Page principale - Session - Contact

60 millions de social-traîtres II

« Chaque homme sait, au fond de lui, qu'il n'est qu'un tas de merde sans intérêt. » (Valerie Solanas)

vendredi 25 septembre 2009

Moules innocentes

François Simon est capable de fulgurances. Ainsi, dans la critique d'un restaurant de Loire-Atlantique (44, préfecture Saint-Nazaire), il écrit ceci, qui prend aux tripes :

Le coin était gorgé de monde et pour cause, à marée basse, le rivage se découvrait à son maximum délivrant d’innocentes colonies de moules.

Bien sûr, toute lecture au (célèbre et pratique) second degré est prohibée.

L'article se conclut sur cette phrase non moins superbe, qui fait oublier le relatif boxon typographique qui l'environne :

Sommellerie dirigée par madame avec science et doute doctoral : elle ouvrit à la table un Puligny Montrachet légèrement bouchonné qu’elle remplaça dans l’instant avec cette douleur navrée qui n’appartient qu’au candide (et aux acteurs de théâtre).

François Simon est unique.


NB : la preuve, sa recette d'aujourd'hui : le poulet au moteur. La scène sur l'aire d'autoroute est géniale.

Nikita Calvus-Mons à 16 h 41 dans Gastro-traître - Lien permanent - 0 commentaires

jeudi 21 février 2008

Agroalimentaire, part 27

Les enfoirés. Dans ce paquet de madeleines, ils avaient le choix. Trois types de madeleine : la sucrée, avec ses pépites de sucre, comme qu'on met sur les chouquettes ; la truffée de raisins secs, type cake britannique ; la nature, insipide et trop ferme. Je préfère celle aux raisins. Je préfère de loin celle aux raisins. Et dans le paquet, l'enfoiré répondant au nom (réel ou fictif, je m'interroge) de Jean Le Ster a placé beaucoup trop de madeleines au sucre. Il fallait que ce fût dénoncé. Fils de sa race.

Nikita Calvus-Mons à 00 h 11 dans Gastro-traître - Lien permanent - 0 commentaires

samedi 09 février 2008

Soirée déguisée

« L'homme est un insecte en ce monde », fait dire à Bono Brett Easton Ellis dans American Psycho. Oui, bien sûr, mais quel insecte ? Une mouche ? Une abeille ? Un frelon ? Une bête à bon dieu ? Un gendarme ? Un asticot ?

Je pencherais évidemment davantage pour l'asticot (pendant que Cathal Coughlan, l'homme-toux, éructe dans mes baffles son pesant Blues for Ceausescu). Car ces temps-ci, l'asticot m'occupe (cette phrase ne contient pas, a priori, de contrepet). Alors, se déguiser en asticot, pour cette fête ?

Une larve : à peine, pas même un insecte. Dans le monde des insectes, existe-t-il des militants pro-life défendant l'idée de l'âme de l'asticot ? M'étonnerait...

C'est compliqué, le carnaval. Se déguiser ce n'est pas mon truc. Pourtant j'ai envie de faire un petit effort. Mais vu l'heure, qui avance...

L'asticot a-t-il un signe distinctif, comme la mouche a ses gros yeux, qui permettent à celui qui l'imite de la jouer symbolique avec une grosse paire de lunettes de soleil ? Bof : l'asticot est blanc, c'est un ver, il grossit vite, en se repaissant de chair avariée, morte, pourrissante, en décomposition (quel mot impressionnant). Bon, et après ? Il boit du pus, comme vous des cosmopolitains. Sauf qu'il n'ajoute pas de feuille de menthe pour décorer. L'asticot n'a d'ailleurs pas le sens de la décoration. Pas le sens de la fête non plus. Ce sous-insecte, ce lamentable Unterinsekt, ne se réjouit que des catastrophes : cf. Hiroshima.

Le costume d'asticot, pour cette fête, est probablement une impasse.

Nikita Calvus-Mons à 16 h 38 dans Gastro-traître - Lien permanent - 0 commentaires

vendredi 08 février 2008

Guy l'éclair (au chocolat)

Je vais lire très irrégulièrement certains blogs présents dans ma liste de liens. Cela me donne l'occasion de vraies surprises, et ce matin de fatigantes tâches administratives — le tribunal de commerce, il y a quelqu'un ici que ça fait bander ? — a très bien commencé, grâce à Ptipois.

