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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Le groupe de rock à deux dollars qui donne envie de voter Le Pen

Avertissement : ça va faire mal. Mais, puisqu'elle fait un portrait de moi flatteur à l'extrême en préambule de son texte sur le concert du Silver Mount Zion, je me dois de préciser à A. que je la trouve exactement comme elle se décrit sans, je le sais, y croire. En effet cette fille a quelque chose d'exceptionnel qui ne m'échappe pas. Mais enfin, bon. Hier, elle s'est faite balader par des fumistes et il ne peut pas lui en être tenu rigueur. Les insultes adressées ci-dessous, par moments, au public ne la concernent pas. C'est la masse qui pue. Les individus avaient de bonnes têtes.

Alors, quoi dire sur cette soirée effrayante d'hier soir ? Je crois que c'est la première fois qu'un concert me désespère, au sens propre. Ce matin, la nouvelle d'une énième fusillade dans une école américaine ne m'a pas surpris. Je l'ai comprise. Ce geste de désespoir était inévitable, dans un monde moderne où des gens aussi nuisibles que les connards du Silver Mount Zion, ou quel que soit leur nouveau nom à la gomme, opèrent à découvert. Heureusement, le reste de ma journée fut apaisant, bien que je me sois fait une belle entorse à la cheville en jouant au foot au parc André-Citroën avec quelques heureux imbéciles qui ne savent probablement pas qu'une chose telle que le post-rock existe et qu'il est possible, à Paris en 2007, d'assister au spectacle édifiant d'une foule bêlante et conquise par une bande d'antipathiques énergumènes jouissant de mettre plus de trois minutes à accorder leurs instruments en public. Qu'il faisait beau today ! L'espoir, le mien, est revenu. Celui d'un monde où c'est Carp, merveilleux groupe de musiciens inspirés, élégants, furieux et humbles, qui jouerait en tête d'affiche, et Silver Mount Zion, tas de poseurs stupides et imbus de leur art, qui ouvrirait la soirée, sous les jets de tomates pourries, de pierres acérées et de préservatifs hâtivement remplis aux toilettes dans une succession ininterrompue de râles de saine colère. La branlette considérée comme art de destruction massif des idoles de la masturbation intellectuelle !

Mais c'est l'inverse qui, dans ce monde de merde, advint hier au Cabaret sauvage. Qu'y vis-je ? Le concert de ces superstars du rock conceptuel, avec en première partie, donc, Carp. Expédié à l'entracte, par quelques formules lapidaires qui me laissèrent coi et probablement contribuèrent à l'élévation progressive du niveau de ma colère : « C'était mou. » Ou encore : « Ils jouaient trop lentement, pas assez fort. » Je me suis tu, consterné par la bêtise de ces arguments ; d'autant que je me doutais bien que les stars du soir n'allaient pas particulièrement jouer plus vite, plus fort et plus tendu, d'abord car leur réputation artistique les précédait (la vieille garce), et ensuite pour la bonne et excellente raison que c'était impossible. (Sophisme, oui, mais je vous emmerde. D'une force ! Car je suis persuadé que vous auriez aimé cette merdouille sadisante, comme les autres.)

