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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Arme de droite

Ma première décharge de Taser, ce sera la nuit, sous une pluie fine. Dans dix ou douze ans, du côté de l'avenue Mozart où je me serai incrusté dans un rallye, pas rasé, l'alcool véhément. J'y aurai insulté une ou deux championnes de la droite depuis longtemps décomplexée. Deux belles paires de jambes, deux jolis culs moulés dans des robes noires, deux cerveaux en vacances au moins depuis les années de collège. Puis j'aurai quitté la soirée, avec un autre ou deux de mes copains de virée. Un policier (le mot « flic » aura été interdit par le ministre de la Sécurité intérieure et de la Probité morale, Philippe Val) m'aura provoqué, j'aurai marché, foncé dans le piège. Dzzzzz. ESOD MUMIXAM, comme disent les zorglhommes dans Spirou. Une bonne décharge de routine, comme ça, pour « sécuriser le périmètre » dont j'aurai menacé la quiétude parce que je sifflais en titubant l'Internationale, ou Maréchal nous voilà.

On y passera tous un jour ou l'autre avant nos soixante ans. Certains cardiaques qui s'ignorent en passeront l'arme à gauche.

« L'arme à gauche »... Amusante expression idiomatique, non ? Pleine de tiroirs.

Nikita Calvus-Mons le 15/09/08 à 18 h 51 dans Social-traître
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Commentaires

Et si t'es pas content...

Et si t'es pas mort cliniquement, on te fait le coup de la mort sociale : un petit procès, et hop ! Te voilà tout ruiné. T'avais qu'à pas être de gôôôche...
http://www.liberation.fr/actualite/societe/352158.FR.php

TH. - 16.09.08 à 08:30 - # - Répondre -

Re: Et si t'es pas content...

 C'est trop facile de blamer la société Tazer ici. Le problème, c'est la loi française, qui restreint la liberté d'expression de façon inacceptable. Rien à voir avec être de gauche ou pas.

Arnaud H - 20.09.08 à 18:12 - # - Répondre -

Au dessus de la Loi, le neurone !

Ben voyons... Le fait de porter plainte n'est sûrement pas une volonté de leur part ? Puisque Droit il y a, pourquoi ne pas en abuser ? Tout cela me fait penser à ces Américains de la NRA qui, pour seul motif au port d'armes, clâment qu'ils en ont le droit, et que donc ils se balladent avec leurs gros calibres de bourrins... Mais ce n'est pas de leur faute, bien entendu, c'est celle de la loi américaine.
Je n'ai certes pas besoin de lois pour ne pas faire chier mon semblable, ni même pour éviter toutes les saloperies que la loi me permet...
Alors s'ils n'ont pas envie d'utiliser leurs neurones chez Tazer pour voir au-delà de la censure possible par voie de justice, qui faut-il blâmer ? Il est très facile d'attaquer des associations militantes à gros coups de procès pour les faire taire, ça ne leur coûte pas cher bien entendu. Mais nonnon tout cela n'est pas politique, le bizness ce n'est pas politique, et la vente d'armes encore moins, etc...
 

TH. - 21.09.08 à 21:16 - # - Répondre -

Re: Au dessus de la Loi, le neurone !

Arnaud a raison... Peu importe la nature du conflit, instrumentable à loisir (et tu n'as pas tort...), la base c'est la loi, qui permet et encourage ces dérives.

60millions - 22.09.08 à 00:10 - # - Répondre -

arnaud a tort. Fabriquer des tazer est absolument dégoûtant. et c'est bien parce que les gens ont oublié qu'il ya une éthique dans leurs gestes de tous les jours, particulièrement dans leur travail, que nous nous retrouvons sur une planète en légère difficulté de gestion d'elle même. Tazer, trader, même combat : même oubli éthique. Ca me fait toujours penser aux syndicats des industries d'armements qui se plaignent qu'on arrête de produire telle ou telle saloperie. Et bien oui sur le plan personnel ils ont raison, on assassine leur vie. Sur le plan de la morale ils ont oublié quelque chose.

GGG - 22.09.08 à 10:18 - # - Répondre -

Re:

Je souscris à 100%. Mais il me semblait que le débat était ailleurs entre TH et Arnaud.

Le Taser (zer ? ser ?) est bel et bien une horreur...

60millions - 22.09.08 à 13:49 - # - Répondre -

Re:

 Connaissant un peu le problème pour fréquenter de près le milieu des flics américains, je me permets de revenir sur le débat. Et du coup, d'être un ingrat vis-à-vis de Nikita, qui m'a défendu précédemment, puisque je vais ici être en désaccord avec lui.

 Le problème, à la base, n'est ici pas le Taser ou la société qui le fabrique. L'arme a son utilité. Son usage est préférable dans bien des cas à une arme à feu. Le Taser a justement été créé pour permettre aux flics d'utiliser une arme immobilisant un suspect dans les cas où tirer une arme à feu serait une réaction excessive.

