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60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Fin de nuit, colère, lassitude

Dans le bar entre un vieux juif barbu, kippa et costume. Il est deux heures moins cinq. Il est visiblement triste, ou nostalgique, et alcoolisé. Il demande en anglais s'il peut have a drink. Or il est trop tard. Pour ne pas perdre la face, il demande s'il peut au moins regarder les photos accrochées aux murs. Derrière le bar, É. lui répond of course, en chœur avec moi. Puis dignement il salue tout le monde, et sort.

C'est triste. On lui a certainement expliqué, vendu, que le Marais était le quartier juif de Paris, et il est en train de se rendre compte qu'il n'y a rien pour lui, ici, tard. Pas la chaleur promise. Que des inconnus. Et il ne parle même pas français. Alors il se fond, discret, dans la nuit.

Cinq minutes plus tard, rue de Rivoli, je passe devant un ivrogne en short de tennis, une bouteille de blanc à la main, sa queue dans l'autre, pissant sur le trottoir, bien au milieu, vers la rue, sans se cacher. Pudeur zéro. Je lui dis, en passant sur mon vélo : « Quelle classe ! » Je le pense un peu au premier degré...

Dans la tête j'ai l'histoire de cette fille de Boston, italo-américaine, prof de lettres, mariée à un intégriste catholique qui l'obligea, lors de leur première sortie avec un autre couple, à s'asseoir sur la banquette arrière de la voiture, pour laisser parler les hommes à l'avant. Et je me dis que voilà une humiliation réelle, choisie, et un vrai enjeu de lutte féministe. Je connais bien le reste de l'histoire, vous pouvez me croire, chaque détail est consternant. On est au niveau, presque, du mariage arrangé à la chinoise de la sœur de C. — un vrai drame. Et je me dis encore que non décidément je n'arriverai jamais à me passionner pour des statistiques sur la répartition des tâches ménagères chez les bourgeois blancs éduqués et choisissant de rater leur vie en conscience, et en geignant.

Nikita Calvus-Mons le 18/07/07 à 03 h 12 dans Social-traître
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Commentaires

ramolo

Tu deviens mou mou mou... Faut se réveiller! C'est en ce moment que tout se prépare... Dans ma banlieue où l'on crame des bagnoles depuis 2 mois, on se dit qu'on y aller faire un tour à Paris. Pas pour les fringues, les disques ou les soirées... Pour tuer... Y compris les gauchos bien pensants...

Andy Verol - 18.07.07 à 03:43 - # - Répondre -

mais

MAis on n'ira pas, parce qu'on est déjà mort... Et la mort, c'est comme tes tartes aux fruits, c'est pas très bon.

Andy Verol - 18.07.07 à 03:45 - # - Répondre -

pourquoi?

Pourquoi tu m'as lourdé de tes liens? J'ai pissé sur ta bagnole dans la rue et ça t'a pas plu ou quoi? Moi j'ai laissé 60 millions dans mes liens. Mais tu t'en branles... Tu est social-traitre aux social-traitres...

Andy Verol - 18.07.07 à 03:48 - # - Répondre -

Re: pourquoi?

Je ne sais plus...

Mais tu es un peu fatigant à spammer sur tout et sur rien... J'aime toujours certains de tes textes... Depuis quand l'échange de liens (cette ânerie) est-il devenu une valeur supérieure ? « Lourde »-moi si tu veux, je n'en ai strictement rien à faire, je ne fais pas du marketing.

60millions - 18.07.07 à 11:56 - # - Répondre -

Re: pourquoi?

tu es vexé...

Andy Verol - 18.07.07 à 12:49 - # - Répondre -

Position christique vu la conclusion de l'article. Tu tiens vraiment à te faire cruxifier par le fantastic-four-girls-squad (with scissors) ? 

