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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Flight of the Conchords, rois de l'humour référencé

En deux épisodes, Flight of the Conchords m'a emballé pour de bon. Pas que je fusse très hésitant : les cinq premiers excellaient déjà dans ce mélange pointu de comédie parodique et de dépression masquée qu'incarnaient pathétiquement Bret (« Brit », avec l'accent néo-zélandais, qui est important) et Jemaine, sans oublier leur incroyable « manager » Murray dont le coup d'éclat, jusqu'ici, aura consisté à vendre un morceau du duo à un éditeur de cartes de vœux musicales ! (Sans qu'ils se choisissent un autre manager, bien que le type gère son agenda avec un Commodore 64. Là est le génie de la série : ce sont des faibles, des trop gentils, dont tout le talent et tout l'appétit de vivre sont concentrés dans les chansons. Leur vie quotidienne est un désastre.)

Mais le sixième épisode invoque le fantôme de Bowie à trois reprises (dans l'ordre : Ziggy Stardust, le Major Tom de Ashes to Ashes et le personnage que joue le chanteur dans l'obscur film Labyrinthe, réalisé par le créateur du Muppet Show) et rien que pour ça il vaut déjà le détour. Mine de rien, ces deux jeunes insolents se moquent ici d'un géant, probablement l'un des dieux — si ce n'est le Zeus — de leur adolescence. Évidemment, je me suis demandé si pour quelqu'un qui n'aurait aucune connaissance de ces disques (ça existe, bien sûr ; tout existe), le finale de l'épisode, condensé ahurissant — et délicatement satirique — de tout l'univers spatial de Bowie, possédait un quelconque intérêt. Je pense que non. Ce n'est toutefois pas mon problème, car je connais ces disques, pas par cœur, mais assez pour être à la fois ému et plié en quatre à la vision du détournement par Flight of the Conchords, ce duo d'érudits pop, de l'œuvre hallucinée — le Major Tom était en effet un drogué — d'un de leurs maîtres.

Quant au septième épisode de cette première saison de la série, il est une variation point très originale mais parfaitement menée (avec même un twist final digne de, allez, Hitchcock, soyons fou), et désopilante, comme dirait ma grand-mère, sur le thème du racisme, qui me fait toujours autant rigoler.

Ce qui me permet de faire le lien avec Ricky Gervais, peu avare sur ce plan-là (quelques scènes d'Extras, son excellente série sur les acteurs en galère, mettent les pieds dans le plat avec le génie qu'on lui connaît depuis The Office). Murray, en effet, le manager foireux du duo néo-zélandais (incarné par Rhys Darby), est le cousin germain de l'ineffable, oui, l'ineffable, comme dirait mon grand-père, David Brent.

Don Calvus le 07/03/13 à 06 h 42 dans Musical-traître
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