 Le vrai problème, c'est le manque d'entraînement - ou le mauvais entraînement - des flics utilisant les Tasers. Ne faisons pas de l'anti-flic primaire non plus : la majorité ne l'utilisent pas à la légère. L'arme est extrêmement utile, notamment pour la neutralisation de suspects costauds mais rendus incontrôlables par l'abus de méthamphétamines, de crack, d'alcool ou de cocaïne. Elle a été popularisée pour combler le trou béant dans l'arsenal des flics figurant entre la matraque et le flingue - la matraque n'étant efficace que dans le corps-à-corps, et le flingue étant une arme fatale qu'aucun flic n'a envie d'utiliser face à un suspect récalcitrant mais non armé.

 Alors justement, comme avec toute arme, il y a des abus. Il y a des flics - j'en connais - qui dégainent leur Tasers un peu trop facilement, sans doute par paresse, ne voulant pas mettre en pratique leur entraînement en matière de combat rapproché. C'est inacceptable. C'est après eux qu'il faut aller.

 Il y a certes le problème de l'arme elle-même, qui par nature peut provoquer des crises cardiaques chez certains suspects. Malheureusement, il n'y a pas vraiment de remède autre ici que de former des flics qui n'utiliseront leur Taser que lorsqu'ils n'ont pas d'autre choix. Mais les morts par Taser restent incroyablement peu nombreuses au vu du nombre d'armes actuellement en service. Ce qui ne veut pas dire, là encore, qu'elles soient acceptables. Mais bannir le Taser aux Etats-Unis, par exemple, signifierait à coup sûr une augmentation des morts chez les suspects non coopératifs, bastonnés à coups de matraque, ou flingués par balles.

 Enfin, l'autre problème ici est la loi française, qui à coup d'amendements successifs depuis 1881 est devenue un véritable arsenal de censure. Paradoxalement en effet, la loi américaine n'aurait jamais ici donné raison à la société Taser. Ni la loi britannique, ou celles de nombreux autres pays. Il existe d'ailleurs de nombreux sites Web américains ou autres anti-Taser.

 Finalement, une précision : je lis ici et là qu'un Taser envoit une décharge de 50 000 volts. C'est inexact : ce voltage est le pic de l'engin avant décharge, mais lorsqu'il frappe sa victime, le courant est de 5000 volts maximum. Le modèle X26 de la société délivre 1200 volts à l'impact, et c'est vraisemblablement de ce modèle dont il s'agit dans la plupart des cas.

Arnaud H - 23.09.08 à 01:22 - # - Répondre -

Re:

Je pense pour ma part que si le Taser tant à être autorisé pour une partie toujours plus grande de flics, gendarmes et autres policiers municipaux en France, c'est parce qu'il tue moins que les flingues, certes, mais non pas afin de pacifier les relations entre flics et "récalcitrants", mais afin de permettre aux poulets d'étendre leurs capacités d'actions violentes contre le tout-venant, tout en courant un risque moindre de le zigouiller.

Cela va de pair avec le menottage à tout crin dont nous sommes aujourd'hui victimes, la pénalisation croissante de tout acte un tant soit peu subversif, la mutation du sans-papier en délinquant, etc. On retrouve la même logique que celle qu'explicite Foucault dans surveiller et punir : en gros, le système des peines, auparavant ancré dans une logique de spectacularisation de la sentance (gibet, écartèlement, etc.), s'est vu transformé en enfermement sous contrôle, ce qui a permis un accroissement des personnes sanctionnées et partant une gestion élargie des populations suspectes de crimes et délits.

Alors certes, les flics ne peuvent plus buter, mais ils sont légitimés dans l'utilisation d'une arme d'une violence formidable mais que l'on ne considère plus comme dangereuse... Conséquences : les flics sont tout-puissants (et toujours aussi peu philosophe...)

Quant aux flics américains, vraisemblablement, le travail des copwatchers ne t'a pas vraiment touché... Penser que la violence policière ne sera résolue que par un traitement individuel, c'est penser qu'il n'y a pas de causes politiques à cette violence, ce avec quoi je ne souscris pas.

TH. - 24.09.08 à 17:53 - # - Répondre -

Re:

 Je ne peux pas parler des flics français et de l'usage qu'ils font du Taser, car voilà presque une décennie que j'ai quitté la France. Je n'ai cependant qu'à piocher dans ma mémoire et à écouter une anecdote récente qui a touché un ami basané pour ne me faire aucune illusion quant aux abus que l'usage du Taser va entraîner en France.

