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60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Eli, Eli, lama sabaktani ?

Yo, les lads. Ça fait mal d'être un humoriste incompris. Je me mets un peu à la place de Dieudonné. Le monde est sérieux, même les amis d'ici sont sérieux, alors qu'ils ne sont quand même pas les derniers pour la déconne, mince ! Dieu, donc, est amour, même si on n'y croit pas : et je souscris assez globalement à ça, au fond, même si ça me rappelle, je n'y peux rien, mon père, un des meilleurs dessins de Cabu, illustrant je ne sais plus quel coup d'État financé par l'Opus Dei en Afrique et appuyé par l'armée française — on y voit deux adjudants Kronenbourg, prognathes, la mitraillette fumante, bref en train d'arroser généreusement les nègres, et l'un d'eux (des adjudants, je veux dire) ponctue sa salve d'un savoureux « Dieu est amour, bande de sauvages ! » — et je cite de mémoire, vacillante, mais je suis fidèle à l'esprit. Géopolitiquement, en revanche, je suis prenable. N'hésitez surtout pas à me reprendre.

Un peu d'actualité musicale (ah, ah !) : la Star Academy est repartie, l'envie de tuer concomitante aussi. So much for God's love... Ne pas allumer sa télé, dites-vous ? Et je vous remercie de votre brillante intervention ; mais elle est allumée, il faut bien décrire ce qui en sort, non ? Or donc, le concours national de vibratos et tremolos1, ces immondes tics de chanteurs, systématiquement à côté de la plaque, essentiellement inutiles, recommence avec notamment une reprise du seul groupe de l'amour de Dieu, U2 : Pride (in the Name of Love). Le choix du titre, déjà, en dit long. C'est haut la main le pire chapelet de paroles pondu par Bono, à la fin de sa période post-adolescente et pré-Brian Eno2. Par charité chrétienne, il convient de se taire sur la prestation de sous-Diana Krall de comice agricole (piano et voix, rubatos, vibratos, tremolos, syncopes en chamallow, bref, la pure sobriété) de la salope-à-tondre qui a commis cette chose. Voyez, je ne suis déjà plus très charitable. Suis-je perdu pour l'amour de Dieu ? Non, la preuve, je mets la majuscule.


1Comme le dit Yvon Guilcher, le tremolo de fin de phrase est la marque de fabrique du chant variété — en somme, la vulgarité faite train d'ondes sonores. Le kitsch, plutôt que la vulgarité, d'ailleurs.
2Techniquement, en fait, le morceau est produit, déjà, par ledit Eno ; c'est le plus faible (et, ce qui n'est pas surprenant, le single de lancement) de l'album The Unforgettable Fire qui est par ailleurs en tous points remarquable. (Vous pouvez jeter vos Arcade Fire. Mais vous le saviez déjà, non ?) « Pour la petite histoire » (tu le sens mon cliché ?) un des deux ou trois clips tournés pour illustrer ce tube-hymne l'a été par Anton Corbijn, le type derrière Control. « Force est de constater » (tiens, je t'en remets un peu) qu'il y avait déjà un certain talent.

Nikita Calvus-Mons le 24/10/07 à 19 h 11 dans Musical-traître
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Commentaires

Je crois que le maniérisme auquel tu fais allusion (dont Whitney Houston est probablement la représentante la plus spectaculaire) est connu sous le nom de "mélisme" (melisma en anglais). Les vocalises mélismatiques sont une affectation née chez les divas du RnB commercial, et comme le RnB commercial a désormais sa version franchouillarde, ce tic à la con s'est exporté avec.

Ca me donne clairement envie de sortir l'AR-15 pour flinguer les pétasses qui nous les assènent.

Arnaud H - 24.10.07 à 21:14 - # - Répondre -

Re:

C'est exactement à ça que je faisais allusion, oui. Ce qui est incroyable c'est que les mecs et les nanas croient dur comme fer, apparemment, que bien chanter, c'est ça. Et côté harmonie, rythmique, ou justesse d'intention, c'est toujours à côté, toujours. C'est l'équivalent vocal de tous ces musiciens de merde qui ne maîtrisent à peu près rien dans la sobriété, et se lancent au bout de quatre mesures dans des variations complètement ratées, forcément. (Les guitaristes et dans une moindre mesure les batteurs sont friands de ces saloperies. Va trouver un bon guitariste...)

Je ne connaissais pas le mot mélisme, je vais creuser ça. Faut que je retrouve le bout de conférence d'Y. Guilcher où il parle du bal folk, c'est une pépite, et il a cette phrase (qu'il illustre en chantant) sur les chanteurs de variété et le « tremolo de fin de phrase ». Il avait mis le doigt dessus.

PS : OK, compris. On pense tout de suite au Mystère des Voix Bulgares, là. Et pourquoi pas. (Grandes pourvoyeuses de samples, de U2 à Rammstein, d'ailleurs, les Voix Bulgares, de l'Est. Haha. Hum.)

60millions - 24.10.07 à 21:29 - # - Répondre -

Re: Mélisme

Ah oui, c'est excellent.

60millions - 25.10.07 à 00:03 - # - Répondre -

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