60 millions de social-traîtres
« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)
Les soupçons de la taulière du bordel ne doivent pas être éveillés
De Lisbonne deux souvenirs entrent en collision, l'un blond, avec une jupe en vinyle et des tongs, l'autre brun, avec un nez qui rougit vite et une étole Kenzo.
Il y a cette tour en métal dont je ne me rappelle pas le nom. C'est dans la Baixa, à proximité d'une gare ferroviaire, au flanc du Bairro Alto. Si mes souvenirs sont exacts. Au sommet de la tour, une cafétéria en terrasse équipée de longues-vues payantes pour observer le Tage qui, c'est entendu dans tous les guides touristiques, miroite sous le soleil. La fille brune, avec qui je vis à Paris, a le regard lointain et un sourire constant et énigmatique qui l'éloigne progressivement de moi. On ne se parle plus. Je passe un week-end à sa recherche alors qu'elle est dans mon lit, à côté de moi dans l'avion. Je ne la trouve plus, c'est le début de la fin. C'était un week-end décidé dix jours auparavant, au sommet de notre histoire, qui dégringole vite.
Huit mois en arrière. Il y a cette chambre de l'hôtel Internacional, et la fille blonde que j'y ai emmenée sur un coup de dés. Samedi matin, Orly, après-midi dans la chambre, chargé de cajoleries érotiques, puis le dîner, déjà pénible tant je désire rester seul, enfin le dimanche très lassant à Cascais. Seconde nuit, frigide. Je fais diversion avec le minibar. Je laisse la blonde le lundi au métro Réaumur-Sébastopol, soulagé extrêmement.
Et puis cinquante-quatre mois plus tard il y a ce concert au Lux, le redécollage d'urgence de l'avion à dix mètres d'atterrir, le club débordant de monde, ma traversée de la ville à pied de l'Alfama à Belém, entre 5 et 7 heures du matin, à la recherche de l'aventure.
Et il y a Blocus Solus, le polar à tiroirs de Bertrand Delcour, avec sa déclaration d'amour à la ville, et puis l'assassinat de ce capitaine de police pédophile dans le bordel du Bairro Alto où il a ses habitudes. Le détective, ange exterminateur, se fait passer pour une des petites filles (qu'il vient quand même de sauter, pour ne pas éveiller les soupçons de la taulière). Un bon livre.
Nikita Calvus-Mons le 22/03/09 à 21 h 41 dans Littéraire-traître
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