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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Les torchons culturels s'en repaissent

Je crois que je ne vais pas tarder à l'admettre, puis à l'affirmer d'une voix de stentor bourru et arrogant. Mais pour le moment, j'en suis encore au stade post-adolescent du respect imbécile, qui dure longtemps, puisque j'atteindrai l'âge aucunement respectable de trente-cinq ans vendredi soir. Respect imbécile pour ce qui persiste à se présenter, surtout en France, comme un art digne de ce nom. Vous me direz : de toute façon, l'art... après Debord, hein ? Et je vous rirai au pif, car vous serez idiot.

Toujours est-il que le cinéma, sa puérilité, sa prétention, son inaptitude, son culte des stars et tout le système médiatique et commercial qui s'en nourrit comme une goule avide d'un corps en putréfaction, le cinéma m'ennuie. Mis à part Lars Von Trier, quelques autres Scandinaves, un film français tous les trois ans et un film crypto-hollywoodien tous les à peu près trois ans aussi, le cinéma, cet imbécile heureux en pose permanente, m'ennuie. Je le trouve nul, aussi présomptueux quand il adapte (réduit, concasse) l'immense Watchmen que quand il fait geindre Emmanuelle Devos dans des films bourgeois qui n'ont de la littérature (dont ils se gargarisent) que le vernis culturel, le décorum, le carton-pâte.

Je le trouve nul, mais je suis sans agressivité. J'ai juste atteint le stade de l'ennui, je n'y crois plus, j'ai trop souvent lâché dix euros pour rembourser l'aventure culturo-industrielle d'un enfant gâté analphabète. Je sais que je ne vais pas arrêter, c'est comme avec les disques, on cherche, fût-ce passivement, l'étincelle qui nous avait tant fait aimer Atame d'Almodovar, Accion Mutante ou bien les Wim Wenders d'avant les Ailes du désir. Alors, oui, on trouve parfois, Lars Von Trier et les Scandinaves, et quelques autres, mais au sein de tant de tâcherons débilement studieux que cela finit par devenir éreintant... Ces tâcherons, quand ils ne sont pas d'anciens critiques des Cahiers (option littéraire), sont d'anciens critiques de Première (option marketing-communication). Les cinéastes sont des critiques ratés, et lycée de Versailles. Jeu de mots (minable, certes) pas innocent, tant le cinéma pue Versailles. Et pourtant, Versailles-Rive-Gauche, Podalydès, tout ceci, c'est au-dessus, certes, ne me faites pas dire ce que je n'ai pas dit, j'ai beaucoup ri à Dieu seul me voit. C'est au-dessus. Mais au-dessus de quoi ? Du marigot ?

Tous ces gens qui vivent du cinéma, en parlent, le critiquent, le chroniquent, l'interviewent, s'en pignolent, me fatiguent. Aucun argument sensé, des magazines classiques qui friment aux blogs atypiques qui se la racontent. Avez-vous vraiment essayé, passé la surprise, de lire Kühe in Halbtrauer ? Le gars n'écrit que pour lui, et mal, et avec une haine farouche mais primaire, et un simplisme politique qui égare les sens (« de droite », « de gauche »). Bref, je n'en peux plus de ce septième art de mes deux, si décevant, au fond.

Vous l'aurez compris, l'adaptation de Watchmen, si elle n'est pas désagréable, m'a irrité et n'est, tout au plus, que le film de super-héros le plus intelligent de tous les films de super-héros. Piètre ambition, non ? La BD est un chef-d'œuvre, un vrai, un « roman graphique » qui pour une fois mérite amplement ce nom pompeux. Le film est nul, mais distrayant. Ce sera un pas trop mauvais film d'aéroplane.

Tiens, je crois que j'ai fini par sortir du stade du respect. Je méprise à présent le cinoche, cette industrie aux atours artistiques, partagés avec la publicité pour les yaourts.

Restent les Scandinaves, allez... Et les acteurs. Les pauvres...

Nikita Calvus-Mons le 10/03/09 à 19 h 37 dans Cinématographique-traître
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Commentaires

marrant comme je pense à peu près exactement la même chose et que je passe pourtant mon temps à matter des DVD (le cinéma j'y vais jamais)...  je crois que toute la question est de ne plus rien en attendre... mais de toujours espérer un peu ?