Les gens qui avaient fui le concert de Carp étaient les mêmes, sourds comme des pots et en proie à une hystérie collective tout à fait remarquable, qui étaient à genoux à peine une demi-heure plus tard par principe, parce qu'on leur a suffisamment seriné que Da Bloody Silver Zion Monstah était le meilleur groupe du monde, devant, donc, une bande de poseurs qui faisaient systématiquement la même chose, alternance ultra-prévisible et lénifiante de moments calmes souillés par une voix absolument immonde et de fausses explosions m'évoquant, je le répète, outre la cocasserie des pétards mouillés, la sourde impuissance des éjaculations solitaires, en hiver, dans des draps sales. Cette musique est affreuse. Elle est affreuse ontologiquement. Elle ne peut pas être autre. Qu'on me comprenne tout de suite : le niveau des musiciens n'est pas en jeu. Il est irréprochable et quand le groupe, ou au moins sa section rythmique, se met à jouer, on entrevoit la classe (les cordes et les guitares, quant à elles, bien que tatouées aux épaules, ne savent que chier des mélodies d'une niaiserie qu'on reprocherait à des enfants de huit ans ; quand le second guitariste de Carp, lui, avec un simple bottleneck et un delay, faisait sonner un sublime orgue de cristal enrobant une voix enchanteresse). Non, c'est le propos de ces Canadiens, et de leur show, qui est immonde. Éthiquement immonde. (Oui, il y a un propos inconscient à l'œuvre dans n'importe quel concert, que ne le saviez-vous pas déjà, tas d'abrutis !) Silver Zionist pue le caca bourgeois point encore kärcherisé par l'esprit salutaire du punk. Pue énormément la branlette crypto-artistique. Donc pue, en toute objectivité, la mort. Et c'est, mes biens chers frères, ce que nous allons démontrer en quelques points.

D'abord, que nous dit ce concert sur l'époque actuelle ? Qu'un public de gens bien intentionnés s'extasie sincèrement (je n'ose y croire, je préférerais encore qu'on m'avoue qu'on se la raconte tous, là-dedans, parce qu'on ne comprend rien et que, mais bien sûr, il n'y a que le génie qui soit incompréhensible ; mais non, je crois bien que les gens, une bonne partie, apprécie sincèrement cette daube, y trouve des vertus immenses, comme A. qui, et c'est là que vous allez pouvoir commencer à me mépriser, m'a invité à ce concert sur lequel j'ai tant de plaisir à me défouler), que ce public donc s'extasie sur les séances laborieuses d'accordage d'une poignée de wankers québécois, ça raconte quoi ? Que ce public est un public de protozoaires, de robots à peine conscients. Qui trouve « mou » un groupe d'authentiques musiciens mais se pignole sur dix minutes de gratouillis supposément intimiste. Waouh ! Gimme the gun, dirait PJ Harvey ! And make it be a Lüger ! j'ajouterais. Car le fait est que le public est nombreux et qu'il entre en transe. Bref, que l'arnaque fonctionne à fond les ballons. Ce qui révèle donc un peu, beaucoup, sur l'époque : car il est inutile d'imaginer que la masse est composée d'abrutis. C'est bien sûr faux. Il y a des tas de gens intelligents, sympathiques, ce soir, au Cabaret sauvage. Qu'est-ce qui les fascine dans cet étalage de prétention ? Et qu'est-ce qui catalyse, qui facilite cette fascination ? Un masochisme de crise ? Lester Bangs, es-tu là ? Qu'aurais-tu dit, toi, à propos de ces blaireaux ?

Qui font de la politique, aussi. Je m'étonne qu'une fille comme celle-là se laisse prendre à ce jeu-là. Personnellement, j'ai bien écouté, et je n'ai pas entendu la même chose qu'elle. J'ai entendu un binoclard hautain et faussement convivial demander à un public de veaux combien des personnes le composant allait voter, et déjà la question mérite le goulag ; puis finir sur un truc du style : de toute façon, ça ne peut pas être pire qu'en 2002, hein ? Ce qui, outre le fait qu'il est mal renseigné, démontre sa totale démagogie et que l'anticapitalisme qu'il professe apparemment dans des interviews — so what ? faut-il lire des interviews pour juger de la qualité d'un spectacle ? — ne le protège pas contre la bêtise. Pendant tout ce moment de pur conformisme, il... prenait un malin plaisir à s'accorder, lentement, très. Je n'ai pas compté mais ils ont dû perdre, exprès bien sûr, c'est de l'art, baby, un bon gros quart d'heure de leur concert à s'accorder. Et le voilà bien, le nœud de l'affaire. Les gens se font dessus quand leurs idoles leur témoigne un mépris arty en s'accordant plus laborieusement que vingt bassistes de punk à la suite. En effet, le plus manchot des bassistes de punk sait s'accorder en dix secondes. Et ce public parisien de mes deux persiste à trouver grandiose ce genre d'imposteur intello-mondain, déguisant son incompétence sous la morgue du tartuffe archétypal... Qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Moi, ça me donne envie de tuer, quand on se moque de moi. Il y en a qui en jouissent.