Devant une victime autoproclamée, toujours compatir, c'est la règle. Sinon t'es une sorte de SS qui prétend que pendant la guerre, il était citoyen helvétique. Quand Pinaud-Valencienne viendra pleurnicher qu'il est une victime de l'ostracisme anti-riches, cherche pas à discuter et file lui 1 euro.

memapa - 18.07.07 à 17:27 - # - Répondre -

Re:

Le problème est que ce qui peut m'intéresser dans un tel projet c'est bien le côté « riot girl qui écrit de la littérature », mais pas la théorisation sociologisante-journalistique à outrance — et ce que je crois déceler d'aigreur dans certains propos. Si on accepte sans broncher que le concept de type-qui-bande-mou puisse être stigmatisé sans dommage (preuve quand même qu'on ne pousse pas bien loin la réflexion, puisqu'il est évident pour n'importe quelle jeune femme de plus de 21 ans que mettre la pression sur un mec sur ce sujet précis, c'est s'assurer qu'il débandera encore plus, mais passons... on se demande quelle sorte d'« hétérosexuelle » autoproclamée peut continuer en 2007 à pratiquer cette politique de terre brûlée), je ne vois pas tellement pourquoi on se formalise d'une mauvaise blague sur les nombreuses filles  qui mettent les dents ou pratiquent au bout de deux jours de relation le chantage affectif, par exemple. Il y a une mauvaise foi évidente là-dedans. Une sorte d'hémiplégie, de communautarisme pervers à se ranger dans un camp (celui des filles) alors que la guerre est ailleurs et qu'on le sait très bien, bien à l'abri dans son petit confort parisien, et pas plus névrosée et/ou aliénée que le célibataire masculin de base. Ça m'énerve, que ça émane d'un mec (et Jill sait de quoi je parle) ou d'une nana. Le concept de « domination masculine » chez les bobos très égalitaires d'intra muros, excuse-moi !

60millions - 18.07.07 à 18:13 - # - Répondre -

Re:

"Le concept de type-qui-bande-mou" n'est pas stigmatisé dans le post de Cig Harret. Il n'est pas question non plus de fille qui met la pression sur un type dans cette situation. Elle relate tout simplement le fait que nous avons parlé de ce problème. C'est un phénomène qui existe. ça ne nous fait pas rire non plus. On peut l'appeler autrement si on veut mais là, on va commencer à s'embarquer dans du politiquement correct s'il faut mettre des pincettes pour nommer ce qui heurte ces messieurs, sans les froisser. Elle fait un lien avec son titre qui est un peu faux, elle mélange un peu toute la conversation, mais je crois qu'elle était encore bourrée quand elle l'a écrit. Le titre était tout à fait justifié dans le contexte de notre conversation qui partait un peu dans tous les sens. L'expression exacte c'était : "tu la cunnilingueras, autant qu'elle te piperas". Elle est de moi. Nous parlions d'un gros macho qui refusait de cunnilinguer sa femme mais qui lui demandait de la piper. Il n'y a rien de vulgaire à parler de ces choses. Ce n'est pas un délire de lectrices de Elle ou de "riot girl". C'est le symptôme d'un truc vraiment crade et qui est présent dans les sociétés les plus machistes (et donc aussi dans toute une frange de la population, chez nous) : les femmes doivent répondre aux désirs sexuels de leurs maris et à sens unique. ça vous dit rien des chanteurs de ragga qui refusent en bloc le broute minou et qui se vantent d'avoir un anaconda dans le slip ? Evidemment, nous ne sommes pas concernées directement. On est du genre à fuir ce genre de mec, vous l'aurez bien compris. Mais nous entendons autour de nous ce genre de truc, de la bouche de filles qui vivent des situations très différentes des nôtres. Voilà le genre de conneries dont parlent des viragos alcooliques quand elles se rencontrent. On parle d'amour aussi.

monierza - 18.07.07 à 23:02 - # - Répondre -

Re:

Bon, je vais calmer le jeu. Je me suis emporté aussi. Ceci dit, « virago alcoolique » était de l'humour, pas une agression, et un moyen (maladroit peut-être) d'envoyer des gens vers chez vous parce que j'aimais les textes que j'y avais lus.

Après, l'enflammement du débat, chez vous, sur les tâches ménagères, je l'avoue, m'a déprimé, m'a rappelé les pires impasses dialectiques que j'ai pu subir récemment avec d'autre (sans s, à dessein, Jill pigera). Du coup j'ai eu besoin d'éructer un peu.