Anonyme - 10.03.09 à 19:54 - # - Répondre -

Oh putain, oui!


Dr Devo.

Anonyme - 10.03.09 à 20:58 - # - Répondre -

Re:

Tiens, Devo, un des seuls à écrire sur le cinoche avec quelque talent. Je croyais me fâcher avec toi, sur ce coup-là. Heureux de constater que non.

60millions - 11.03.09 à 02:56 - # - Répondre -

les acteurs c'est pareil, voire pire

Euh, les acteurs, excuses-moi, mais je ne comprends pas pourquoi tu les épargnes. D'ailleurs ton réalisateur fétiche Lars Von Trier (le mien aussi, soit dit en passant) ne peut pas les blairer. C'est pour ça qu'il les torture. ça leur fait les pieds, à ces branleurs starisés. Sinon, bon anniversaire à l'avance (vendredi je construirai des murs).

monierza - 10.03.09 à 21:59 - # - Répondre -

Re: les acteurs c'est pareil, voire pire

D'autant que le cinéma chiant (puisque c'est ça le problème) et chichiteux est construits autour des acteurs (on empile Devos sur Magimel sur Binoche sur ...). Le reste, on s'en fout. Et voilà le résultat ...

Anonyme - 11.03.09 à 01:27 - # - Répondre -

Re: les acteurs c'est pareil, voire pire

Ouais, alors là, je m'excuse mais non.
J'ai été extrêmement elliptique, certes.
Si je persiste à respecter les acteurs, c'est au nom du principe assez simple selon lequel ils demeurent les petites mains de ce système (sur le plan artistique, s'entend : on ne va pas commencer à plaindre le cuistot ou la maquilleuse, hein). Ce ne sont pas les acteurs qui gèrent les budgets. Et mon ire va vers les réalisateurs qui gèrent les budgets, c'est tout.
J'ai du respect voire de l'admiration pour des tas d'acteurs et actrices. Que ce bon Lars les méprise est affaire de pose médiatique : je suis sûr qu'il s'entend très bien avec les siens, et qu'il les respecte, d'ailleurs.
Non vraiment vous exagérez.

60millions - 11.03.09 à 02:54 - # - Répondre -

Re: les acteurs c'est pareil, voire pire

Moi je déteste des tas d'acteurs. Très peu sont bons à mes yeux. Lars Von Trier a trouvé quelques perles rares avec lesquelles il s'entend bien. Mais pour le reste, il s'est embrouillé avec un tas de connards. La plupart des acteurs sont formés dans les mêmes écoles qui les engoncent dans les mêmes codes insupportables et dans le même égocentrisme. Ce qui donne une façon de jouer qui en général m'insupporte.

monierza - 11.03.09 à 10:11 - # - Répondre -

 Putain, ça t'a pris du temps quand même. Pour une fois, t'as été plus patient que moi.

Arnaud H - 11.03.09 à 07:04 - # - Répondre -

Re:

Il faut dire que tu habites en Californie où la pression médiatique doit être supérieure de quelques mégabars...
En même temps vous n'avez pas les films de Danièle Thompson.

60millions - 11.03.09 à 17:05 - # - Répondre -

nique hole

c'est amusant parce que Lars Von Trier a selon moi totalement révélé Nicole Kidmann, l'archétype de diva péniblissime, qui s'avère dans ses mains quelque chose comme une grande actrice. Et qui parait-il l'a fait chier à mort (et inversement) et a d'ailleurs refusé de faire le dogville 2 qui du coup n'a jamais vu le jour... Je crois que j'aime les bons acteurs, aussi rares que les bons films. Et que par contre les modestes, comme souvent en art, sont pas à mieux considérer que les flambeurs. Bref Nicole et moi c'est du sérieux.

GGG - 11.03.09 à 10:42 - # - Répondre -

Re: nique hole

La suite de Dogville c'est Manderlay. Nicole Kidman y a été remplacée. Sa remplaçante brille moins mais ça n'enlève aucun intérêt au film. Comme quoi, les acteurs sont bien les petites mains du cinéma. Sur ce point je suis entièrement d'accord avec 60 millions. Parfois les petites mains ont des cachets mirobolants et ça contribue sans doute à faire de ce milieu, un milieu de merde.

monierza - 11.03.09 à 12:18 - # - Répondre -

Re: nique hole

OK OK Nicole Kidman m'insupporte aussi (dans Eyes Wide Shut notamment) mais enfin, il ne faut pas généraliser.
Gérard Lanvin par exemple.

