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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Turbocompressé

Tout un travail caché, comme celui d'une turbine hydroélectrique, pour fuir les influences, la pollution des autres, l'inspiration du malin qui est dans le réseau et dans le spectacle : ne plus lire, rien, lorsqu'on écrit ; ne plus écouter la moindre musique lorsqu'on en fait, puisqu'on prétend en faire. Éprouver la solitude qui est la nécessaire mais non suffisante condition de la création. Ce qui me semble une évidence, l'évidence qui guide mes pas, ne l'est pas pour elle — elle utilise même le mot ineptie, au pluriel : inepties. J'ai peur pour elle, je n'aime pas ces systèmes implacables, ces moules à consciences, ces précipices aux bords desquels elle joue, se promène, semblant tester le diable et mimer la chute en permanence. Je vois devant moi quelqu'un de rare, à l'énergie débordante, qui me bouleverse, dans tous les sens du terme, positifs et négatifs ; je ne sais pas comment me comporter — moi dont l'énergie est presque uniquement intérieure, bouillonnant à l'étouffée. Oui, je cherche depuis des mois à m'extraire de toute influence pour pouvoir écrire quelque chose de puissant, que je porte en moi. Elle cherche autre chose : des armes, des gens, un réseau, l'argent qui est indispensable, une famille, mais avec toute la sincérité qui manque aux théories d'immondes arrivistes de ce temps, qui ne créeront jamais rien, eux, et qu'elle va néanmoins devoir apprendre à fréquenter.

Nous sommes bien différents, au fond. J'ai toutes les peines du monde à n'y pas voir le travail de l'âge, ce qui l'irrite. Ça ne devrait pas l'irriter. C'est moi qui suis le plus éteint, le plus blasé des deux ; la comparaison est à mon désavantage exclusif.

Nikita Calvus-Mons le 23/10/07 à 21 h 35 dans Littéraire-traître
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