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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

La vérité blesse

Le morceau me rappelle des souvenirs, ce qui en soi n'est pas une surprise, est du déjà-vu, un cliché, et les souvenirs en question sont au nombre de trois, un séjour aux Arcs en été pendant un putsch manqué en Russie — première angoisse d'apocalypse nucléaire dans mon cerveau à peine déniaisé — où ma mère fraîchement séparée de mon père eut un accident de montagne, grave, c'est ma cousine qui écoutait cet album pendant ces vacances, les ultimes vacances de l'adolescence, non, le vrai souvenir c'est en fait ma cousine portant sur ses deux gros seins le T-shirt avec la rose sur fond noir et le titre de l'album, le deuxième souvenir est le salon de la dernière maison commune de mes parents, son odeur étrange de moquette pourrissante, de doucereux vomi, ou de renvoi de bébé, mon frère est encore bébé à cette époque, odeur pas complètement désagréable, et moi isolé avec le casque sur les oreilles, écoutant le morceau à tue-tête, découvrant peut-être fasciné l'effet d'un son de caisse claire correctement travaillé (à 2'22"), quant au troisième souvenir c'est celui que les paroles, que je comprends subitement aujourd'hui, ramènent à la surface, sans que la musique y soit pour quoi que ce soit, moi trompant « contre mon gré » la femme que j'aime, nuit sans intérêt, à part la griserie de la séduction et une jolie fellation au milieu du salon, et je dis la vérité le lendemain à celle que j'aime, parce que je ne peux pas supporter de lui mentir, résultat : bien sûr, séparation et même insultes, la seule fois qu'elle m'insulta — non, la première fois, la seconde et dernière c'est quand séparés depuis la veille mais tout de même encore ensemble — un week-end dans le Sud, à finir quand même, notre premier week-end d' « amis » en somme, pas prévu comme tel à l'origine — bref, pour l'emmerder car je lui en veux, je roule exprès trop vite au volant de la voiture louée, une Clio verte, au milieu des Corbières, moi-même je me fais un peu peur, elle me traite, une fois la voiture arrêtée au premier feu rouge, parce qu'elle a eu vraiment peur, de « connard », ou de « pauvre con », c'est un quatrième souvenir donc, qui n'a aucun rapport direct avec le morceau, digression, le morceau est Policy of Truth, de Depeche Mode, qui me fait penser, avant tout, à toi qui peut-être passes encore ici de temps en temps et ne veux plus me voir, tu écoutais Depeche Mode dans ton salon de la rue Montgallet, ainsi qu'un jour une de mes répétitions, en faisant une moue légitime mais tu avais voulu savoir, entendre, et l'enregistrement d'une répétition n'est jamais agréable à écouter, le dernier souvenir — ça en fait cinq — que ces paroles ramènent est la salle d'un restaurant du Mans, moi en face d'A. qui m'explique sa vision des choses, tout se dire, liberté absolue mais toujours tout se dire, et moi échaudé et probablement plus mûr qu'elle, je dis le contraire, ne pas dire ce qui n'a aucun intérêt car c'est faire souffrir l'autre gratuitement, dire la pipe furtive de l'inconnue ce n'est que se faire plaisir et nourrir la relation par le conflit, la torture mentale, mais elle n'est pas d'accord, et six mois plus tard elle me fera le coup, « j'ai rencontré quelqu'un, qu'en penses-tu ? » ce qui brisa tout mon désir —

you'll see the problems multiplied
if you continually decide
to faithfully pursue
the policy of truth

Nikita Calvus-Mons le 23/11/07 à 11 h 37 dans Littéraire-traître
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Commentaires

le transfert de culpabilité

Tout ce que tu dis là est on peut plus vrai, à mon avis, et rudement bien décrit ! L'évidente nécessité du mensonge en matière d'amour - et bien au-delà, sûrement - est pour moi un commandement : en imposant la vérité de la tromperie, on prend le risque de culpabiliser l'autre qui peut dès lors être à  même de se dire : "mais qu'est-ce que j'ai bien pu foutre pour que cela arrive" ou au contraire "mais qu'est-ce que je n'ai pas fait... " etc. Petite torture ! Du côté du "fautif", la culpabilité que l'on ressent - si l'on souhaite jouer au petit jeu de la "fidélité" - est amoindrie, selon le vieil adage "faute avouée, faute à moitié pardonnée" - ; la tentative de vérité devient un acte mesquin puisqu'égoïste. Pure hypocrisie. Pure mensonge.
Mieux vaut vivre avec ses errements que les imposer à autrui.
TH

Anonyme - 24.11.07 à 15:29 - # - Répondre -

Re: le transfert de culpabilité

vraiment pas d'accord avec TH
mais on s'en fiche...

pdf - 24.11.07 à 19:38 - # - Répondre -

utisme & père Noël

Et bé pourquoi, cela m'intéresse ! C'est une question épineuse je trouve, celle du secret, celle du mensonge aussi, par omission ou explicite...

Anonyme - 25.11.07 à 19:13 - # - Répondre -

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