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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Les aventures de Pierre Miolastang

« Putain, on va en bouffer, de la merde », murmure Pierre Miolastang en voyant s'afficher la page d'accueil de Yahoo! France, souillée par les tronches moisies de Tom Hanks et Audrey Tautou. Il se remémore le début de la soirée, coq-à-l'âne salvateur : les arabesques dessinées par la jambe gauche de Jennifer Charles, les petits pas de danse, discrets, d'Oren Bloedow (et son non moins discret « Chut ! » adressé aux fâcheux qui n'arrêtaient pas de discuter sur sa gauche), l'osmose de ce duo d'amoureux un peu perdu sur la scène très théâtre subventionné du Café de la Danse... Le concert d'Elysian Fields s'est avéré, cependant, un peu décevant. Pas besoin d'être grand clerc pour savoir d'où viennent ces lascars : élégance fauchée, jazz velvetien, froideur de la mise en scène...

Pierre Miolastang, pourtant, convient en son for intérieur de la sincérité indiscutable émanant du concert d'Elysian Fields. Il a déploré cette batterie décorative, délaissée, traitée par-dessus la jambe ; la relative froideur de la chanteuse, qu'il espérait davantage transcendée par l'érotisme du rock... Néanmoins, il a vu un très bon concert, et c'est le troisième en quelques jours, après ceux de High Tone et de dEUS, dans des genres très divers, est-il besoin de le préciser ? non, pense Miolastang, sans omettre, pourtant, de le préciser avec le didactisme qui sied au cuistre péremptoire qu'il ne manque que rarement d'être.

Demain Miolastang prend l'avion pour le Mexique. D'où son pseudonyme. Les décontracturants seront ses meilleurs amis, ainsi que la vodka (confectionner un bloody mary correct dans un avion est une tâche ardue : il est impératif, avant le voyage, d'acquérir une petite bouteille de Tabasco et une de ces petites et ridicules outres en plastique jaune, remplies d'un jus de citron non homologué par la répression des fraudes ; c'est le minimum pour se bourrer la gueule sans souffrir). Si Miolastang écrit encore à cette heure indue, c'est qu'il a enfin compris, à trente-deux ans révolus, que la meilleure manière de gérer le décalage horaire c'est encore de l'anticiper. Il vit donc déjà à l'heure de Guadalajara. Une courte nuit blanche devrait ainsi lui permettre d'en écraser méchamment dans l'aéroplane.

Nikita Calvus-Mons le 04/05/06 à 03 h 14 dans Musical-traître
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