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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Les dîners n'ont pas de souci à se faire

Titré étrangement Hussards noirs de la République, un percutant commentaire (tout en bas) de ce cher Kalinka Poncife, très long (mais point longuet, je l'avoue, et vibrant d'un style nouveau, semble-t-il) m'oblige à répéter pour la quatrième fois de la saison l'éternelle vérité de ce lieu : (presque) rien n'y est compte-rendu de mon intimité.

On ne risque rien, et surtout pas que je le raconte, à m'inviter dans un dîner (c'est moi qui risque de m'y emmerder). Quand j'évoque « les dîners », il ne faut y voir que figure de style, métonymie pas franchement originale désignant la bonne vieille vie quotidienne chère aux situs et bradée par les nouveaux bourgeois. (En ce qui concerne les anciens, souffrez qu'on n'y prête aucune attention depuis un bail. Nos amis bourgeois de gauche sont plus inquiétants à nos yeux.)

Adoncques je ne raconte pas mes dîners, et je n'évoquais avant-hier aucun dîner particulier et récent. Je suis presque certain de ne jamais le faire, pour deux raisons importantes : d'abord, ce blog est lu par mes amis, je le sais et j'en tiens compte (il est aussi lu par des gens que je n'ose qualifier d'ennemis, mais qui n'en sont pas si éloignés : j'en tiens compte aussi et ils le savent). Kalinka, tu te trompes sur plusieurs points concernant l'hypothétique « blogosphère » qu'en sociologue tu tends à considérer comme un tout relativement homogène ou aisément réductible à quelques statistiques et équations : elle est, si elle existe même, très hétérogène, et ne contient pas que des « journaux intimes avec plus ou moins de talent ». Il n'y a pas de dogme de l'intimité : pour beaucoup, et j'en suis, un blog est simplement un moyen confortable et rapide de faire un site web et d'y travailler l'écrit, avec plus ou moins de sérieux, et, ce qui est amusant, en le testant en direct, ou, pour parler comme un journaliste sportif, en léger différé. Je n'ai jamais prétendu écrire pour moi, je laisse ça aux graphomanes et c'est sans doute une noble occupation, cathartique et masturbatoire comme il faut. Mais je ne fais pas ça. Je n'ai jamais tenu aucun journal intime.

Mais alors ? Eh oui : il y a également des tas de mensonges et licences littéraires, ici. Ainsi, récemment un ami cher (et lecteur de ce blog, bordel, lui aussi) m'a déclaré dans une cuisine blafarde : « Je me suis fait du souci pour toi récemment, avec cette histoire de pute chopée sur le boulevard extérieur et baisée sans capote... Franchement ! » Je n'ai pas pu rire car c'était touchant, mais j'ai dû sauvagement briser le mythe : c'était, ce post, encore une fois, une invention. Il y en aura d'autres.

Sophisme blogosphérique :

Ce que je lis est un blog
Un blog est un étalement d'intimité (et de vérité)
Donc ce que je lis est intime (et vrai)

Où est l'erreur ? Je te laisse chercher.

Amicalement,

Doner-Kebab

Nikita Doner-Kebab le 16/12/06 à 17 h 30 dans Social-traître
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Commentaires

Très cher,

Ainsi qu'annoncé explicitement dans le texte :
"Je veux dire par là qu'une bonne partie de la "blogosphère" peut se comprendre comme un gigantesque livre intime/public".
"Le blog a donc un public, et dans l'hétérogénéité de ses pratiques, se trouve défini en partie (je vous vois venir, et non, il ne se réduit pas à cela) au travers de la tension générée par le conflit entre l'anonymat intime et l'anonymat public."
Il n'y a donc pas une fois de plus, à insinuer que le sociologue que je suis ne tient pas compte de l'infinité des particularismes dans lesquels vous autres humanoïdes avez l'outrageante et curieuse fatuité de vous complaire. Moi-même, dans certains moments de relâchement...
D'autre part, il me semblait bien pourtant que ce texte avait pour origine un dîner. Il me semblait que le point de départ de cette fiction était bien réel. Il me semble aussi que j'ai mentionné, ainsi qu'indiquer à la fin de mon texte, que le blog se situe à mi-distance du réel et de la fiction ; bref qu'il s'agit de fiction. Mais là ou on entend fiction comme lieu d'expression imaginaire, j'entends pour ma part fraction de réalité romancée : subjectivité autobiographique. Le point d'ancrage dans le réel est à ce titre en toute logique indicernable dans le fatras fictionnel ; et pourtant il existe.
Enfin, il ne me semble pas qu'on puisse à proprement parler de blog autobiographique en ce qui te concerne, bien que çà et là, s'y greffe des historiettes indéniablement tirées de ta réalité. Nous avons eu l'occasion de croiser les fers dans ton repère, je n'y reviendrai pas. Et c'est bien ici que je ne suis pas d'accord avec toi : si l'ensemble de tes écrits ne fait pas partie de l'entité "blog d'intimité public", le "courant" qui semble largement représenté sur la Toile passe par toi - contrairement au sida, que toutes les putes albanaises trimballent par ailleurs avec elles, parole de sociologue-, de manière disséminée/éclatée, et certes de façon marginale et complexe.
Ne pas écarter le fait que la blogosphère soit un lieu hétérogène, c'est faire preuve de bon sens, tout simplement. Ignorer que cette hétérogénéité puisse laisser prise à la compréhension, même si cette dernière ne peut embrasser la multiplicité infinitésimale des activités blogoïdes, c'est faire preuve d'un certain aveuglement.

