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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Will you shut the fuck up

Je traçais des lignes avec la carte bleue d'Angela pendant qu'elles discutaient de vinothérapie en dégustant leurs truffes — et qu'elles gloussaient. Moi j'avais arrêté les truffes depuis qu'un reportage consacré aux enfants obèses du New Jersey, deux ans auparavant, m'avait ouvert les yeux sur la vanité de l'espèce. Je veux dire, tant qu'à s'enfiler de la friandise à base de poudre, autant que c'en soit de la blanche, qu'on en finisse — le cacao très peu pour moi, en général. Mon intégrité cette année-là était pourtant soumise à rude épreuve, j'avais une envie pas possible de ces petites crottes douces et amères, qui m'eussent permis de m'évader de la discussion, manifestement inaccessible — il en ressortait que le massage vaginal au chardonnay déchirait sa race, et alors ? Rien à foutre des grappes sauvages, ni des techniques de vendange à icelles appliquables. Je me disais in petto que ce petit monde se reconnaissait, les Danois exilés dans le Bordelais, avec les Girondins eux-mêmes, les types du cru... Même passion pour le rock à guitare et le tabassage de starlette. Pas de très bon goût cette dernière remarque — me dis-je en sniffant un quart de gramme avec l'énergie du désespoir. Mais quand même : pin des Landes, pain aux quatre céréales, tout ça sentait bel et bien le sapin et j'étais loin (I felt a long way) des collines de San Salvador. La poudre s'agglutinait en haut de la cavité nasale, dans l'endroit dont — pourri en anatomie comme je suis — je ne connais pas le traître nom, et elle reformait spontanément des petits comprimés qui se dissolvaient à peine nés, les petits comprimés, dans mon nez. Comme c'est mignon un quart de gramme me dis-je, en proie à la stupeur vigoureuse des poudrés. Me retrouvant comme le dernier des connards à m'enfiler de la dope en fantasmant sur les seins d'Angela, la nouvelle amie de mon cousin, tachetés de rousseur que c'en était douloureusement bandant et d'ailleurs tiens mais que sens-je, n'est-ce point là une splendide gaule ? « Si Ellis te voyait, mec, il te collerait une seule petite claque minable, vu que tu ne mérites probablement pas qu'il te fasse l'insigne honneur de te trépaner à l'ancienne pour se branler dans ton cou. » Je me suis remis le billet de dix dans le nez, pour oublier d'être con.

Nikita Calvus-Mons le 03/01/07 à 04 h 32 dans Littéraire-traître
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Commentaires

Ashes to ashes

Well, we know Major Tom's a junkey et qu'il bande pour Angela.
Et oui, "les truites sauvages et les techniques d'apprivoisement qui LEUR sont applicables", j'en ai eu des sueurs froides cette nuit.
T'es drôle, j'ai ri (arrêter les truffes pour cause vanité de l'espèce me paraît une excellente idée).

gc - 03.01.07 à 10:12 - # - Répondre -

Que c'est bon et beau de sentir que tu te mets à rougir en écrivant ça.

di folco - 13.01.07 à 18:53 - # - Répondre -

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