Moi qui ai longtemps fantasmé l'écriture d'un Guide de l'éclair au chocolat, étant amoureux fou de ce gâteau sublime dont je m'enorgueillis d'être un véritable spécialiste (impitoyable, mais ayant su préserver la flamme originelle et jouir d'un éclair réussi — ce qui est rare, mais pas rarissime, ne plongeons pas dans la réaction pâtissière totale), je ne peux que trouver prodigieux ce texte de Ptipois. Oui, un petit prodige : un miracle de l'esprit, parfaitement troussé, sur un sujet apparemment léger : mazette, l'éclair au chocolat ! En fait l'éclair est ici prétexte à une mini-réflexion sur le culte de l'innovation (de l'esprit malin, pourrait-on dire) qui fleurit dans notre monde contemporain. Ptipois — son pseudo, pourtant ridicule, soit sanctifié ! — sait de quoi elle parle, les autres (excellents) textes de son blog le prouvent ; elle aime l'éclair au chocolat, pâtisserie classique, c'est-à-dire ayant « atteint son développement maximal et [y étant] resté ».

Je me demande si la touche — le soupçon — de menthe que j'ai un jour décelé dans la crème pâtissière au chocolat d'un éclair de la rue Saint-Dominique, circa 1992, aurait choqué Ptipois (que j'ai subitement envie d'appeler Josette, ou Margot). Ce trait de menthe était si léger qu'il relevait le goût du gâteau avec ce qu'on ne peut manquer de nommer du génie, mais, mais, mais, j'ai bien conscience qu'il s'agissait d'une petite hérésie, d'un de ces bells and whistles qu'elle évoque, d'une manifestation du culte de l'innovation. Pour une fois, néanmoins, réussie car justifiée.

Nikita Calvus-Mons à 10 h 43 dans Gastro-traître - Lien permanent - 2 commentaires

lundi 05 novembre 2007

Was Oswald a mag?

L'asticot commence à me hanter. Je savais bien que je n'aurais pas besoin de fouiller trop pour le débusquer : il s'impose maintenant à moi dans chacune de mes lectures. Je n'ai plus qu'à noter des références bibliographiques pour illustrer mon futur propos. Hier, son apparition fut d'une violence telle que j'en ai encore les larmes aux yeux — je précise que j'ai, aussi, un peu de crème cosmétique dans l'œil — pudeur masculine stupide, dites-vous ? en effet. Le « ver » ravageait par dizaines la face brûlée d'une petite fille, dans le deuxième volume de Gen d'Hiroshima, manga poignant. La petite fille était encore vivante. Mais l'asticot se repaît de chair morte, même sur un organisme vivant. C'est même la base de l'asticothérapie.

Bon appétit bien sûr.

Le premier qui comprendra d'où vient le titre de ce post gagnera quelque chose, je ne sais pas quoi, une sucette ou une suceuse automatique, peut-être ? Le concours est ouvert.

Nikita Calvus-Mons à 18 h 06 dans Gastro-traître - Lien permanent - 2 commentaires

samedi 23 décembre 2006

Le calvaire des volailles

Prolégomènes à toute tentative
de défense des droits de la volaille

Les canards valent bien une messe. Des raisons indépendantes de ma volonté ont tellement caviardé le texte que j'étais en train de pondre sur ton blog, Philippe, suite au visionnage du film sur le gavage cité hier, que je préfère en faire un article ici, parce que je sais que ça va être long. Et que ça ne dira rien, rien de neuf. Mais au nom des canards sauvages de la prairie des Philtres, évoluant gracieusement au-dessus des rives de la Garonne, qui m'ont fait rêver pendant une longue après-midi, voici un petit requiem.