Ce que Je lit est un blog
Un blog peut-être l'occasion d'un étalement d'intimité (fraction de réalité)
Je -lecteur- est amené à lire des blogs dans le but de travailler sa propre intimité (illusion de Vérité)
Ce que Je lit d'un blog est intime puisqu'il le concerne dans cette communauté informelle (Réalité collective)
Donc ce que Je lit est vrai en ce sens qu'il le lie à cette communauté, et que cette communauté prend le prétexte de l'autobiographie romancée -ou non- pour se matérialiser.

Bien à toi, incrédule individualiste,
signé "social-conformiste".

kalinka poncife - 16.12.06 à 18:30 - # - Répondre -

Re:

Il n'y a donc pas une fois de plus, à insinuer que le sociologue que je suis ne tient pas compte de l'infinité des particularismes dans lesquels vous autres humanoïdes avez l'outrageante et curieuse fatuité de vous complaire. Moi-même, dans certains moments de relâchement...

Je n'insinue pas, je constate, et même si je m'exprime pas très clairement, il est indubitable que tu as tendance à tout mettre en équations (comment dire autrement ?). Je me dis naïvement que c'est ton côté étudiant en sciences humaines, en effet... Ai-je si tort que cela ?

Maintenant saurais-tu définir ce « une bonne partie [de la blogosphère] » que tu évoques ? Je ne le pense pas. Pas plus que moi. Tu as agité le chiffon rouge, mon ami, avec ton « gigantesque livre intime/public » qui pour moi est une ânerie...

60millions - 16.12.06 à 19:00 - # - Répondre -

Re: Re:

Note pour plus tard : l'étalement d'intimité n'est pas intime.

60millions - 16.12.06 à 19:24 - # - Répondre -

Re: Re:

Mais comment, comment peux tu croire que ce que nous faisons n'est pas intimement immergé dans un bain social, collectif. Je suis tout autant, d'ailleurs, immergé dans ce bain, et la preuve est bien dans le fait que je m'incline à orienter mes réflexions dans le sens de ce que fait de moi mon travail. Tout comme il te serait bien difficile de connaître ce qui motive, dans le fond, une personne que tu envisages fade au motif qu'elle serait quasi "normopathe", il est parfois impossible de quantifier un phénomène, tel celui de la blogosphère. Mais à l'investigation (très partielle et nécssairement partiale), il ressort l'impression qu'une quantité non négligeable de blogs sont autobiographiques, et qu'une autre partie, relativement conséquente, est par moment, par fragment, ou de façon entremêlée, autobiographique (dont le tien, mon gaillard !). Ceci ne fait pas le tour de l'activité à recenser (est-elle d'ailleurs recensable ?). Ce qui ne m'empêche pas par ailleurs de donner un avis, qui se dégage d'une intuition, et qui tente de formuler une hypothèse. Là est tout l'art de l'essai, et l'essai, en matière de sociologie, existe.
"Grand livre ouvert" est une métaphore qui est un peu foireuse, je l'admets. C'est pourtant bien de l'écrit, et pour beaucoup l'anonymat qui y règne permet l'existence d'une intimité : le secret se fonde alors sur le fait que me confiant, personne ne me connait. Intime/public me paraît être une notion importante, qui a sûrement à voir avec le fameux quart d'heure de gloire dont aurait droit tout un chacun. Il s'agit là de mettre en avant le fait que l'intimité publique a des conséquences sur ce que j'écris. Le fait est que le style autobiographique des complaintes de la vie de bureau, ou de la vie amoureuse ont encore de beaux jours devant elles. Je ne condamne pas, tu remarqueras, j'essaie juste de comprendre ce qui fait sens pour une partie d'entre nous. Le sens n'est pas équation, que je sache. Et je pense que ce sens peut avoir un intérêt, tout comme de comprendre nos motivations personnelles : oserais-tu me dire que tu n'essaies pas de comprendre comment tu agies, où comment tu agiras, à titre individuel ? Pourquoi alors rejeter le fait que cet agir puisse ce comprendre collectivement ? Penses-tu que le fait que, bon an, mal an, tu vives avec les autres, en même temps, ne tienne qu'à un contrat explicite entre des individus atomisés ?
Je n'attends pas que l'on mette cette question là en première ligne de toute interrogation, je souhaite juste qu'on s'en préoccupe, parmi d'autres choses. Si j'insiste souvent sur ce champ, c'est parce qu'on insiste à qui mieux mieux sur la dimension individuelle (ce qui est fort rassurant pour son chacun-soi, mais n'est pas neutre), et qu'on ne s'investit pas dans la question de notre positionnement social, ce que je trouve passionnant et pertinent pour ma part, et n'est en rien désincarnant... Et d'un point de vue individuel, non suffisant, bien entendu !!

kalinka poncife - 16.12.06 à 19:54 - # - Répondre -

Sans les fautes d'orthographe, mais c'est une autre odyssée...

kalinka poncife - 18.12.06 à 03:03 - # - Répondre -

Re:

"Sophisme blogosphérique :

Ce que je lis est un blog
Un blog est un étalement d'intimité (et de vérité)
Donc ce que je lis est intime (et vrai)"

Ah bein ça c'est y pas plutôt un'syllogisme hei ? (à dire avec l'accent picard !)

Bon, ça chauffe les dîners avec toi... Moi personne ne m'invite jamais... Il faut dire que j'adoreeeeeeeeeeeeee............. m'engueuler avec les gennnnnnnnns.

Anonyme - 19.12.06 à 13:00 - # - Répondre -

La bite blanche de Sevran

Un vrai bon truc que Sevran et sa bite. Vous allez adorer mes p'tits chéris: http://www.blogg.org/blog-50803-billet-500907.html

andy verol - 19.12.06 à 21:13 - # - Répondre -

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