 Mais là encore, le problème n'est pas l'arme ni sa nature, mais son utilisateur. La police française a besoin d'un bon nettoyage de fond. Et elle a besoin d'être dépolitisée. Mais avec Sarkozy à l'Elysée, bonne chance. Cela dit, ce n'est pas non plus en faisant de chaque uniforme une caricature de pan-pan-la-matraque qu'on va changer grand chose. Il y a des flics de gauche, mais pas assez, sans doute à cause des commentaires pseudo-anars à la con qu'ils entendent dans les soirées de leurs potes.

 De la même façon, j'aimerais que tu relises ma réponse pour te rendre compte que je n'ai pas fait de généralisation sur les flics américains, simplement parce que ça n'est pas possible, ou, plus simplement, parce que les généralisations sont généralement imbéciles (oui, j'ai bien conscience que je viens d'en faire une, une généralisation, mais celle-là se défend).

 Que certains flics et même certaines agences de police américaines se fassent épingler régulièrement par des organisations les surveillant, ça ne m'étonne absolument pas. Mais généraliser à tous les flics américains, c'est imbécile et ça démontre une méconnaissance totale du sujet.

 En passant, j'ai eu affaire à des flics français et des flics américains. J'ai pris un coup de matraque sur les Invalides et respiré ma dose de gaz lacrymogène, et me suis fait contrôler plus d'une fois dans le métro parisien. J'ai vu des bourrins de la BAC jouer aux cow-boys, et des CRS poursuivre des petits jeunes bronzés sous les portes cochères à la mode Oussekine.

 Je préfère personnellement mille fois avoir affaire aux flics américains. Alors certes, je suis blanc et propre sur moi, ça aide. Mais les flics du Nouveau Monde sont mieux entraînés, mieux équipés, et surtout il y a un système judiciaire solide permettant bien plus de recours qu'en France en cas d'abus policier. Il n'est pas parfait, mais il est largement préférable à la machine quasi-intouchable gérée par l'Intérieur.

Arnaud H - 24.09.08 à 18:42 - # - Répondre -

Re:

Ne me retrouvant pas dans les critiques que tu émets, notamment au sujet de ce qu'on serait amené à penser des flics américains, je n'ai pas grand chose à en dire... Idem pour les commentaires "pseudo-anars"... Mais peut-être est-ce trop direct ?
"Dépolitiser la police" ? Contradiction dans les termes. Tu le dis d'ailleurs toi même, puisque tu évoques qu'il existe "des flics de gauche, mais pas assez".

TH. - 25.09.08 à 11:22 - # - Répondre -

Re:

 Par "dépolitiser la police", je ne voulais évidemment pas dire "dépolitiser les policiers", mais ne pas faire de la police le bras armé du pouvoir en place.

Arnaud H - 25.09.08 à 17:17 - # - Répondre -

Re:

 La confusion entre loi et pouvoir est un problème typiquement français, lié au fait qu'il n'y a toujours pas de véritable indépendance des juges non plus. Les deux n'ont pas à aller de pair. Je ne me fais aucune illusion cependant : ce problème persistera certainement pendant longtemps, vu qu'apparemment il semble impensable aux Français d'imaginer une police ou une justice qui ne soit pas à la solde du gouvernement en place.

 Et encore une fois, généraliser à partir de cas isolés n'est pas un bon argument. Berkeley est sa propre petite planète. En passant, tu noteras que ce que font les "copwatchers" en question serait impossible en France. Comme quoi, justement, il y a des recours.

Arnaud H - 26.09.08 à 17:11 - # - Répondre -

la Loi, un marteau du politique

Je pense pour ma part que la judiciarisation mène à la bêtise, car elle n'est jamais neutre. En terme matérialistico-marxiste, elle est même idéologique : en se voulant l'alpha et l'oméga de toute "régulation sociale", elle réifie l'ordre établi. La preuve, lorsqu'on impose des droits et des devoirs aux "usagers" des politiques sociales (prochain RSA, actuel RMI, etc.), soit aux individus, on propose des chartes aux entreprises, chartes qui n'ont aucune valeur devant le juge... Le Droit impose un ordre établi qui rend impensable son contraire.
Alors certes, ce qu'Arnaud propose, c'est la libre expression, donc la déjudiciarisation de certains conflits. Je me range de son côté à terme. Mais dire que Tazer n'est pas à blâmer parce qu'elle ne fait que suivre les possibilités que lui offre le Droit, là je ne suis pas d'accord. Après tout, elle aurait pu se passer de cette action en justice, au profit d'un débat sur son arme qu'il faut bien reconnaître comme dangereuse, voire létale. 
Après, ce qu'en feront les sbires de l'Etat...
Pour ce qui est d'être de gôôôôche ou non, je ne me faisais que l'echo de la saynète SF que le Social Traitre nous offre, voilà tout. Des gauchistes autoritaires friands d'Interdits et de camps de rééducation, il y en a suffisamment pour ne pas être dupe !

TH. - 22.09.08 à 12:59 - # - Répondre -

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