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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Pipi caca

Mon corps est une chaîne apparemment sans fin de bleus, de micro-douleurs lancinantes : trois semaines durant, c'est une entorse au genou droit, diagnostiquée par mes soins bien sûr, car je suis enfant de docteurs, mes agneaux : c'est-à-dire que je crois connaître — mieux que vous le vôtre — mon corps et les messages qu'il m'envoie sans répit. Ce n'est qu'une forme d'hypocondrie, d'attention extrême à son corps. Mais passons... Après l'entorse au genou, qui elle-même avait succédé à un tennis elbow, c'est l'élongation d'un tendon quelconque de l'épaule gauche qui me mine ce soir. Me mine mollement : toute hypocondrie tendineuse est mollassonne. Rien de moins angoissant qu'un tendon, au fond. Quel est le vrai message que m'envoie ce putain de corps, avec ces douleurs inflammatoires ingérables ? Je ne le comprendrai jamais, je crois.

Je ne prends jamais de médicaments. À quoi bon ? Rien de tel que la vodka pure pour noyer un abcès buccal de trois centimètres, genre faille de San Andreas. Car la vodka est un anesthésiant pas ridicule du tout, et en vente libre, sauf dans le centre de Paris, où de dangereux abrutis ont décrété qu'il était désormais impossible d'acheter une bouteille de vin pour accompagner un dîner entre amis. Oui : les supermarchés sont ouverts jusqu'à vingt-deux heures, les gens, et c'est heureux, mangent de plus en plus tard, mais il n'est pas envisageable, pire, il est devenu illégal d'acheter une boutanche de soixante-quinze centilitres de pif dans le sixième arrondissement de Paris après vingt et une heures, par la malepeste ! J'encule Claude Évin ! Même si ce n'est pas Claude Évin le responsable du décret ! M'en fous ! C'est pareil ! C'est lui la source du mal ! Il est de la race des hygiénistes que j'abhorre ! Il en faut ? Ah ouais ? Eh ben il y en a ! Et on a bien le droit de les enculer, au moins au figuré !

Évin : on se droguera si on en a besoin. Envie, pardon. C'est ce que je voulais dire.

Je suis extrêmement fatigué ces temps-ci : mon envie d'écrire s'est brusquement émoussée. Il serait malhonnête de vous faire croire que j'ai fait mieux, ou plus long, ailleurs : je dois à la vérité d'affirmer que je n'ai strictement rien branlé récemment. Je suis dans une de ces phases sans désir qui correspondent à peu près, trigonométriquement parlant, au bas de la sinusoïde, aux alentours du sinus de trois pi sur deux, voyez ? Non ? C'est pas grave. Ce qu'il faut savoir, c'est que ça remonte toujours. Comme une envie de pi pi.

(J'aime les sinus.)

Je n'ai « posté » ce texte minable que pour prouver (à vous, sans aucun doute) que je n'étais, moi, Nikita Calvus-Mons, personnage de fiction animé par Thomas C., pas mort.

En fait, j'ai bien davantage envie de faire caca que d'écrire, ce soir. C'est d'ailleurs sur le trône que j'ai mes meilleures idées. Qui sait ? Je vais peut-être boucler la boucle ? Me mettre à écrire une de ces idées de chiottes ? On verra. En tout cas, là, j'y vais. L'épaule endolorie, oui.

Bonne nuit.

Nikita Calvus-Mons le 04/03/08 à 02 h 56 dans Social-traître
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