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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Légitimité du casseur

La manif est un art mineur et miné par de trop nombreuses contradictions : l'étudiant moyen est aussi politisé et intelligent qu'une boîte de colin pané, et quand il se retrouve dans la rue pour lutter contre un contrat « inique », ce n'est pas souvent pour de bonnes raisons, bien qu'inique il soit le contrat, bien sûr, et ce pour des raisons d'abord philosophiques qui dépassent n'importe quel branleur en DEUG de lettres qui de toute façon ne travaillera jamais alors qu'est-ce qu'il vient nous emmerder avec sa révolte adolescente à la mords-moi-le-nœud en la parant des atours de la « conscience politique » qu'il n'a pas retrouvée puisqu'il n'en a jamais eu la moindre et que le contraire se serait su, depuis le temps ?

Ainsi les mots d'ordre, violemment antipoétiques, ne changent jamais, même si on note ces temps-ci une récupération touchante de l'iconographie soixante-huitarde, ce qui n'est pas forcément une mauvaise nouvelle si ça peut faire remonter à tous ces petits poissons panés le cours de leur histoire récente et les inciter à dévorer l'intégrale de la revue Internationale situationniste. Mais ne rêvons pas.

Ça dort. Ça s'encanaille à coups de sittings. Les flics, ravis d'enfin pouvoir faire crisser les pneus de leurs Renault 19 un litre quatre en emmanchant le boulevard du Palais, jouent aux cow-boys, ce qui est leur raison d'être.

Les casseurs, ceux d'entre eux qui ne sont ni des animaux agressifs ni des flics infiltrés, cassent légitimement. Ils sont plus nombreux qu'on le croit. Quand ils parlent au micro, c'est posément, intelligemment. Ils savent pourquoi ils cassent des vitrines : simplement parce que dans une guerre, fût-elle simplement économique, ce qui reste à prouver, on n'a jamais rien trouvé de mieux pour se faire respecter qu'une bonne bombe atomique. Les Japonais fanatiques de Matignon-Élysée ne céderont jamais sous les coups de bébés nantis des petits sorbonnards. Eux, les cons, sont les premiers à critiquer les « casseurs », qui détournent ce qui était manif pacifique. Or : pacifique, mon cul.

Je méprise les manifestants timorés et grégaires — et hypocrites et bourgeois — qui s'offusquent que leurs festivités convenues tournent à la baston. Quand ça brûle, au contraire, je suis ravi. La politique est un incendie de rue. Les cow-boys contre les casseurs, c'est ça le seul sens de tout ce cirque. Vous pouvez vous mettre toutes vos considérations social-démocrates, vos réticences de faux-derches et vos leçons de morale condescendantes au cul, petits étudiants dian dian, petits bobos égarés. Les seuls qui fassent vraiment de la politique ce sont ceux qui cassent et tant mieux après tout si c'est contre vous, car vous en êtes viscéralement incapables, secs d'humour que vous êtes.

Nikita Calvus-Mons le 03/04/06 à 06 h 34 dans Social-traître
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Commentaires

?????

Pas d'accord, pas d'accord du tout !!!

Amandine - 09.04.06 à 18:51 - # - Répondre -

Re: ?????

Amandine, Amandine ?

Celle (l'unique) dont j'ai toujours le bouquin de Charlie Bauer ? Ou une autre ?

60millions - 09.04.06 à 20:41 - # - Répondre -

amours canailles

Faudrait voir à imaginer l'humour, trois dents et deux bouts de cerveau en moins... Je te trouve bien plus condescendant lorsque tu parles de ton propre public de zinc, vieille canaille !! Là, et là seulement, la perle se fait auditoire, ou elle se fait gueuloire... Là aussi, tu lui donnes les médailles qui légitime ton oeuvre. Combien de touristes, combien de mal léchés, combien de nantis satisfaits furent dignes de tes bons offices... Ceux-là, tu les boudes et tu les ignores maintenant. Ils font pourtant la foule, la plèbe, le commun de ton pourvoyeur de cam légale. Ton luxe, c'est l'imprévu... N'imagine pas autre chose quand tu visites de ton pied volatile le bitume mécontent : les perles, tu les as loupées.

kalinka poncife - 12.04.06 à 03:03 - # - Répondre -

Re: amours canailles

Moi pas comprendre même si moi avoir fait effort !

60millions - 12.04.06 à 03:37 - # - Répondre -

Re: Re: amours canailles

cf premier paragraphe ; comme partout, l'étudiante ou l'étudiant moyen n'est rien d'autre que la femme ou l'homme moyens : 60 millions de social-traitres... Parmi celles et ceux qui manifestent et pronent le pacifisme (ceux dont je suis), toutes et tous ne sont pas forcément des culturés abâtardis ou profondément normopathes... Et la majorité ira bosser, parce que cela fait belle lurette que la fac ne se contente plus de produire du nanti improductif (démocratisation mon amour...); elle produit aussi du rémiste improductif, et même de l'usineux plein de bonne volonté... La fac est un univers moyen, voilà tout.
Mais bon, j'avais oublié que le but était de casser du suc', avec style... Tu as donc réussi ta mission !

erratum : légitimeNT dans mon message précédent... Je fais sûrement parti de ces ecrivaillons MOYENS incapables de faire moins d'une faute par paragraphe...

J'éviterai à l'avenir les arguties à l'emporte pièce à 3h du mat'... Impénitent que je suis, j'ai beau savoir, je ne peux m'empêcher. Tout cela était bien obscur j'en conviens... Mais avec style, non ? ;-)

kalinka poncife - 12.04.06 à 16:45 - # - Répondre -

Re: Re: Re: amours canailles

Ah ça je dis pas, un certain style, mais franchement obscur : vu l'heure, j'ai penché pour une sortie de bar vindicative.

L'étudiant moyen manipulé et inculte, ça existe, hélas, et ce n'est pas comme n'importe quel milieu, non ; ne serait-ce que parce que celui-ci se place, s'est toujours placé, au-dessus, au-delà des autres milieux, et qu'il sera toujours le dernier à reconnaître avec honnêteté qu'il a été manipulé (qui a jamais lu quelque ligne d'une loi "liberticide" que ce soit, dans les manifs ?), vu que l'honnêteté intellectuelle est un concept qui ne fait pas partie du cursus.

La prétention des étudiants m'a toujours débecté, tu le sais... Rien de neuf. Je ne dis pas qu'il n'y a pas d'exception ; pour moi elles se situent dans ceux qui ont le courage de s'élever contre cette détestable institution.

Je re-précise que j'étais et suis toujours contre le CPE et toute loi similaire, mais je sais que je ne suis pas dans le camp des manipulés ; libre-penseur, eh oui c'est pompeux, mais c'est une réalité que feraient bien de tenter d'appréhender la plupart de tes camarades fascisants, la petite Léa en tête (beaux yeux, beau cul, moche cerveau).

60millions - 13.04.06 à 00:49 - # - Répondre -

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