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60 millions de social-traîtres

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

La Possibilité d'une île

Je pourrais pontifier jusqu'à l'écœurement, le vôtre ; vous faire vomir de mépris à la lecture d'« analyses » littéraires trop arrogantes, trop... définitives, alors qu'en réalité je ne saurais pas plus que d'habitude où se situe la Vérité. Bref je pontifierais.

Et je recopierais des passages, ceux, pour commencer, qui m'ont arraché une larme — passages issus de ce livre que j'ai commencé à lire au fond du goufre (chimique, donc éphémère, comme le sait Michaux) et dont la totale noirceur m'a pourtant hissé à la surface, comme seule la littérature, celle-là, au moins, peut le faire ; délicieux paradoxe.

Mais il y a Ceux-qui-savent (que l'auteur est un con, estampillé comme tel pour l'éternité médiatique ; un con raciste, de surcroît, et misogyne, deux défauts rédhibitoires, on en conviendra).

L'auteur, d'ailleurs, au début de son livre, cherche comment s'arranger avec Ceux-qui-savent. Cherche qu'en faire, comment, en réalité, s'en débarrasser. Il cherche la solution. Au bout de cinq ou six pages un peu fumeuses, la solution est trouvée, sous la forme d'une brillante et jouissive autocaricature, férocement drôle, motivée par le désir d'en finir avec les illettrés qui rôderaient encore dans les parages, d'expédier « là-bas si j'y suis » Ceux-qui-savent — qu'il est un con et que ses bouquins, partant, ne valent rien (le sophisme est connu, rebattu, il ne témoigne généralement que de la bêtise crasse de celui qui le profère).

En substance, ça donne un peu : « Oui, c'est ça, ducon, je suis islamophobe ; tiens, prends-en encore une louche, va raconter ça aux lecteurs de ton torche-cul, allume-moi, compare-moi sans vergogne à tout et n'importe qui, fais, en bref, ton œuvre déplorable de gratte-papier ; puis laisse-nous, à présent ; le roman va commencer, sans toi. Prends tes Bégaudeau et va jouer au square. »

Et ledit roman est vertigineux ; oui, il procure cet unique vertige métaphysique ressenti à la lecture des bouquins de Dick. Il est sombre, émouvant, honnête et provocateur, et contient les plus belles pages depuis longtemps sur l'amour (aïe, Ceux-qui-savent tiquent encore : « impossible »).

Émotion, donc, oui.

Le livre étant signé de Houellebecq Michel, il a été lancé à grands renforts de marketing, honteux, comme tout marketing. Ce qui m'a suffi, à moi aussi, pour ne pas le lire avant aujourd'hui, et encore, par hasard (mon conformisme me tuerait, si je n'y prenais pas garde). Ce qui suffit comme argument à des tas de types sérieux pour déclarer que c'est une merde. Mais des merdes comme ça, j'en mangerais au petit-déjeuner. Et ça fait extrêmement longtemps que je n'avais pas autant apprécié le goût de la merde.

Nikita Calvus-Mons le 16/07/08 à 13 h 40 dans Littéraire-traître
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Commentaires

Tu as ta façon bien à toi de dire les choses... Mais je suis d'accord ; 1) sur la méthode : attendre que les hystéries soient retombées (vu notre époque, elles retombent toujours, et surtout de plus en plus vite) ; 2) sur le fait que Houellebecq est un bel et authentique écrivain, quelles que soient les appréciations que l'on puisse porter sur le bonhomme (qui au demeurant n'est sans doute pas si méchant.)

Où il en est maintenant, il doit juste veiller à ne pas tomber dans certains pièges. Son dernier roman, par exemple, dont j'ai aimé l'ambition, l'originalité et la puissance, témoigne d'un certain relâchement stylistique et de quelques facilités. C'est un détail s'il ne s'agit que de ce livre-là, mais il ne doit pas céder à cette tentation.
Maintenant, qu'il y ait des pro- et des anti-, voilà chose assez normale : il n'écrit pas pour faire consensus. Le tout est qu'il n'y prête pas attention ; sa littérature est à cette condition.

MV - 17.07.08 à 10:49 - # - Répondre -

Bah, personne pour relever le troll ?

J'avoue que j'ai pas osé lire le dernier, le précédent m'étant tombé des mains. Mais il paraît que son adaptation en chanson est d'enfer.

Bisou.

bob l'aboli - 20.07.08 à 14:24 - # - Répondre -

 Putain, vu d'ici, je ne m'étais pas rendu compte qu'on avait une nouvelle classe de Sainte-Beuve, en France. Bon, cela dit, il y a aussi des auteurs qui devraient fermer leur gueule en public. Mais bon, je ne lancerai pas la pierre à ceux qui expriment des pensées originales.

