Page principale - Session - Contact

60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Pub à moquette

Comment naît l'antipathie ?

Entrer dans un pub déjà pas sympathique au premier abord — The Bedford Arms, recrutement sur sonnette, comme les pires clubs échangistes possibles —, débarquer dans un truc à moquette empesé truffé de mauvais regards, d'ondes frelatées, de paroles malheureuses...

Comme ces cons, tapant dans ce qu'ils imaginent être un rythme cohérent sur la table, cercle pathétique de joueurs de djembé virtuels, en fait largués parce que prétentieux — n'essaye pas le sextolet tant que tu ne maîtrises pas le bête 4/4, espèce d'abruti ! — et à qui l'adresse un peu violente « On n'entend plus la musique ! » fait bander l'égo poilu parce qu'il y a deux filles assises à leur côté : « De quoi, qui c'est qu'entend pas la musique ? »

C'est moi, gros con. Tu t'es tu, arrêté de taper sur la table, ce qui nous repose un instant, celui où nous choisissons de nous asseoir à tes côtés bien qu'on ne se sente pas particulièrement bienvenus vu la gueule de con éteint du barman quand on lui a laissé la thune.

Non, on ne se sent pas bien, dans ce pauvre pub péteux. À dix (10) euros la pinte, il est difficile de sentir autre chose que le bout d'un gland de tenancier de bistro à la porte récalcitrante mais pas autant qu'il faudrait de nos sphincters anaux par définition ouverts si tant est qu'on leur demande poliment la permission.

Poliment ? Je vous l'ai dit, les types sont odieux, dans ce rade. Les crétins frappeurs de table, qui usent, je le jure, de baguettes de batterie, pour leurs démonstrations d'incompétence, nous jettent des regards noirs sitôt nos culs posés à côté d'eux. Leur copine la plus bronzée nous lance des œillades pas dégueulasses. Eux, vexés depuis la saillie « Et la musique quand est-ce qu'on l'entend ? », n'attendent qu'une occasion qui ne viendra jamais pour entamer le combat.

David, car c'est bien lui, et moi entendons alors de deux oreilles distraites que « Le reggae est né à Londres » et à quoi bon relever, hein, après tout, monsieur Blaireau a envie de fourrer, il a le crâne rasé, il tape sur des bambous et ce n'est pas exactement numéro 1 mais si la pétasse qui nous fait face et le dévore des yeux a envie de croire à ses inepties d'inculte ingénu, c'est son problème.

Nous, on s'en va, en gardant trop présente à l'esprit cette désagréable impression de s'être fait enculer de quinze euros par une bande de voleurs arrogants. The Bedford Arms, à l'angle de la rue Princesse et de la rue Guisarde, Paris, VIe arrondissement, quartier sinistré, of course, sinon, qu'aurions-nous été échouer dans ce rade de fumeurs de cigares ?

Nikita Calvus-Mons le 09/04/06 à 07 h 30 dans Social-traître
Article précédent - Commenter - Article suivant -

Commentaires

En effet...

En effet, ça respire le bar à con :  "Au Bedford, on apprécie les personnes relax et bien élevées.
Munissez vous de votre plus beau sourire (une cravate est un atout supplémentaire), et dégustez la nuit de St Germain des Prés sous le regard vitreux des poissons empaillés qui ont vu défiler à portée de nageoire le Paris noctambule du spectacle et de la presse (d'Antoine Blondin à Serge Gainsbourg), et les personnalités du monde du Rugby international.

La demi-pinte: environ 35f"
.
http://reportages.rugby.free.fr/magazine/bedford.htm.

Alex(andre) - 15.04.06 à 20:34 - # - Répondre -

Commenter l'article