Moi non plus, Elle, Technikart (consumériste de base qui vient comme par hasard de lancer son féminin...), ce ton-là... J'aime pas plus que Memapa et l'Aboli. Quand je disais que j'aimais le côté « riot girl », c'était par manque d'une expression plus parlante. En fait je préfère et de loin votre veine littéraire, gonzo, impliquée avec les tripes. C'est pas grave, je zapperai à l'avenir les pages « défonce de la consommatrice », pour ne pas m'énerver.

60millions - 18.07.07 à 23:54 - # - Répondre -

Re:

Ah ... Elle a raison, là. Cette histoire de bandard mou, c'est très secondaire, en l'occurence. Les conneries qu'on raconte en étant bourré(e). En plus, en parler avec autant de fougue, ça revient à prendre au sérieux l'imagerie femme-fatale/tueuse/insatiable, reflet éternel des fantasmes masculins inversés, qui n'existe que rarement dans la réalité (ou qu'on ne rencontre jamais), et qu'en tout état de cause, le girl-squad n'a jamais prétendu incarner ou défendre.
En plus, n'oublions jamais que nous sommes de purs esprits, maniant le concept et ne nous abaissant pas à de si futiles récriminations. D'ailleurs depuis l'ablation de la langue et de la bite, je suis bien au dessus de ce "débat" oiseux cuni vs pipe. Si ça t'interesse aussi, mon chirurgien peut te faire un prix.

memapa - 19.07.07 à 00:56 - # - Répondre -

C'est assez bien vu. Ce qui me gêne moi est un peu différent. Pour simplifier, les gender studies pop me gavent. On en trouve plusieurs versions - finalement très proches : l'essentialiste bas du front du genre "Les hommes viennent de machin, les femmes viennent de bidule", l'aliénée consumériste et fière de l'être du genre rubrique girly de Elle, l'aliéné lobotomisé du genre rubrique shav de FHM et, la version riot grrrl, en gros la version Elle avec plus de gros mots.

Ce qui m'ennuie là-dedans c'est le discours par induction (ça me concerne, ça concerne trois personnes autour de moi, c'est donc la règle), première étape vers l'essentialisme (c'est la règle, et c'est comme ça). Je me fous des grandes théories, de la réduction au concept, de la généralisation, quoi. D'abord parce que je ne me reconnais jamais dans ces belles catégories qu'on me présente, que je ne lis pas quelque chose pour m'y reconnaître (l'identification n'a aucun intérêt) et que la singularité devrait s'assumer un peu (les donneurs de leçons m'exaspèrent. Ceux qui racontent leur vie peuvent être plus intéressants, s'ils savent bien raconter).

Enfin bon, hein.



aboli machin - 18.07.07 à 19:40 - # - Répondre -

Re:

Ce qui m'ennuie là-dedans c'est le discours par induction (ça me concerne, ça concerne trois personnes autour de moi, c'est donc la règle), première étape vers l'essentialisme (c'est la règle, et c'est comme ça). Je me fous des grandes théories, de la réduction au concept, de la généralisation, quoi. D'abord parce que je ne me reconnais jamais dans ces belles catégories qu'on me présente,

Idem, idem, et idem.

60millions - 18.07.07 à 23:59 - # - Répondre -

Bon, faut arrêter, là, les garçons. Théorisations à outrance (et de mauvaise foi) devant l'inéductable montée en puissance du girl-power. C'est perdu d'avance de toute façon : c'est une forme d'affirmative action qui veut que les arguments de la victime soient toujours plus à prendre en compte non pas parce qu'ils seraient de meilleure qualité, mais parce qu'ils émanent d'une victime.
Ce qui serait plus interessant, ce serait de savoir pourquoi, comment, à partir de quand le statut de victime  peut  être réclamé (même en dépit de l'évidence contraire) et au final accordé par les tortionnaires, voire par l'ensemble des unvictims.

memapa - 18.07.07 à 21:29 - # - Répondre -

Re:

Cette histoire de victimes, ça t'est venu en lisant ce commentaire par exemple

on vous parle de problèmes de fille, et vous, vous faites quoi ? Et moi et moi et moi. Comme si un Noir se plaignait à un Blanc des problèmes de racisme dont il est victime, et que le Blanc répondait : ouais ouais d'accord, mais tu sais moi en tant que Blanc, je souffre beaucoup, je ne suis pas crédible pour faire du hip-hop et en plus les gens pensent que j'ai une plus petite bite que toi.

