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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Tonnerre et consolation

We called for some assistance from the friends we had known
But this is the 1980's and we were on our own
We never felt like heroes or martyrs to a cause
Just battleweary soldiers in a bloody civil war
New Model Army, The Charge

 

Il a le visage buriné, elle pense, en une fraction de seconde il lui a barré le chemin et elle n'a pas eu le temps de trouver le mot juste donc elle pense, comme elle peignerait une girafe : « buriné », et c'est un rouquin avec des boucles d'oreille, enfin des anneaux, comme il a l'air britannique, irlandais, avec l'accent presque finlandais ou d'elle ne saizou, en tout cas l'haleine et les yeux plombés par la gnôle, la booze a-t-elle appris un jour qu'on disait, comme la bouse des vaches, l'alcool des bouseux de Galway, la booze donc, une canette d'un demi-litre écrasée par terre —

le visage buriné mais il rigole, sale, joueur, agressif, bien malgré lui, comme un chien et elle, violente, serre dans sa poche son billet de cinq, son fiver, dirait-il, et elle n'a pas d'argent pouw un sandwich : « Non, et j'aimerais bien passer ! » et il la laisse passer et dans son dos jette les mots qui griffent l'âme : « Bon appeutit ! » et sa haine à elle disparaît et le ressac laisse la tristesse à nu, elle a du saumon fumé dans un sac et des milliers sur son compte et un fiver in the pocket et un désespoir total qui ne dure heureusement que pendant les vingt secondes la séparant de son loft, désespoir décroissant selon une courbe de Gauss —

Oh I swear
Both you and I
We never asked
For any of this

Nikita Calvus-Mons le 12/02/07 à 21 h 29 dans Littéraire-traître
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