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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

La vie à deux

« À part sortir quand c'est fini
main dans la main de celle qui nous a choisi
il n'y a rien à gagner ici »
 — Diabologum

Les queues de cinéma en hiver, manteaux écharpes, fumées de cigarettes et buées des bouches gercées, rires nerveux et jambes trépignant en attendant qu'on rentre.

L'expérience du cinoche à deux, de ce petit bout de routine longtemps et ardemment désiré quand on n'avait que la solitude, l'âme en peine et les couilles débranchées.

Les fins de séance, escaliers dévalés ou descendus lentement, sans parler, et surtout sans demander « alors ? ». La rue suintante, il a flotté, il fait froid, on s'engueule au sujet du film, la compréhension et l'intimité se sont barrées. C'est une autre routine, qui vaut peut-être mieux, au moins c'est vivant et toujours renouvelé les conflits esthétiques. On rentre quand même ensemble main dans la main de celle qui nous a moisi, encore plus persuadé d'être absolument seul au monde et qu'une âme soeur c'est la mort. Que ce n'était pas ça, le rêve de départ, pas ce désespoir mollasson, ensemble. Qu'elle ne lit plus assez de livres, qu'elle n'embrasse plus, qu'elle dort de partout.

Nikita Calvus-Mons le 25/09/05 à 12 h 57 dans Social-traître
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