Première partie : Le calvaire des dindes

Il y a un truc saisissant : voilà deux fois que j'observe la brand new miss France sur des plateaux de télé et à chaque fois je suis consterné par son air très peu spirituel, en tout cas la fille est réellement très mal à l'aise, et aussi séduisante qu'une oie de gavage. Je veux dire, elle ne semble pas beaucoup plus vulgaire qu'Aure Atika dans La Vérité si je mens, et comme girl next door elle passe pas mal, tant que tu ne l'entends pas t'expliquer que « par rapport aux études [qu'elle fait] » (et qu'on lui a évidemment conseillé de mettre en avant à chaque interview, pour enfin tordre le cou à la rumeur persistante comme quoi les Miss seraient des connes), elle se doit de « suivre l'actualité » (je ne sais plus à quel sujet elle répondait ça). Ce qui est une idiotie énorme ! Je rappelle qu'elle est en hypokhâgne. Et après on s'étonne que je n'ai jamais eu le moindre respect pour les étudiants en général... Hypokhâgne ! Quelle cruche ! Et on a vu des monceaux de miss France moins connes, et moinsY aura-t-il de la dinde à Noël ? étudiantes, évidemment.

Bon, le rapport avec les oies a l'air lointain mais pas du tout. C'était, cette première partie, une digression — et pas une disgression comme je l'ai lu deux fois en deux jours chez des gens sachant écrire mais ayant peut-être trop traîné dans les facs de lettres ou en hypokhâgne.

Je me coupe, car l'ineffable Geneviève de Fontenay vient de dire, en parlant du Téléthon (le vrai, pas le sien, qui s'écrit Télé-thons) : « Les petits myopathes ils aiment bien miss France, et puis ça vaut mieux de voir miss France que de voir un film de violence, un film amerloque ! » Ce dernier mot prononcé avec la grâce mutine d'une poissonnière de la rue Marcadet en pleine période : miam ! Souffrez, déplorable électrice d'Arlette Laguiller, que je préfère pourtant, pour la santé de mes synapses, le spectacle d'un excellent Miami Vice ou des Infiltrés de Scorsese — qui a encore mis Gimme Shelter dans un film, au fait, le saint homme.

Et les volailles, merde ! s'impatiente le lecteur à qui l'on a promis des choses. Eh oui mais c'est que le film sur le gavage m'a remué, et qu'il n'est pas question de faire de l'humour, ce soir, sur le sujet. C'est trop facile et je l'ai déjà fait. Alors j'ai tout expédié avant, dans une première partie fictive — je veux dire, j'ai tout lâché sur les Miss, ah, ah. Que d'esprit gaulois.


Deuxième partie : Le calvaire des canards

C'est vrai que ce film ôte toute envie de faire de l'humour, pendant quelque temps ; pendant quelques heures, pas plus, mais c'est déjà ça. C'est un film de propagande, comme le souligne Marc, mais pas aussi manipulateur que ça : certaines scènes n'ont pas besoin d'effets spéciaux pour faire presque chialer, notamment les deux scènes cruciales du début de la vie de ces bêtes (si le destin minable d'un poussin jeté vivant à la broyeuse ne vous émeut pas, c'est que vous êtes très intelligent, froidement intelligent, et que ça ne vous avance à rien — sûr que miss France est aussi révoltée que moi devant ce tri sauvage) et de la fin atroce, en laboratoire, des mâles qui ont échappé au tri, à cet eugénisme volailler : électrocutés pour les étourdir et égorgés quelques secondes après. La caméra filme au ralenti celui qui agonise alors — voilà la propagande stigmatisée par Marc, à raison — et l'effet obtenu est connu depuis la boue d'Armero, Colombie.

Ce qui me semble certain, c'est que les gens qui s'enthousiasment pour la cause ne sont probablement pas des amateurs de foie gras, ce qui leur rend le combat évident et facile, et à nous pas si évident une fois l'émotion, réelle, retombée ; car le cerveau humain moyen semble faire une distinction ontologique, une séparation essentielle, entre l'horreur réelle du gavage et la dégustation du foie gras.

L'humanité en marche

Entre la tranche de foie gras et le caneton gavé jusqu'à en crever, il existe la même différence qu'entre le carré de poisson pané et le colin originel, évoluant gaiement dans les eaux fraîches de l'océan : cette différence qui empêche notre cerveau, heureusement, de faire le lien. Le truc de chez Findus nous rappelle davantage la cantine de notre enfance que le représentant malheureux de l'espèce Pollachius virens qui lui a légué sa chair. Il n'y a aucun lien logique apparent entre un tournedos Rossini et un canard, même si on sait. Et on sait : ces images ne sont pas inédites, des reportages contre le gavage, il y en eut même de diffusés à la télé. C'est cette absence de lien logique qui nous permet de bouffer, sans trop culpabiliser.

