60 millions de social-traîtres II

Bozo über Alles

Il y avait risque. Risque de se tromper. Je déteste Arnaud Viviant, car il est idiot et écrit très mal, et donne des leçons de littérature à de bien meilleurs que lui. Et je ne dis pas ça en l'air : j'ai lu son roman La Ville des grincements de dents, qui est inutile, ô, pas davantage qu'un autre misérable roman contemporain, mais inutile, oui.

Mais ne s'avère-t-il point qu'Arnaud Viviant, sur Facebook, a un ami commun avec moi (le mot ami, sur Facebook, a un sens différent, mais vous le savez, je ne vais pas enfoncer une porte ouverte), et alors que je cherchais à draguer la gueuse dans les amies de cet ami commun, je tombai nez à nez, donc, avec la sombre face de l'Inrockuptible (il y avait aussi Edwy Plenel, mais lui ne fait pas de musique, dignité de l'homme à moustache oblige), et je me rendis compte que Viviant faisait la pub d'un groupe au nom séduisant et malin (comme tout ce que font ces gens-là, et je m'inclus dedans, tiens, soyons honnêtes : l'esprit malin, référencé, potache, s'il fait du mal, certes, je l'incarne aussi trop souvent, alors je ne vais pas me cacher) : le nom dudit groupe, donc, est Ubu über Alles. Ca ne veut rien dire mais c'est drôle, comme n'importe quel nom de groupe fictif est drôle, exemple : The Adolf Finkielkraut Experience. Si, si, c'est drôle, je vous assure.

Bref, j'avais un peu peur car si Viviant écrit et pense comme un porc, force est de constater que le texte de présentation du ci-devant groupe de rock, sur sa page Myspace, est assez percutant, et qu'il s'avère rapidement que le gars Viviant en est tout bonnement le « chanteur ». S'impose alors la question : bordel, et si par hasard je devais me rendre à l'évidence, et avouer que cette musique est en effet puissante ? Ce serait un désaveu cinglant. Comment, Viviant, du talent ? Etc.

Mais non, happy ending, mes frères : écoute à l'appui (et je me suis appuyé tous les titres) la musique est nulle, plus encore que prévu, les textes surtout (pensez que le gars ose convoquer les situationnistes en renfort pour défendre sa conformiste bouillie à peine digne d'une face B de Grand Corps Malade !), et les basse et batterie promises « énormes » (chez le savage Viviant, l'adjectif n'est pas une blague...) ne sont que pétards trempés par une eau des plus croupies.

On dirait un peu une parodie d'Arthur H., époque Trouble-fête. Un vol éhonté, plutôt ! Et puis du sous-Dashiell Hedayat, aussi. C'est-à-dire du sous-sous-Melody Nelson (là, je flatte honteusement, n'oubliez pas les deux sous, surtout). Adoncques, c'est nul. Je suis, méchamment, rassuré. Ce ne sont pas ces énormes basse et batterie qui m'empêcheront de dormir. Et le fait que Burgalat ait qualifié avec bienveillance cette soupe de « bolcho-rap patapolitique » prouve que le vieillard à mêche de Tricatel est gâteux (grâce lui soit néanmoins rendue pour les immenses arrangements de cordes de la reprise de Je t'aime, moi non plus par Mick Harvey, Nick Cave et Anita Lane, mais je crois l'avoir déjà dit il y a trois ans, eh oui, ce blog a trois ans, bientôt quatre).

Il y a encore une solution : tout, la musique, la page Myspace, le texte, serait une blague énorme, et je serais tombé dedans, moi qui viens de pondre quatre fausses biographies de musiciens plus ridicules les uns que les autres.

Le ridicule nous guette tous, mes agneaux... Mais Arnaud Viviant étant l'un de ses plus fumeux prophètes, j'ai bon espoir qu'au contraire, tout ceci soit très sérieux. (Oui, ceci est un a priori, et donc haïssable comme il se doit. Arnaud, fais-moi mentir, si t'es un homme.)

PS : le nom du groupe est en réalité Spam. Ce qui n'est même pas drôle.

Nikita Calvus-Mons le 07/01/09 à 02 h 10 dans Musical-traître
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