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60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Vous riez, monceau de bourgeois à l'abri, croyant reconnaître vos voisins, mais c'est bien la pâleur de vos vies que nous vomissons

« Un car dépose Andréas au milieu de nulle part. De là, un chauffeur l'emmène dans son nouvel appartement, en centre-ville. Le lendemain, il est embauché comme comptable dans une société où tout le monde est gentil. A tel point que son supérieur lui présente une femme qui sera bientôt la sienne. Il remarque bien un suicide ici, un autre là, mais personne n'y prête guère attention. D'autant qu'un service compétent nettoie le sang qui tache. C'est un monde où rien ne dépasse, où rien ne choque. Froid comme la mort. L'enfer.

Sous ses atours ultraréalistes, Norway of Life vire rapidement au film fantastique. Doucement ironique, gentiment cruel, l'humour pince-sans-rire nourrit une ambiance décalée, atypique et venue d'ailleurs. De Norvège. Ce film, à l'esthétique irréprochable, a surtout l'art de ne ressembler à aucun autre. »

Critique d'une bêtise et d'une fadeur irréprochables1 d'un film magnifique que je viens tout juste de voir. J'aurais tant à en dire que ça me mènerait probablement au bout de la nuit, et ça ne me guérirait pas de ma misanthropie ni n'atténuerait ma colère. Juste ceci : pour avoir vu dans Norway of Life2 un humour pince-sans-rire, une cruauté gentille, une ironie douce et une ambiance décalée — voilà enfin le mot fourre-tout préféré des abrutis conformistes ! — il faut être un sacré connard et j'espère ne jamais en croiser comme ce Christophe Carrière ou n'importe lequel des petits bourgeois décalés qui fournissaient le public de la salle et gloussaient à tout bout de champ. Je n'en dirai donc pas plus à cause de mon ulcère. (Mais quant aux « atours ultraréalistes »... non, vraiment, je préfère m'arrêter là. Bonne nuit, allez voir ce film, seul, surtout !)



1Christophe Carrière dans L'Express. Mais la même est probablement au mot près dans Télérama et tous ses confrères confits dans la graisse, Inrockuptibles en tête.
2Encore une fois, traduction franglaise d'une rare stupidité, pauvre coup commercial tendant à faire croire que Den Brysomme Mannen (dont le titre anglais est The Bothersome Man, ce qui indique une tout autre traduction possible, plus respectueuse et moins suspecte de putasserie marketing) n'est qu'un petit film fantastique spécifiquement norvégien... Voyez donc ce film, vous mesurerez l'ampleur du mensonge et l'état de dégradation du corps des journaleux français, dont un représentant peut écrire impunément, sous prétexte qu'il vient de voir un film dans une langue pour lui exotique, que ledit film est empreint d'une « ambiance (...) venue d'ailleurs ». Oui, Carrière ! D'ailleurs moi certaines scènes me rappelaient Nottingham. C'est dire la Norway Attitude à l'œuvre, qu'il convient de souligner, sans aucun doute, pour finir poussivement le feuillet commandé. (Misère, misère...)

Nikita Calvus-Mons le 03/04/07 à 00 h 42 dans Cinématographique-traître
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