L'humanité est suffisamment « bien organisée » (ne parlons pas des dommages collatéraux, ici) pour préserver sa majorité et condamner une minorité aux sales besognes de l'abattage. Est-ce que ce n'est pas ça, la civilisation, s'arranger avec la violence inhérente à la vie ? Je veux dire, regardez cinq minutes un documentaire animalier.

L'objection, je la sens venir. Le foie gras est une perversion, une cruauté particulière (eh oui : un raffinement, comme on le dit de la torture), on n'a pas besoin de manger du foie gras. C'est vrai. Mais on n'a pas besoin de manger de la viande, non plus. J'ai des amis végétariens bien portants. La Californie avance. A priori, je ne vois pas de raison de penser que les conditions d'abattage des vaches laitières réformées sont plus humaines (ceci est une pierre dans le jardin des adversaires sensés de l'anthropomorphisme, pour lesquels, dans ce débat, un canard ne souffre pas, ce qui me semble un peu court).

Il y a 95 % de chances pour que je mange, cette année encore, du foie gras dans les jours qui viennent (et si je n'en suis pas certain à 100 %, c'est seulement parce que je ne fêterai pas Noël à table, cette année). C'est ce que je me disais en même temps que je voyais ce film, qui me sidérait et m'émouvait, mais je savais bien que la raison l'emporterait. La raison, je dis bien, par opposition à l'émotion, à la passion.

Et merde, Di Folco, tu m'as vraiment pourri les papilles avec ton film ! Le confortable aveuglement devient difficile. Pourtant, je continue à faire marcher la filière, comme tout un tas de cons. Je ne suis pas le pire, mais ça ne consolera aucun caneton femelle sacrifié à la naissance, ni aucun canard égorgé en laboratoire après ce qu'on hésite à appeler une existence.

Je crois que je pourrais me passer de foie gras, bien sûr. Mais là n'est pas le débat... Sinon ce serait déjà une question réglée : tu montres le film à l'école pendant deux générations (une fois que l'Alsace et le Sud-Ouest ont fait sécession, s'entend) et les canards se mettent enfin à voler en paix et à connaître l'orgasme avec les femelles qu'on ne sacrifie soudain plus.

Pourquoi n'est-ce pas aussi simple ? Pourquoi suis-je persuadé que ce film n'empêchera pas grand monde de remanger du foie gras à la première occasion (qu'il ne prêche qu'à des convertis, en somme, comme souvent les actes de militance trop primaires) ? Pour moi est un peu fou celui qui ne profite pas du bœuf en Argentine, par exemple. Et l'idée du poisson de synthèse et des gélules nutritives m'effraie. Mais au fond, c'est peut-être le sens de l'Histoire. Dissocier plaisir et nourriture.

Bon, eh bien je suis fier de n'avoir rien apporté au débat, qui ne m'a pas attendu ! Je suis révolté devant le film, oui, mais je sais pourtant au moment même où je le regarde, à deux doigts de détourner les yeux du spectacle atroce de l'égorgement, que j'oublierai tous mes scrupules, que je n'en ai même jamais eu un seul, par la faculté étonnante de mon cerveau de me transformer en bestiole civilisée, découpant, cuisant et accommodant la viande pour oublier ce qu'elle est — payant même des gens pour ce faire.

Katerine a fait une belle chanson sur l'itinéraire d'un poulet de batterie. Drôle, cynique, pas dépourvue de cette compassion, j'en jurerais. Je crois qu'on s'est tous un jour ou l'autre visualisé la vie d'un de ces poulets qu'on trouve dans les supermarchés. Est-elle trop facile, la pirouette qui consiste à s'en laver les mains, parce que « ça a toujours été comme ça » ?

J'ai été ému par ce reportage qui joue efficacement sur la fibre anti-concentrationnaire, mais je ne me battrai pas. Et puis avec qui se bat-on ? Les défenseurs des animaux, on connaît... et cette analogie concentrationnaire, justement, pue un peu, non ?