Si le monde était bien fait, l'intervention de politique étrangère du neuneu aurait donné envie à la moitié de la salle de voter Le Pen rien que pour l'emmerder. « Tabernacle ! En France, c'est donc pire qu'en 2002 ! »

On arrive à la haine anti-américaine de base. Imaginez Indochine, en concert à San Francisco, se mettant soudain à se moquer de dEUS parce qu'ils sont belges. Vous avez une idée du discours de l'homoncule préposé aux relations publiques de Silver Mount Giant, pédant comme pas deux, se trouvant très satisfait d'être lui-même, content d'être canadien, et pas américain. Berk ! Caca, le Ricain ! Les Américains sont méchants, stupides, et font un excellent sujet de connivence quand on vient jouer devant des Parigots. Ce qui n'est pas de la démagogie, mais non, c'est de la « conscience politique », qu'allez-vous chercher. Il précise qu'il n'est pas dans un groupe américain, « qui ne perdrait pas son temps à s'accorder », car ce n'est apparemment pas important pour un groupe américain de s'accorder — argument le plus stupide que j'aie jamais entendu. Pas américain, non, Silver Truc : « We are a Canadian band », conclut-il sous... ce qui ressemble à s'y méprendre à des applaudissements. Pavlov, toi, qu'aurais-tu dit ?

Finissons, ça s'éternise. Mon entorse me lance, et mon pieu crie sa mère pour que je m'y love.

Pue la mort, donc, ce concert. Cet événement social particulier, cette osmose douteuse. C'est ça que j'essaye de dénouer. Ce malaise qui m'a étreint hier soir. Cette impression d'avoir subi, deux heures durant, les gesticulations de gens « bien » jouant devant d'autres gens « bien ». De l'art policé de bourgeois désœuvrés, qui n'ont, et ce n'est pas un scoop, rien à dire, mais beaucoup à pondre. Ça pond, et ça ne sait pas pourquoi. On parle des « fous de Silver Mount Zion », car on ne connaît rien de la folie. C'est du même niveau d'analyse que d'annoncer « qu'on a tous un grain. » Mon cul, le grain ! Et puis la folie en musique, mais elle est très loin ! J'ai rarement vu concert aussi faux, aussi factice dans la folie justement. Non, rien à dire. Le néant absolu. Emballé dans l'élitisme le plus gerbal. Si folie il y a, c'en est la version maniaco-dépressive crachée par litres à la télévision. Neurasthénie et hystérie...

Pour vraiment conclure, et éviter de développer ce qui m'assaille à l'instant (qu'un concert comme celui-là vaut à peine plus qu'un roman de Marie Darrieussecq), cette anecdote qui m'a littéralement achevé :

Le programme de la Maroquinerie daté d'avril traînait sur le magnifique bar en bois du Cabaret sauvage, hier soir. Je l'ai regardé, et ce que j'y ai vu est exemplaire du consensus inquiétant qui entoure ces fumistes de Canadiens. Des concerts sont prévus à la Maroquinerie tout le mois, et, parcourant chaque ligne correspondant à une date, j'arrive à la ligne du 17 avril, où je lis ceci, à la place du nom d'un artiste éventuel : « Nous sommes au Cabaret sauvage... » Sous-entendu : quand Zion Ta Race joue à Paris, nous, comme les autres, on se prosterne, on ferme notre boui-boui et on fait allégeance. Il y a tant de conformisme, de sectarisme, de bigoterie dans cette attitude que j'en ai presque envie de boycotter cette salle pourtant agréable (mais j'irai quand même voir Battles, authentique groupe de musiciens, géniaux autant qu'humbles, le 26 mai). Ainsi, je n'avais pas tort, le concert du Silver Mount Zion était bien une messe.

Qu'on souffre que je ne rejoigne jamais cette détestable Église. Pas plus celle-ci qu'une autre.

