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60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

Frankie

Il y a un film que je ne conseille pas au fan gluant de Lysa Aëngel qui eut sévi dans un des forums de ce site, me reprochant d'éreinter l'image de cette fille qui « [le] rend dingue » (pauvre chou) et à laquelle on n'aurait pas le droit de toucher impunément, je cite de mémoire. (C'est ici.)

Ce film est joué et co-produit par une autre femelle mannequin (Diane Kruger), et réalisé à tous les postes par Fabienne Bertheaud et son assistante Maud Camille — c'est ainsi la première fois que je remarque le même nom au son, à l'image et aux costumes, et c'est un détail attachant, vu la qualité impressionnante du film.

C'est un film basse-fidélité, visuellement proche des films danois captés en vidéo, genre Festen, mais avec de la musique en plus, tout aussi lo-fi et poignante bien qu'honteusement surexposée ces temps-ci, je veux parler de CocoRosie. Le grain général du film est donc énorme mais superbe, les saturations maîtrisées comme celles de bonnes guitares, les limites techniques joliment apprivoisées.

Ça parle de tout ce que ne disait pas l'autre truffe ci-devant évoquée, pas l'envers du décor mais le décor lui-même, à cru ; le directeur de la maison Elite joue son rôle, un photographe allemand horrible de bêtise cruelle et mégalomane fait de même et le moins qu'on puisse dire est que ça ne le brosse pas un instant dans le sens du poil. Frankie morfle sous les coups des maquignons. Elle finit à l'hôpital psychiatrique, très mal en point, flirtant, pas pour la première fois, avec l'anorexie qui était pour elle une méthode de travail, une astuce pour perdre deux kilos afin de décrocher une pub en période de disette... La « vraie » maison de fous, quant à elle, dont on ne doute pas une seconde qu'elle existe réellement, est le théâtre de monologues délirants capturés avec brio. Cerveaux brillants tournant en boucles, ellipses géniales des dingues, solitudes effrayantes s'effleurant parfois dans de rares mais précieux instants de grâce.

Un foutu beau film, triste à crever.

Nikita Calvus-Mons le 09/03/06 à 14 h 57 dans Cinématographique-traître
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