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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Wolf Eyes

Hier soir à la Miroiterie. Tellurique. La musique de la décadence. Bientôt fini l'Occident, dans la douleur. Devant moi, un type brandit en cadence son bras droit tatoué d'un serpent — dès qu'il identifie un rythme, ce qui n'est pas toujours facile. Je ne vois que ce bras et le crâne rasé du type dans la lumière diffuse, à contre-jour, poisseuse. Pas de Noir dans la salle. Assister à cette messe noire pour petits blancs, conduite par trois Nord-Américains dont le seul but semble être de concasser l'espace, de fusiller les tympans ? Peut-on danser ? Y a-t-il une once de chamanisme, ici ? Oui. On bouge sa tête, transe lente ; moi je remue les jambes car j'identifie le débit à la croche, que je cherche comme d'habitude, c'est l'instinct ; oui, il existe ce débit, noyé dans le maelstrom où j'ai même perçu les bribes d'un blues, tellurique je répète. Irréversible, comme le film. Dès l'entrée dans la salle, suée instantanée ; je renonce à m'essuyer, m'abandonne au pilonnage (« très bruitiste », avait prévenu G.) des basses, à l'agression incontrôlable des aigus, je perds un litre sous l'assaut, puis deux, vague envie de vomir, il faut manger avant de faire ce genre de sport, dans une étuve et sans pouvoir étancher sa soif. Il y a une idée de suicide collectif qui plane, et prend la forme d'un pogo de jolies filles — c'est aussi du bruitisme hype, les Wolf Eyes, adoubé par John Zorn. Je porte ma chemise de gala, la « ugly in a nice way shirt » que je mettais dans les concerts de Colder pour casser un peu la ligne noire prônée en creux par le patron. Je suis vieux donc ne pogote pas et on ne m'a jamais vu faire sérieusement le signe du diable avec l'auriculaire et l'index. Je proposerai d'ailleurs bientôt une motion d'écartèlement des imbéciles grégaires pratiquant ledit geste jusque dans les concerts de Dionysos. (Je confesse l'avoir souvent fait pour rire, un peu comme on fait un solo de air guitar sur du Pat Benatar. Probablement qu'à ces instants j'ai dû donner des envies de meurtre à un type comme moi, ou à un Andy Verol en roue libre... « Eh, connard, le geste avec les doigts, tu le faisais pour rire, ou tu étais sérieux ? — Rock'n'roll, man ! — Prépare-toi donc à mourir. »)

Nikita Calvus-Mons le 18/07/07 à 13 h 55 dans Musical-traître
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Commentaires

Quoi? John Zorn? Je m'en veux à mort d'avoir loupé ça. C'est à cause de ce monsieur que je m'étais mise au sax. Fuck, fuck, fuck.

gc - 18.07.07 à 14:23 - # - Répondre -

Re:

Oui, et il y avait un sax sur scène, qui hurlait comme il se doit.

60millions - 18.07.07 à 18:17 - # - Répondre -

head bang

oui c'était du vrai concert.... fou comme cette sorte de pogo rampant, de headbanging au ralenti a pu faire danser les gens... se trémousser dans un mouvement  lent et appuyé d'une grande sensualité collective, je veux dire c'était un coït, un de ceux qui prennent leur temps, rien d'autre, les culs des femmes, leur bras en l'air, le sourire de ceux qui sont en train de prendre. cette énergie noire.. j'ai adoré Wolf Eyes. J'ai pensé à Slushy mais qui... à part moi je ne sais pas.... j'ai pensé à du Swans version branleurs, et ca n'est pas du tout une critique, j'ai pensé à plein de choses en fait. Mais j'ai surtout senti, ca vibrait de partout, ca déchirait, ca écrétait les tympans. Il ya bien longtemps queje n'avais pas vécu quelque chose d'aussi foutrement (anti) rock n roll.

 

GGG - 20.07.07 à 18:29 - # - Répondre -

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