Le slogan du jour est bien Punk is dead.

PS : ce type a sauvé ma journée. Je cautionne chacun de ses mots (y compris son conseil avisé de ne point jeter aux oubliettes le magnifique Slow Riot for New Zero Kanada de Godspeed ; et l'ironie sur les changements et rallongements de nom perpétuels du Zion, qui n'a vraisemblablement plus que ça comme trop-plein pour évacuer sa bouillonnante « créativité ». Crevez, charognes !).

Nikita Calvus-Mons le 19/04/07 à 03 h 29 dans Musical-traître
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Commentaires

Wow!

Moi qui vous lis depuis quelques semaines, et apprécie votre sainte colère, voilà bien la première fois que je me sens presque visé par un vos billets! Ce missile-là m'est pas passé bien loin du scalp... En fait, c'est surtout parce que j'eus la mauvaise idée, sur mon blog, de mettre dernièrement une vidéo live d'un morceau de A Silver Mt Zion. Je dois bien avouer, sans vouloir m'en défendre, que c'est le désoeuvrement et le manque d'inspiration qui ont surtout guidé ce geste, ainsi sans doute que le fait que j'avais réécouter la version studio du morceau quelques minutes auparavant... Bon, j'ignorais, n'étant ni parisien, ni spécialement à la pointe de tous les buzz du monde musical, ni intéressé de près ou de loin par les étiquettes "hype", que ces gugusses avaient désormais une telle aura dans le petit monde intello-arty. A vrai dire, je ne suis plus aucune des formations de GYBE depuis 2002 (et apparemment, je fais bien!), mais je dois le reconnaître : lorsque j' avais vu GYBE en concert début 2002, j'avais été sincèrement conquis, et effectivement, par moments, en transe. Ceci étant dit, je n'ai jamais vraiment supporté leur côté chevelu débraillé 'achement engagé et leur hermétisme de brocante à rallonge. Mais j'ai bien cru une seconde, avant votre salutaire PS, que vous étiez prêt à jeter le bébé GYBE avec l'eau de la soupe ASMZ, Set fire to flames et j'en passe! Pour moi, les premiers essais de GYBE et ASMZ étaient transformés (jusqu'en 2001, disons, date de Born into trouble...). Qu'ils ne soient désormais plus que la caricature d'eux-mêmes, vénérés par une bande de djeunz en mal de valeurs musicales post-ceci expérimentalo-underground, je le crois volontiers, mais ce n'est pas tellement le problème, surtout quand on ne paie pas sa place, hein? ;) . D'ailleurs, juste par curiosité, quel était le prix du billet, que j'évalue un peu l'inflation faite sur leur nom? Lorsque j'avais été voir GYBE en live, ça m'avait coûté 13 euros, pas plus. Je suis d'accord, néanmoins, pour dire que le morceau de ASMZ que j'ai mis sur mon site est plus efficace en version studio qu'en live, ce qui est toujours inquiétant pour un groupe quel qu'il soit.

TheNightWatch - 19.04.07 à 11:31 - # - Répondre -

Re: Wow!

Ah... le morceau que vous avez mis est symptomatique de ce que, musicalement, je trouve facile : les cordes justement (franchement, ça vous remue, ça ?). C'est sûr qu'avec le son du téléphone, c'est pas facile d'entrer en transe même sur du Konono no 1, mais voilà : ça répète, ça boucle, sans passion, sans réelle montée, ce qui est un comble car on voit bien que c'est tout ce qu'ils visent, la montée en transe. Et merde, une boucle, ça ne monte pas tout seul !

Mais bon. Celui-là, de morceau, est court, ramassé, il peut presque marcher pour moi, pris individuellement (encore que la voix, vraiment, je ne la supporte pas). Comme je le disais ce n'est pas tant la musique que la cérémonie qu'il y a autour qui me tue, cérémonie savamment organisée/empirée par les musiciens, malgré tout ce qu'ils peuvent prétendre en interview (j'en ai lues, après avoir écrit le texte hier : bof, le type ne s'est pas remis de la mort de son chat, voilà l'horizon de l'artiste ! Et il dit lui-même que sa musique, si elle est lente, c'est parce qu'il tâtonne pour trouver ses accords au piano... Branleur moderne quoi... Je n'ai rien trouvé de séduisant ni de politique dans ses propos).