Troisième partie : Conclusion

Et ce n'est pas un mensonge : j'ai été aussi mal à l'aise en regardant le film sur le gavage des canards qu'en assistant au martyre silencieux de miss France devant les questions des animateurs — dont : « Sachant qu'il faut cent vingt boules de neige pour faire trois bonhommes, combien de boules faut-il pour faire un bonhomme ? » et « Si je vous dis dinde de Noël, à qui pensez-vous ? »

Les preuves sont accablantes : le monde court à sa perte et nous sommes dans l'exact inverse d'un âge d'or.

Nikita Calvus-Mons à 01 h 23 dans Gastro-traître - Lien permanent - 8 commentaires

vendredi 22 décembre 2006

Team is Redrum

Par la malepeste ! Di Folco balance un pavé dans la mare et au pire moment. Mauvais français !

Mais, Philou : entre une boîte de six Chicken McNuggets sauce barbecue et un foie gras mi-cuit relevé d'un subtil tour de moulin (salut Clo), vers où ira ton choix ? Vers le poulet en batterie nourri à sa propre merde, ou vers le bon vieux canard gersois bourré de maïs ?

Comme dirait Marguerite : Concentrationnaire. Forcément concentrationnaire.

Nikita Calvus-Mons à 03 h 14 dans Gastro-traître - Lien permanent - 15 commentaires

vendredi 27 octobre 2006

dimanche 15 octobre 2006

Lirkuche lûremiche

J'ai dîné hier soir dans un resto à viandes où les serveuses, jeunes, parlaient le louchébem couramment. Locassekem, non ?

(Tagada est démasquée ; et sachez, jeunes gens, que mon téléphone ne marchera pas avant mercredi, faute de batterie, épuisée. Me joindre par courrier électronique est la solution à tous vos problèmes. Je suis à la campagne, dans un fief hollandiste, où « ils » ont installé l'ADSL. La vie moderne dans le Limousin.)

Nikita Calvus-Mons à 11 h 28 dans Gastro-traître - Lien permanent - 0 commentaires

mardi 18 juillet 2006

Über-glamour

Elle boit un cocktail étrange et un peu gerbal : bière-vermouth. Le barman, qui ne connaît pas, met du Martini blanc et de la Estrella, et ça lui convient plutôt. En général, c'est cette boisson qui arrose ses repas, plutot salés et relevés : en entrée, patatas ali-oli ; en dessert, invariablement, une boîte de Pringles. Pas de plat de résistance. Un défi à la diététique et à son bide barbouillé.

Au troisième bière-vermouth, dont on cherche tous les deux le nom en vain, je perds un peu le fil, j'ai envie de sucre. Elle parle de la fin du monde, je pense au baiser de Judas, elle me cite par cœur des passages de Maudit manège, je pense à la machine à écrire Olivetti qu'une autre qu'elle m'avait offerte, il y a dix ans.

Elle évoque Madrid, je repense à ce bar à vins de Lavapiés dont j'ai oublié le nom et paumé la carte de visite : on y buvait des rioja ronds et envoûtants en tapant dans des petites tartines de poulpe qui étaient offertes par la maison, comme dans aucun bar parisien. Ça débordait dans la rue, il n'y avait de toute façon qu'une table et puis c'était octobre, l'été indien en Espagne.

Comment s'appelait-il, ce petit rade ? Peut-être qu'elle sait, qu'elle voit, qu'elle me dira...

Mes mains sont ridiculement moites au cinquième bière-vermouth, dans lequel j'ai ajouté un trait d'absinthe pour le rendre encore plus dégueulasse, dégueulasse jusqu'à l'excès, parce que ça hésite encore, ça fait presque Picon-bière, c'est presque tolérable, sans absinthe. Avec, c'est infâme, réellement, et ça me libère. Au huitième, j'ajoute de l'amaretto en me disant que ça va annuler toute cette amertume. Ça n'annule rien d'autre que des neurones, qui se suicident en masse.

Elle me retient par le bras quand je bombarde le caniveau.

Jamais plus, bière-vermouth.

Nikita Calvus-Mons à 20 h 25 dans Gastro-traître - Lien permanent - 0 commentaires

La suite du blog