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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

« No Applause »

Eh bien, dites donc, qu'avons-nous là ? Hors de prix : une comédie sentimentale à magot, bien troussée je dois dire, du genre match nul avec celui de Christian Vincent (c'est ça ?), où François Cluzet était génial, et je baise mes pots (le Cluzet des Apprentis, avec Guillaume Depardieu, mais oui). Ce genre, pourtant, pue souvent — dans le genre catalogue de bons sentiments, on trouve difficilement pire, et la morale est hélas toujours sauve, même ici. Mais : Salvadori a rendu Audrey Tautou très désirable, prouesse après les nanars niaiseux qu'elle avait enfilés jusqu'alors. (Une rumeur disait conne comme toutes les rumeurs qu'après Da Vinci Code, ayant compris qu'elle était grillée pour des années cette fois elle escomptait reprendre ses études — pas hypokhâgne, Audrey, hein, tu vaux mieux que miss France.)

Instant agaçant mais salvateur car réveillant l'enculé amoral qui pionçait en moi pendant le film, mis hors d'état de nuire depuis des heures par la choucroute de midi (L'Atlas, rue de Buci, est un piège à touristes où tout est immonde et précisément la choucroute, indigne des gros bâtards de chez Herta ; préférez le Old Navy, parfaitement glauque aux heures creuses, tenu par de sympathiques gouailleurs phallocrates avec des brassées d'anecdotes pas piquées des hannetons, troquet de nuit dont la viande même le jour est la meilleure de la rive gauche — donc d'Europe) (les parenthèses, ah les parenthèses, qu'est-ce qu'on fait on les déporte ? Ces putes jonchent tristement les voies empruntées par l'honnête homme pour ne serait-ce que piger grammaticalement ce qu'il lit), et cet instant c'est la rangée de jeunes cons qui applaudit à la fin. Geste aussi grégaire et créatif que celui des trente-six Japonais du fond du 737 claquant des mains à l'atterrissage réussi : que feraient ces cons-là en cas d'atterrissage raté ?

Donc Hors de prix, comme tous les films embourgeoisés de Salvadori, ne vaut pas ses inoubliables Apprentis, mais est quand même digne du fric qu'on y met, allez.

Nikita Calvus-Mons le 24/12/06 à 00 h 57 dans Cinématographique-traître
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