Bref, c'est le concert entier qui m'a fait peur. Je ne sais pas, j'ai vu l'époque en face, pas belle, démissionnaire en quelque sorte. Ça m'a aussi rappelé, jusque dans la chevelure du pseudo-Jésus, un concert flippant dans une sorte d'Instants chavirés de Buenos Aires, où le foutage de gueule était manifeste... Il faudra que je raconte ça, un jour.

Sinon, oui, vous enfoncez le couteau dans la plaie, j'ai honte un peu de cracher sur un concert que je n'ai pas payé, mais très franchement, je sais bien que ça aurait été encore pire si j'avais payé (dans les 20 euros, je crois, pour répondre à votre question). Je me suis bridé, un peu. Et puis, en quelque sorte, mon amie A. m'avait dédouané d'avance avec son texte, et croyez-le si vous voulez, mais poli comme le petit enfant de bourgeois (bourgeoisie fin de race, mais enfin...) que je suis, j'avais même préparé le terrain avant avec elle. Je crois que si cette fille n'avait pas eu l'honnêteté rare que je lui reconnais, je ne me serais rien permis, j'aurais fait semblant d'avoir aimé. J'aurais même pu rivaliser de verve pour démontrer à toute une tablée que l'avenir de la société passait par Thee Silver Mount Zion etc. dont je n'aurais jamais écorché le nom à la manque.

60millions - 19.04.07 à 17:55 - # - Répondre -

amusant comme je suis d'accord sur pas mal de choses (le "rock indépendant sent la vieille chaussette" disait Dominique A. je crois que c'est pareil pour le post-rock) et en même temps surpris par ce recours à ce non argument qu'est la "prétention" ? il faut être prétentieux, ou ambittieux si tu veux essayer de pondre quelque chose qui n'appartienne qu'à toi. c'est ce que GSYBE essaie de faire. ils font partie de ces groupes qui évoluent dans un monde auto-référencé, où les disques se répondent entre eux et ignorent aboslument le reste de la production musicale. j'ai une tendresse pour ce genre de musiciens.  et vraiment GSYBE a créé en son temps quelque chose d'entièrement nouveau. à eux. ils ne sont pas "musicien" parceuq'ils ne jouent pas de "la" musique mais "leur" musique. et je n'étais pas là ce soir là mais je suis toujours un peu agacé par le  "oh ils sont si prétentieux" accolé à un groupe.  je crois que c'est sain. il est sain d'avoir une attitude distante et de s'accorder tout le temps qu'il faudra et de pondre des crescendo de 74 minutes si c'est là le genre de chose que l'on aime. et ou est la fuckin prétention ? c'est toujours marrant commeles groupes grandiloquents sont détestés et adulés en même temps. ca serait presque trop facile... vouloir repondre de la merde punkoide ou new waveuse est il plus sain ?
ce qui l'est moins c'est l'attitude des "fans" la "foi" à laquelle tu dois faire face dans ce genre de cercle musical fermé. c'est pour celui qui n'y croit pas difficile de voir le libre arbitre se faire la malle en direct live... et facile donc d'y voir une sorte d'adoration d'un dieu mort (tu emploie le mot mort), un culte nihiliste sans tout le coté sain qu'il peut y avoir dans le nihilisme en tant qu'énergie musicale. c'est là le fossé. slow riot est exactement un disque nihiliste formidable parcequ'il raisone de tant de choses absolument politiques, qu'il explose le monde autour de lui. les fans de silver mount zion jouent la célébration du souvenir de slow riot ce qui ne devrait bien sur jamais exister. pas plus que la reformation des sex pistols, ou la très prochaine tournée de Joy Division avec Ian Curtis en hologramme. à la différence que Silver Mount y croit encore... Bref je crois qu'il faut pardonner à un groupe de n'être que lui même, humain, et de se répéter et même de se planter. et que c'est sur le public, au demeurant composé probablement de dizaines d'amis et de connaissances de vues, qu'il faut se jetter. enfin tu soulève une dernière chose : l'épistemé ... SMZ t'a mis l'époque en pleine gueule. avec son lyrisme de chambre, incommunicable ce qui est un comble pour du lyrisme... une sorte de crash au ralenti de la chanson, des mots, du signe... un ennui à la fois métaphysique et bien bourgeois, post-moderne, qu'il faut au moins avoir une licence en quelque chose pour être capable d'apprécier. mais ca n'est pas qu'une musique figée, c'est aussi un besoin chez ceux qui l'écoutent. cette grandiloquence elle correpsond aussi à un besoin. besoin de se faire marteller "c'est beau" à coup de surin dans les oreilles. et pourquoi pas ? c'est ptet un peu lourdingue... c'est sûr...  et bien y'a pas de honte.  le petit bourgeois blanc revenu de tout découvre qu'il a envie  qu'on lui tire une larme. Et si au cours d'un long coït ou il se demande si il arrivera à jouir, on lui fait venir longtemps longtemps longtemps en une plainte interminable, son tire larme, moi je trouve ca bien. si vous ne jouissez pas essayez alors au moins de chialer. et si vous n'y arrivez pas, un ptit frisson vous sera ptet pris après 38 minutes de crescendo au violoncelle... bref SMZ c'est ptet bien mort mais ca peut encore servir. non ?

