60 millions de social-traîtres
« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)
Entre ses reins
Burgalat a mis dans ses filtres une myriade de grains de sable fin ; l'envolée lyrique du I Love You (Nor Do I) de Mick Harvey, au moment où Nick Cave chante « I go and I come / Inside you my love », lui doit énormément ; mais pas tout : car cette chanson déjà parfaite dans sa version originelle (avec BB ou JB), qui colle des frissons de gêne aux plus exhibitionnistes d'entre nous (et vous parlez à un type qui danse à poil aux mariages tropéziens), est le nec plus ultra de la reprise gainsbourienne. La section rythmique, ne tortillons pas, est parfaite : ce batteur au pied sautillant, raide juste ce qu'il faut (mais il y a là-dedans une science du charley caché qui fait que justement ce n'est pas raide, ça ne peut pas l'être quand un bon batteur joue raide, c'est la même chose qu'un comédien talentueux interprétant un acteur de sitcom, les subtilités du charley sont toujours cachées de toute façon, mais elles sont indispensables), ce batteur, donc, aux cymbales poussées dans le temps plus que fouettées, ce bassiste (peut-être Harvey lui-même ?) figurant sublimement la « vague irrésolue » (« Like the wave... irresolute », soupire ce gros ténébreux de Cave). Un gros boulot de mixage, tout ça. Anyway, c'est Harvey le responsable de ce sommet, qui détrône l'original, et c'est très rare : car il y a deux types de reprises, les fidèles et les explosées ; celle-ci de reprise est du genre fidèle, le pire sans doute, le moins intéressant la plupart du temps, et Harvey fait (vraiment, il n'y a pas de discussion à envisager, voulez-vous vous taire ?) mieux que Lucien. C'est ainsi.
« Physical love... is a dead end. Dead end ! » La fraternité entre Gainsbourg et Nick Cave est ici flagrante, dans cet aphorisme cinglant, à mi-chemin du désespoir et de la blague de potache. Il faut entendre Cave planter son « Dead end ! », death-initif bien plus que le « sans issue » original, pour comprendre.
Résumons-nous : Bertrand Burgalat et son sable fin, Mick Harvey et sa science, Nick Cave et sa pompe, Anita Lane et sa gorge. Reprenant Gainsbourg. De la bombe, BB.
Nikita Calvus-Mons le 13/11/06 à 18 h 27 dans Musical-traître
Article précédent - Commenter - Article suivant -