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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Substance infectieuse affectant l'homme

Éphélide, son accent aigu sur l'initiale soit sanctifié, ne le sait pas encore mais il se trouve que dans les dîners mondains auxquels je me trouve convié de temps à autre, on fait l'éloge de son blog. J'ai envie d'y revenir car elle a écrit un texte sur l'AES qui, dans le milieu médical, n'a rien à voir avec l'administration économique et sociale

— t'en souvient-il, camarade ? Quand tu ne savais pas quoi faire de tes dix doigts après ton bachot, conformiste à peine sorti de l'adolescence, déjà soumis et courbatu, tu t'inscrivais alors dans l'un de ces DEUG aux noms barbares, rébarbatifs acronymes laissant autant de place au rêve poétique qu'une sélection de sportifs est-allemands ou une chanson de Benabar : AES, MASS, LEA... L'AES faisait des assistantes sociales (comment appelle-t-on l'homme assistante sociale ?), en MASS on formait des légions de statisticiens dont certains, paix à leur âme naïve, sont probablement devenus sociologues dans le privé. En LEA on faisait son marché, choisissant les expertes en langues les plus molles — ou, comme pour les avocats, s'en ramenant une un peu trop ferme à la maison dans l'espoir que le temps l'attendrirait...

Non, dans le milieu médical, l'AES est l'accident d'exposition au sang. Éphélide a donc écrit un texte là-dessus. Et m'est revenue en mémoire, à sa lecture, l'ambiance effrayante du service des maladies infectieuses et tropicales de la Pitié, alors que j'attendais ma consultation car en ce qui me concerne c'était au sexe (sale) que j'avais été exposé. Je me souviens de la poche en plastique contenant les trois premiers jours de traitement, qui avait suffi pour le week-end précédant la consultation, un lundi ensoleillé de mai. Puis de cette fiole en plastique blanc, sur laquelle était inscrit, comme si de rien n'était : INFECTIOUS SUBSTANCE AFFECTING HUMANS — HIV VIRUS. La mort en flacon... Le mois de trithérapie, les détours, pendant les soirées mondaines — déjà — pour prendre ces foutus comprimés à heure à peu près régulière, sans éveiller les soupçons... Les pleurs devant la possibilité du pire...

Expérience comparable chez Éphélide. Et pour pas mal d'entre vous peut-être ?

Nikita Calvus-Mons le 04/09/07 à 17 h 56 dans Scientifique-traître
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Commentaires

Lectrice assidue à défaut d'être régulière, j'avoue avoir rougi en découvrant mon nom en ces lieux, ouvrant un post et accompagné d'une gentillesse de surcroît, j'en bredouillerai presque.
Les souvenirs motivant le post m'ont par contre moins réjouie, j'en suis navrée à rebours, j'espérai (certes naïvement, ou plutôt egocentriquement) l'expérience des charmes d'un service de maladies infectieuses moins universelle...

Ephelide - 15.09.07 à 00:42 - # - Répondre -

Re:

À mon égocentrisme aussi, ça a fait du mal. C'est une expérience suffisamment "fondatrice" pour qu'on s'y accroche comme à quelque chose d'intime, croyant qu'on est seuls au monde. En fait, non, tout le monde passe par là (bon, pas complètement, mais quand même). Mais je suis en bonne compagnie, alors ça va !

Quelqu'un sait-il comment on fait les guillemets frenchy sur un foutu Mac ?

60millions - 15.09.07 à 01:22 - # - Répondre -

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