 


 

GGG - 19.04.07 à 22:26 - # - Répondre -

Re:

En tout cas ton texte peut grave servir car il dit tout ce que je n'ai pas dit mais que, quelque part, je pense quand même.

En plus subtil et tolérant, parce que moi j'ai écrit sous le coup de la colère. Sur le "lyrisme" je souscris à 100%. C'est le lyrisme d'époque. Du lyrisme toc. Mais je me poserai toujours la question du "est-ce que ça suffit ?". Et j'y réponds fissa : "non". Tu écris "Un besoin chez ceux qui l'écoutent" : OK, je suis bien d'accord, mais je me battrai pour que les besoins/envies s'élèvent parce que là, vraiment, j'ai mal de voir le niveau atteint.

Par prétention, j'entends justement le faux-ami de l'ambition. Pour moi ces deux termes n'ont rien à voir. Rien du tout. La prétention, c'est une sorte d'ambition sans talent, sans "propos", disons. Pour résumer, très très vite. Très très.

Gute Nacht.

60millions - 20.04.07 à 05:25 - # - Répondre -

J'aime assez la petite bande de Constellation (eux et Godspeed notamment), et justement, de façon générale leur musique ne brille pas par sa technicité. Ce ne sont pas de grands musiciens, quelques envolées de roulements et de crashes dans les montées certes, mais c'est le minimum syndical non? En plus ils sont nombreux sur scène mais leur orchestration ne casse pas trois pattes à un Mozart quand même. Idem concernant leur message politique simpliste, la guerre c'est moche et la paix c'est bien, oui, on a compris, merci le Canada. J'ajoute que sur scène je trouve pas ça terrible en fait, ce qui explique que je n'y sois pas retournée (après avoir déjà vu deux fois).
Alors quoi? Et bien ce que j'apprécie dans cette musique est cette ambiance qu'ils créent, les montées, le côté romantique, comme on peut appréciersimplement un bon vieux ACDC pour son efficacité.

En dehors de ça, effectivement, tel Godspeed en quatre page dans les Inrocks, ils ont été sacrés rois du post-rock, mais classification qui a bien plus avoir avec la reconnaissance sociale qu'avec la musique, et bien ça n'en fait pas des rois de la musique non.

Bien le bonsoir.

pimpeleu - 21.04.07 à 00:22 - # - Répondre -

(mes excuses, la fatigue aidant ça n'est pas clair et farci de fautes)

pimpeleu - 21.04.07 à 00:24 - # - Répondre -

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