60 millions de social-traîtres
« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)
Ah les belles compilations de Noël (1)
Spirit of Charles Martel
Fondé en 1983 sur les décombres encore fumants du combo séminal le plus célèbre de la région Poitou-Charentes – les inoubliables Tocards –, ce duo, composé du chanteur-guitariste Jean-Daniel Lescarboura et de la violoniste-choriste Emma Santiago, sort son premier EP l'année suivante et le succès est instantané, grâce notamment à une reprise décoiffante, en toute fin de face B, de l'hymne fasciste « Maréchal nous voilà », propulsée par la paire rythmique fondamentale de Kingston – Sly Dunbar/Robbie Shakespeare. Les deux rastas super groovy sont d'ailleurs le chaînon manquant entre les Charles Martel et Serge Gainsbourg, dont le duo n'hésite pas à reprendre en 1985, et avec une audace totale, le « S.S. In Uruguay ». En 1987, après deux albums – dont le chef-d'œuvre ambigu Malik Oussekine – le duo se sépare, et le reste appartient à l'histoire judiciaire (Emma Santiago fondera d'ailleurs une association contre les violences conjugales : Touche pas à la femme blanche). Jean-Daniel Lescarboura, après six mois de prison, ne donne aucun signe de vie jusqu'à ce qu'en 1997 le label 1933 RPM, initiateur de la première compilation Douce France, lui permette d'enregistrer, au milieu d'une palanquée de jeunes talents, ce qui reste son chant du cygne : guitare tranchante, rythme big beat d'époque et samples de Herbie Hancock : l'énorme et hypnotique « J'encule les socialo-communistes ».
Whatever Happened to Charles Martel?, EP, 1984
Poitevin maître chez toi !, LP, 1985
Malik Oussekine, LP, 1986
JD Manoeuvre le 19/12/08 à 17 h 36 dans Musical-traître
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