J'adore. Le sens de la mesure (la comparaison est un peu molle quand même, moi j'aurais mis un juif et un nazi plutôt). Et l'envoi, "je vous parle de moi en prétendant être universelle et vous vous faites quoi ? Vous parlez de vous".

C'est quoi la définition de l'égoïsme déjà ? Ah oui, un égoïste c'est quelqu'un qui ne pense pas à moi.

bibelot - 18.07.07 à 22:12 - # - Répondre -

Re:

Exactement. Et je me suis fait la même reflexion : c'est un peu mou du genou, noir/blanc ; juif/nazi aurait été préférable. Et puis il y a cette obscénité de tirer la couverture à soi à partir du malheur des autres par contiguité (en l'occurence : le fait d'etre une femme payée 30% de moins est quelque part à rapprocher du fait de se faire gazer en Pologne). C'est d'ailleurs pour ça que je n'ai pas répondu : on partait en plein point Godwin en moins de 5 secondes.

memapa - 19.07.07 à 00:47 - # - Répondre -

cénacle intellos?

Le principe ici en fait, ce sont des gens de gauche qui vivent dans des centre-villes et qui trouvent navrant que Sarko soit élu, que Ségo, c'était pas bien... Ma femme et moi on vit avec un smic dans les quartiers que des gauchistes jeunes misérabilistes comme vous ne fréquentez que parce que "c'est siiii vrai"... Stop. Please. Les riches sont riches. Les militants terroristes assassins et brutaux s'occuperont de vous... Même si vous êtes de gauche... Vous puez quoiqu'il arrive... c'est ce que le titre de ce blog vous explique...

Andy Verol - 18.07.07 à 23:55 - # - Répondre -

Re: cénacle intellos?

Andy on t'aime. C'est pas nous qu'écrivons des bouquins, alors pour intello, faudra revoir le concept. C'est qui qui sort un roman en 2008 ?

monierza - 19.07.07 à 00:03 - # - Répondre -

Re: cénacle intellos?

Tiens j'avais mis « on t'aime » aussi, initialement, et puis je me suis dit, je suis peut-être le seul. Gonzo forever.

60millions - 19.07.07 à 00:06 - # - Répondre -

Re: cénacle intellos?

Putain, tout ça pour un lien qui a sauté ? Andy, je t'aime bien, mais tu devrais arrêter de lire des blogs quand tu es bourré, on est nombreux à s'être pris les pieds dans le tapis et à s'être mis à insulter tout le monde sous l'influence des stupéfiants. Le lendemain, c'est la honte.

Intello toi-même.

60millions - 19.07.07 à 00:05 - # - Répondre -

Re: cénacle intellos?

La différence, c'est que je suis grillé... Que je suis alcoolique... Et que... Merde... Vous faites chier... Mon roman est pas intello, sale gauchistes nazis de putes de collabos de bourgeois de beaufs de ... C'est bon... Je suis à poil devant vous. J'ai honte... Mais quand tu picoles tout le temps, t'aime bien qu'on te regarde le zizi tout mou / p'tit... Les matins où les costards cravates te matent parce que tu roupilles dans le parc avec ta couette... Et tu sais plus très bien pourquoi t'es arrivé là... pendant la nuit.

Bon merde. Un lien c'est comme une bise sur la queue au petit matin, ça fait du bien. 

Andy Verol - 19.07.07 à 00:51 - # - Répondre -

Re: cénacle intellos?

Ok, salope, je le remets.

(La vérité c'est que je ne sais plus pourquoi je l'avais enlevé. Ca m'arrive de faire un peu "tourner"...)

60millions - 19.07.07 à 12:51 - # - Répondre -

et

et je suis bourré pété comme un coin... ASSSHHHOLLLLLEEEESSSS

Andy Verol - 18.07.07 à 23:59 - # - Répondre -

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