60millions - 11.03.09 à 17:10 - # - Répondre -

Re: nique hole

Nique hole indeed, ce qui est tout de même l'intérêt principal de Eyes Wide Shut, par le truchement d'un marin en uniforme blanc.

Ce visuel est gravé dans ma mémoire.

vfwh - 12.03.09 à 11:10 - # - Répondre -

Re: nique hole

Ah ah ah, Gérard Lanvin c'est différent, bien évidemment !!!

monierza - 12.03.09 à 13:51 - # - Répondre -

Re: nique hole

oui je ne suis pas Gérard Lanvin (mais une de mes amoureuses au collège m'avait dit que j'étais, je cite, "plus beau que Lambert Wilson". Je me souviens plus si on s'était vraiment roulé des pelles). Monierza je crois quand même que le Lars voulait Nicole pour son Dogville 2/mandalay. et pour cause. Sinon j'ai revu l'armée des ombres, qui est peut-être un film à papa (bon c'est Melville tout de même) et je voulais juste dire que ce genre de chose me donne "foi en le cinéma". affreuse expression j'en conviens. Comme quoi.

GGG - 12.03.09 à 16:09 - # - Répondre -

Re: nique hole

SI je peux me permettre cet aparté personnel, j'ai toujours trouvé que A. ressemblait à N. K. Tu comprendras ce que je veux dire je pense.

Hahahahaha ! C'est imparable !

60millions - 11.03.09 à 17:11 - # - Répondre -

Re: nique hole

La mise en page est pas claire, ceci est une réponse à "GGG" (qui n'est pas Gérard Lanvin).

60millions - 11.03.09 à 17:13 - # - Répondre -

Les hommes qui veillent

A propos des Watchmen, que je n'ai pas encore vu, je souhaite pousser un cri.

La tagline des Watchmen la plus vue aux E.-U. est "Who's watching the Watchmen?". Ici, ça semble être "nous sommes les derniers gardiens de la société". Il faut tout applatir, gommer la moindre intention qui dépasserait le cadre de leurs cases dans leur plan marketing. Ras le bol des marketeux du cinéma, que tu as oubliés dans ta diatribe, qui ne comprennent rien à ce qui se passe.

On avait eu la même chose, en pire, avec "Three Kings", beau film réussi assez complexe (en tous cas davantage que rien) sur la guerre, dont le titre renvoyait aux Rois Mages, mettant le prétexte chrétien en perspective dans une action se passant en terre musulmane, bref, on pouvait y lire pas mal de choses selon l'humeur, mais il y avait là une intention.

Le titre français ? "Les rois du désert", renvoyant pour sa part à Jean-Paul Belmondo et aux gendarmes à Saint-Tropez. Ces connards (que j'ai eu une ou deux fois l'occaision de cotoyer in ze past) du marketing cinéma, en France tout particulièrement, sont insupportables de bêtise, ils sont tous sortis d'écoles de commerce minables (il n'en existe pas d'une autre nature à ma connaissance) et croient qu'avoir un ex-copain qui a vu 28 fois la guerre des étoiles fait d'eux des cinéphiles.

Le cinéma a déjà assez de mal à trouver sa voix, comme tu le soulignes (de manière exagérée selon moi, mais peu importe), en tant qu'art, pour qu'on ait pas besoin de ces merdeux pour réinterpréter les intentions des auteurs à travers leur filtre de cibles, de segments de marché et de genres. C'est à cause de ces crétins que le cinéma en France a tant de mal à transcender les genres, aller au-delà de l'évidence du genre, pour essayer de créer quelque chose, une étincelle, une fissure, un grincement, du bonheur, n'importe quoi.

Le cinéma d'auteur aujourd'hui est aux E.-U., pas ici.

vfwh - 12.03.09 à 11:37 - # - Répondre -

Re: Les hommes qui veillent

Sur le marketing des traductions de titres notamment j'ai eu l'occasion de gueuler in the past. Entièrement d'accord avec toi !

60millions - 12.03.09 à 15:14 - # - Répondre -

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