Arnaud H - 22.07.08 à 16:19 - # - Répondre -

MV is right

Ok avec MV. A raison et par expérience : évitons de lire l'actu, l'écart procure d'immenses plaisirs singuliers. Pas idiot comme démarche ou plutôt si, superbe idiotie fustigeant l'imposture, mais alors, que signifie cette délectation du parcours à contre-courant et sa nécessité de le publier, d'en informer les autres ? Est-ce un conseil : "imitez-moi ?"; "MH pas si nul ?"; "Ecoutez pas les médias..." ? A une lectrice de trente ans qui se tape un livre par jour, je demandai début juillet : "Et MH tu l'as lu ?" Réponse : pas le temps, je suis entre Montaigne, Rabelais et Musil, de vieux amis tu sais...". Savoir choisir ses amis. Dis moi qui sont amis, etc.

PDF - 30.07.08 à 15:11 - # - Répondre -

Re: MV is right

Non mais quelle "délectation" ? Eh oh... Lire Houellebecq, je ne me souviens pas avoir dit que c'était une attitude "à contre-courant". Il faudrait que je sois un sacré con ! Merci de me reconnaître un peu plus de subtilité... Du reste, je publie maximum deux notes par mois depuis un bon bout de temps déjà, je n'ai pas l'impression d'avoir un besoin vital de me vanter-délecter-épancher de quelque "attitude" que ce soit. En revanche je maintiens que les sarcasmes à la con sur ce genre de sujet effectivement très facile (MH, donc) me fatiguent de plus en plus (je n'y réponds d'ailleurs plus, en bon "troll" qui vous emmerde puissant, les gars). Je ne mets pas ton commentaire dans les sarcasmes faciles et prévisibles, P. Disons que je réagis ici globalement. Quels procès de merde on vous fait, parfois...
Et puis les répliques à la "pas le temps", désolé mais moi ça ne m'a jamais séduit, même chez les lectrices de trente ans qui se tapent un livre par jour (quelle chance, et pourquoi pas un mec par jour, hein ?). Surtout si c'est pour se draper derrière Montaigne-Rabelais-Musil. Et puis quoi encore ? Il n'y avait pas plus "fédérateur", chez cette conne, pour se la jouer ? Moi je lis "Fatherland" de Robert Harriss, un thriller uchronique terrible (terrific), et Robert McLiam Wilson (Eureka Street), qui m'a passionné, pas comme Musil. Eh oui, je suis un con qui ne lit que deux ou trois livres par semaine, ces temps-ci, et j'emmerde les connes de trente ans.
"Pas le temps"... Ca me rappelle ce comptable, dans mon ancien boulot, qui avait l'air un peu maussade et à qui j'avais demandé : "Ca va Hervé, tu as l'air un peu déprimé ces temps-ci ?" Lui : "Déprimé, moi ? Pas le temps !"
Ah bon, d'accord...
"Pas le temps"... Quel cliché t'a sorti cette nana...

60millions - 31.07.08 à 16:54 - # - Répondre -

Re: MV is right

La possiblité m'est tombé des mains vers le tiers/la moitié du bouquin.

Concernant Houellebecq, j'en reste au semble-t-il indépassable Exension, ou alors ses textes courts d'avant (Lazarotte, par exemple, ou encore ses poèmes).

Je n'ai pas compris La possibilité, faut-il que je ré-essaie ? Sachant que je ne lis qu'un livre par mois, deux au mieux, le rapport investissement/bénéfice est-il intéressant?

vfwh - 13.08.08 à 08:42 - # - Répondre -

Re: MV is right

Lanzarotte

vfwh - 13.08.08 à 08:42 - # - Répondre -

 Je ne reviens pas sur MH. Juste pour dire que, moi aussi, j'ai adoré "Fatherland" !

MV - 04.08.08 à 15:05 - # - Répondre -

Appel à contributions

Eh vieille peau, j'ai fait un appel à contributions sur mon site, vas voir bordel!

Andy Vérol - 04.08.08 à 19:25 - # - Répondre -

Recette de la tarte à la Merde.

Recette de la tarte à la Merde (ou shit-cake pour nos amis anglophone)

Couper 375 gr de beurre ramolli à température ambiante en petits morceaux et l'écraser dans une jatte avec une spatule en bois en procédant rapidement. Mélanger 10 cl de lait, 2 cuillerées de sucre. Verser le liquide sur le beurre en mélangeant. Tamiser 500 gr de farine type 45 au-dessus d'une jatte. L'incorporer en plusieurs fois au beurre. Pétrir très rapidement la pâte pour obtenir une texture sablée. la poser sur un plan de travail fariné et l'écraser sous la paume en la poussant devant soi. façonner une boule de pâte, l'aplatir et l'enrouler dand un film alimentaire. La laisser reposer au moins 2 heures au réfrigérateur. Etaler la pâte dans un moule à tarte, la faire cuire à four préchauffé à 180°C 30 minutes.

Il est préférable pour l'étape suivante, que l'individu fournissant la matière première soit en bonne condition physique (les gastro-entérites sont la source de bien des problémes concernant la texture même de l'appareil).

Garnir la tarte de 450 gr de merde Fraîche (donc tiéde), soupoudrer de sucre glace.

A consommer donc de préférence au petit-déjeuner.



 

Gaz - 29.08.08 à 17:36 - # - Répondre -

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