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« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Les Picaros écoutaient-ils Joy Division ?

C'est bientôt fini, pour moi, le cirque pop, en tout cas sous cette forme, avec ce groupe (coucou, M., j'aime quand même beaucoup ce que tu fais, hein !). Pas d'émotion particulière, pour l'instant. Le cirque du cigare ne vaut pas beaucoup mieux.Hier, à Dour, un brin de déprime dans l'après-midi, parce que le lieu est à peu près aussi horrible que Glastonbury — à Dour aussi, ça sent la pisse et la merde, mais au moins hier il y faisait beau et sec, et on a ainsi pu éviter les horribles dérapages dans la boue en Wellies. Je n'ai que très peu bu, également, vu qu'on a joué à une heure débile, en plein après-midi — c'est bien pour les festivaliers d'avoir des concerts dès midi, mais pour un groupe comme nous, habitué aux festivals indoor, aux clubs et aux concerts à minuit, c'est simplement pénible. Brin de déprime, donc, et aucun concert enthousiasmant pour m'aider, ni de drogue inédite. Sauf Venus, peut-être, groupe belge plus aventureux que le premier Franz Ferdinand venu, avec des accents très clairs de Luna, groupe mort qui lui-même s'abreuvait copieusement aux sources du Velvet. Eh oui, le rock, ce n'est que ça, ma chérie : du name-dropping. Nous-mêmes : c'est Joy Division et Suicide. À Moscou, les deux références, présentes dans toutes les phrases et sur les deux platines du DJ qui nous précédait, commençaient à devenir franchement agaçantes. Mais comment commencerais-tu, toi, my love, une discussion avec un chanteur célèbre, sans employer les raccourcis faciles ? Alors admettons Joy Division et Suicide. Ou Death In Vegas, quand c'était à moi qu'on demandait — mais le batteur a ses propres références déviantes, souvent, c'est notoire. Pour finir, quelqu'un a-t-il remarqué que Gorillaz pompait depuis quelque temps avec plus ou moins d'adresse, à chaque morceau, le Staring at the Sun de U2 ? Fin du lâcher de noms. Fin du cirque pop.

Bientôt fini, donc, après plus de trois ans. Sacrée aventure loin de mes bases parisiennes, que je souhaite à présent coloniser à nouveau, un peu las de la vadrouille aux quatres coins du monde — mais non, je ne crache pas dans la soupe, je parle simplement de ce que tu ne connais pas et que tu aimerais connaître et cela a le don de t'irriter, c'est tout, et je le comprends mille fois, mais je n'y peux rien et oui, je le confirme, on se lasse vite de ce cirque, surtout quand on est perpétuellement sans un kopeck à Paris et au contraire choyé, infantilisé, en situation de concert — navette à l'aéroport, hôtesses charmantes et passionnées, vodka dans les loges, cocaïne sur demande, hôtel branché, aucune liberté de mouvement.

Tintin et les Picaros, oui. La prison dorée pendant le carnaval.

Nikita Calvus-Mons le 17/07/06 à 03 h 07 dans Musical-traître
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