et peu importe qu'il jouât aussi mal et moche qu'une vulgaire équipe d'Allemagne. La règle n'a pas changé et essaime même à présent jusqu'à certains connaisseurs réactionnaires : il faut toujours aimer le Brésil, parce que c'est le football-samba, que les types ont des sourires grands comme la plage de Copacabana, que leurs entraînements sont un spectacle... Un ramassis de clichés éculés, oui. Essayez de vous rappeler une seule équipe du Brésil bandante depuis 1986, un seul milieu de terrain de la classe de Socrates. Alors, vingt ans après, en plein mythe Ronaldinho, la leçon que Zidane leur a infligée en quarts ? Le bonheur.

Le coup de boule sur Materazzi ? La tristesse, partagée par pas mal de monde apparemment. Au Zizou virtuel des publicités pour compagnies d'assurance, le gentil, je préfère le Zidane orgueilleux, qui s'oublie dans un moment de fureur et frappe sans réfléchir un authentique crétin (Materazzi a toujours été un boucher, ceux qui suivent le calcio en connaissent un rayon sur ses tacles assassins). Cantona (bordel, encore un immigré italien !) n'avait pas fait moins utile quand il a taclé à la gorge ce facho anglais de Crystal Palace.

C'est beau, un monde qui joue, hein ?

Nikita Calvus-Mons le 11/07/06 à 04 h 15 dans Sportif-traître
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