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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Lettre au patron de la revue « Nuke »

J’ai un plan coke. Elle est vraiment bonne, déjà quand tu la travailles sa texture douce comme celle du sucre glace, sans cristaux délétères — connais-tu ce mot, qui fait quatre syllabes ? —, te fait un peu crépiter les canines, saliver par avance. Le trait aspiré, la montée est rapide et douce, sans à-coups ; la descente se combat facilement à grandes lampées d’Absolut, fraîche de préférence. La poudre prend une dimension supplémentaire avec une bouffée de poppers.

Précise à ton maquettiste de n’en point abuser, cependant : j’ai la nette impression qu’il n’a pas besoin de ça pour fusiller le bon goût. Bon, pour cette colombienne, le type fait le gramme à soixante-dix euros, et elle est meilleure que celle que tu aspires à Buenos-Aires pour sept fois moins cher. Il n’y a pas à hésiter.

Aujourd’hui, je descends, et je ne déprime que mollement : c’est bon signe, car en considérant le nombre inconsidéré (ah, ah : que va faire ton SR, ici ?) de canettes de 8.6 que je m’étais enfilé pour supporter l’ambiance de ce vernissage, hier soir, une dépression nerveuse de deux jours ne m’eût pas surpris outre mesure. En quittant l’épicerie de luxe Colette, où se célébrait la sortie d’un magazine bilingue gratuit en papier glacé, truffé de fautes d’orthographe et aussi inspiré politiquement qu’un numéro de Pif, j’ai trébuché sur une demi-mondaine inculte, un bandeau-éponge Adidas dans les cheveux, qui s’occupait des RP, et ça m’a procuré une semi-molle des familles ; jusqu’ici, tout est logique : l’enchaînement causal m’a donc mené sur les Maréchaux et la pute que j’ai ramenée chez moi, en manque flagrant d’affection, s’est mise à m’embrasser sur la bouche à chaque feu rouge, ce qui ne faisait pas partie des conditions standard d’utilisation. Du coup, était-ce la coke ? était-ce la surdose de blaireaux rassemblés chez Colette ? était-ce la 8.6 tiède qui remontait ? Le poppers, en tout cas, sans aucun doute, m’a permis d’épuiser bêtement le stock de capotes (soit : une seule) de l’Albanaise, que j’ai donc rapidement entrepris de sauter en levrette sans plastique.

Et pourtant, malgré tout ça, je te le répète, je ne déprime qu’assez peu, alors qu’il est plausible que j’ai attrapé une saloperie dans la chatte de Tirana. Il me reste de cette coke, un bon gramme, et je vais m’en servir pour gérer la soirée qui s’annonce.

Camarade vulgaire, je te salue dans ta langue.

Nikita Calvus-Mons le 24/10/06 à 16 h 18 dans Littéraire-traître
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Commentaires

Même si votre bafouille est très marrante, je suis assez choqué de la manière dont vous vilipendez la coke qui n'y peut rien si elle est instrumentalisée par les artistes wifi. Bien sûr elle fait partie de leur vie - pas à tous, il y en a aussi un sacré paquet qui n'ont besoin de rien que de leur lacune pour performer - mais bon, est-ce qu'on dit du mal de l'anisette au seul prétexte qu'elle rend mon voisin raciste violent ou même du hâcheIch qui, alors, serait caca parce qu'il transformerait les rastamans en suppôts du nain à bouclettes ? Non mais.

md - 27.10.06 à 11:41 - # - Répondre -

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